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Le Christ, chirurgien de notre regard ! – Méditation du dimanche 2 mars 2025

No 161 – série 2024-2025

Évangile du dimanche 2 mars 8ème Dimanche du Temps Ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 39-45)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.
Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.
Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »

Méditation – Le Christ, chirurgien de notre regard !

Nous avons cette grâce de nous laisser former par le Christ, notre seul maître. La manière de voir de Jésus nous révèle son Regard sur nous : Il cherche à nous éviter de tomber dans le « trou ». Dans ce regard où les faiblesses des autres nous sautent aux yeux, il nous dévoile le danger d’être aveugle sur nous-même au point de nous attribuer la compétence d’« opérer » l’œil de l’autre. Nous sommes aussi durs pour les autres que nous sommes aveugles sur nous-mêmes.

Ce regard porté sur les autres, où nous nous croyons aptes à enlever la paille dans son œil, révèle que nous ne nous sommes pas laissés saisir par le Regard du Christ qui nous accueille avec le mystère de notre propre faiblesse. C’est en accueillant ce Regard de Jésus sur notre « poutre » que nous sommes formés par sa Miséricorde. Dans ce Regard qui nous rejoint au plus intime de notre vérité, là où nous faisons l’expérience de son Amour qui nous touche pour nous sauver dans l’aveu de notre faiblesse, nous sommes désarmés du jugement sur les autres et de notre prétention à pouvoir faire la chirurgie de l’ablation de la paille chez l’autre. Avec une poutre dans notre œil, c’est plutôt risquer de vouloir opérer l’autre !!!

Aveugle que nous sommes sur ce regard du Christ qui nous sauve, nous ne faisons que nous précipiter dans le trou, y entraînant l’autre parce que nous nous situons en personne qui connaît le chemin et en nous prétendant ainsi guide de l’autre. C’est un chemin de perdition pour nous et pour l’autre. En décentrant notre regard de l’autre, Il nous invite à cette démarche intérieure de reconnaître la poutre présente en nous. Il ne le fait pas pour que l’on se morfonde dans la culpabilité. Il le fait pour nous conduire au lieu où sa Miséricorde veut nous rejoindre. Lui seul connaît le chemin, dont la profondeur tient au fait que nous nous laissons accueillir et toucher par son Amour. Sa Parole appelle la lucidité sur nous-même comme terreau de sa grâce.

Myope de la poutre que nous refusons de reconnaître en notre vie, nous demeurons hermétiques à son Regard et restons aveugles sur le Mystère de cet Amour qui vient nous sauver.

Lorsque nos yeux s’ouvrent sur le mystère de cet Amour qui nous sauve au cœur même de la conscience de notre pauvreté, nous ne percevons plus les faiblesses de l’autre comme l’enjeu du chemin et nous perdons notre prétention à vouloir les guider. Si la vue des limites de l’autre demeure toujours, nous les percevons dans la compréhension qui naît de la vérité sur nous-mêmes. Plus encore, nous savons que, pour l’autre comme pour nous, c’est dans le mystère de ces limites réelles que le Regard du Christ vient nous former par sa Miséricorde. Portant ainsi un regard sur l’autre à partir de la conscience que nous avons d’être nous-mêmes l’objet d’un Regard qui nous sauve, l’expérience de ce Regard nous saisit pour nous délivrer de la hantise des faiblesses des autres en centrant notre regard, comme un zoom, sur ce Regard qui nous sauve. Nous devenons bon voyant, non pas d’abord parce que nous voyons mieux notre poutre, même si nous en avons conscience… mais parce que nous voyons sa Miséricorde nous accueillir et nous sauver avec cette poutre qui est la nôtre.

Ce regard que nous posons sur l’autre à partir de l’expérience du Regard du Christ sur nous, nous donne de devenir signe du vrai chemin parce que nous suivons le Christ et non pas notre propre sagesse qui s’appuie sur la fausse perspicacité que nous pourrions nous donner pour changer les autres et les guider. Dans la pseudo-autorité que nous pouvons conférer à notre regard sur les autres, nous exprimons que nous sommes nous-mêmes dans un trou, aveugle sur nous-mêmes, où nous faisons tomber les autres à qui nous demandons de nous suivre, sous l’apparente perspicacité de nos conseils de « chirurgien » aveugle.

Le Regard du Christ ne craint ni la poutre, ni la paille qui peuvent si facilement hypnotiser notre regard. Sa Parole vient justement nous libérer de cette distorsion du regard prisonnier de nous-même par notre aveuglement où prend racine notre prétention à sauver les autres. Notre faiblesse est le lieu où Il veut nous rejoindre : c’est sur ce fond d’obscurité qu’Il veut faire étinceler sa miséricorde. C’est sur ce rayonnement qu’Il veut dessiller nos yeux.

Dans notre aveuglement, nous ne pouvons produire que des fruits mauvais, dont la saveur aigre tient au fait que nous sommes ignorant de la miséricorde dont nous sommes nous-mêmes graciés par le Regard du Christ qui nous sauve.

Le baromètre indicateur de l’horizon de notre regard est précisément notre parole. Si elle se fait expressive des faiblesses des autres, elle traduit que nous ne nous vivons pas sous le Regard du Christ… si elle se fait accueillante, elle devient expressive de cette conscience que nous avons d’être sauvé par le Regard du Christ, même avec cette conscience de la poutre qui est en notre vie. Alors, la vie est sauvée sur ce chemin où le seul guide est le Christ.

La clairvoyance sur notre poutre, perçue dans la Lumière de son Amour qui nous sauve, nous rend transparent de cette route où les pardonnés que nous sommes deviennent contagieux du salut que le Christ vient réaliser. Alors, les faiblesses des autres deviennent le simple rappel de notre propre condition de pécheur, invités que nous sommes tous à vivre sous son Regard. Chargés de sa Lumière, notre vie devient de plus en plus un espace d’accueil de l’autre où il peut faire l’expérience du regard qui sauve à travers nous.

Façonné par sa Miséricorde, nous sommes délivrés de notre prétention à « opérer » les autres. Nos yeux s’ouvrent, émerveillés, sur cet Amour qui nous cherche pour nous sauver, et « une fois bien formé, chacun sera comme son maître »[1] : miséricordieux.

Dans la chaleur de ce regard, nous apprenons à marcher ensemble, guidés par la Lumière de sa Miséricorde. « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. »[2] La poutre que nous ne voulions pas voir en nous, devient, par sa miséricorde, la pierre d’angle d’une vie nouvelle.

Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com


[1] Luc 6, 40

[2] Mt 21, 42




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