No 77 – série 2024-2025
Évangile du dimanche 24 novembre – LE CHRIST ROI DE L’UNIVERS
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)
En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Méditation – Appartenir à la vérité !
Jésus se retrouve devant Pilate à cause des grands prêtres qui veulent le faire mourir, mais n’en ont pas le pouvoir. Pilate, représentant de l’immense empire romain, ne voit en lui aucun motif de condamnation. Il va pourtant cautionner le souhait des grands prêtres par la mise à mort d’un innocent. Le pouvoir en place n’est-il que la marionnette des pressions qui s’exercent ?
La fête du Christ-Roi a été instituée par le Pape Pie XI en 1925 pour répondre à la montée du sécularisme et de l’athéisme. Le contexte de naissance de cette fête était-il habité par une nostalgie de puissance et de reconnaissance ? Ne sommes-nous pas parfois visités par la nostalgie d’un temps où l’Église était reconnue au sein de la société, où sa voix était déterminante au sein même des pouvoirs publics et des instances politiques ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes tentés de nous imposer ou d’imposer nos manières de voir et de vivre ? Il y a plus de 100 ans, lors de la construction d’une église, on avait trouvé important que la flèche soit plus haute que celle de la cathédrale anglicane située sur l’autre rive du fleuve.
Et voilà Jésus qui se dépose à la merci de nos vies parce qu’Il n’est que Don et Amour.
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. »[1]
Cet Amour du Christ brille au cœur de nos vies, au milieu de nos ténèbres, de nos compromissions, de nos reniements et de nos recherches de pouvoir. Sa voix, pour peu que nous l’entendions, nous désarme en nous conduisant à faire la vérité sur nous-mêmes. Le pouvoir de juger nous domine tant que nous ne permettons pas au Christ de nous conduire à faire la vérité sur nous-mêmes à la lumière du Don qu’Il fait de sa vie. Son regard nous désarme. Par sa voix, nous sommes conduits au dévoilement de notre cœur, mais plus encore, à accepter de nous laisser sauver par cet Amour en choisissant de « lâcher prise ». L’Église n’a pas été fondée sur Pierre, mais bien sur les larmes de Pierre !
La royauté du Christ n’est pas de ce monde. En donnant sa vie, Jésus nous révèle ce Dieu Pauvre, qui a besoin de notre « oui » pour que nous puissions nous laisser transformer. Il se montre vulnérable et fragile en se remettant entre nos mains. Il n’est pas celui qui s’impose. Sa voix ne nous condamne pas, même si elle est témoin de notre complicité avec le mal. Elle ne prend pas les armes à travers lesquelles nous tentons de la faire taire. Sa voix nous invite à faire la vérité. Elle démasque ainsi le pouvoir que nous nous donnons à travers le jugement qui condamne (soi-même ou les autres). Elle ne s’impose pas, elle ne vient pas pour condamner ou tuer… Elle est cette Présence qui continue de s’affirmer même au milieu de ce qui veut la mettre à mort. Son Amour et son pardon nous désarment.
« Dieu est fragile et désarmé, c’est à nous de le protéger contre nous-même.
Ce n’est pas nous qu’il faut sauver de Lui, mais Dieu qu’il faut sauver de nous. »[2]
Au milieu de nos désirs de toute-puissance, souvent camouflés derrière notre volonté de tout contrôler, de nous imposer, de refuser notre condition humaine et d’être à la remorque de nos attentes, Jésus continue de nous aimer jusqu’au bout. Cet Amour semble perdant devant tant de pouvoirs qui condamnent la vie, mais cet Amour est vainqueur du mal et de la mort ! Tous les pouvoirs se révèlent impuissants à diminuer l’Amour du Christ.
À notre tour d’être signes de son Amour au cœur de tout ce qui semble condamner la vie !
Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com
[1] Jean 1, 4-5
[2] Maurice Zundel, « Un autre regard sur l’homme », Le Sarment, Éditions du Jubilé, 2005, p.49
DROIT D’AUTEUR
La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.