Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.
Évangile du Dimanche 17 septembre – 24e dimanche du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois » Mt 18, 21-35
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Méditation
Dans l’Évangile de ce dimanche, la parabole racontée par Jésus fait ressortir plusieurs points éclairants quant au pardon. Le premier nous est fourni par la rencontre même de ce roi avec son serviteur. Si nous considérons cette rencontre comme celle de Dieu avec nous en son Fils, nous saisissons comment cette Parole qu’est le Fils éclaire jusqu’à la moindre dette que nous avons. Et cette dette, de par sa somme inimaginablement énorme pour l’époque, « soixante millions de pièces d’argent », nous laisse croire que, face à Dieu, nous lui devons une dette impossible à payer ou, mieux, nous lui devons tout.
Le chemin du pardon demande, ainsi, de saisir que toute notre vie se vit continuellement dans la gratuité du don de Dieu à notre égard et dans son Amour infini. À chaque instant du jour, notre dette grandit, car tout nous vient de Dieu. Vraiment, sommes-nous conscients de l’immensité des dons reçus de Dieu et que l’être humain est, dès sa naissance, un être en dettes, dettes d’autant plus marquantes que nous ne reconnaissons pas, le plus souvent, ni les dons ni le Donateur et, pire encore, nous allons contre les dons qu’Il nous faits. Si nous pouvions seulement un instant accepter de Dieu la lumière sur notre dette afin que nous puissions redécouvrir notre lien filial à Dieu, joyeux et plein de cette richesse offerte, peut-être le pardon pour notre prochain serait plus facile. Mais le récit de cette parabole nous montre que cet homme à qui sa dette a été montrée et remise n’a en rien saisi l’Amour du roi et ne s’est laissé toucher par Lui. Ce qui montre avec grande tristesse la dureté de nos cœurs.
La conscience de cette dureté se renforce quand l’homme, en plus de ne pas saisir comment son comportement blesse Dieu, ne veut pas prendre conscience que ses péchés transfèrent aussi sa dette sur « sa femme, ses enfants et tous ses biens ». Si nous étions conscients que le mal que nous commettons coule comme un poison en ceux qui nous sont les plus proches. Que chaque péché est une façon de « vendre » les personnes qui nous sont proches, c’est-à-dire que nous nous en servons pour payer le prix de notre mal, que nous les utilisons à notre profit, que nous les lapidons pour notre convoitise… Oui, si nous prenions conscience qu’à chaque péché non seulement nous nous éloignons de Dieu mais nous nous éloignons des gens que nous aimons en les livrant, sans protection, au mal.
Cette dureté s’exprime aussi par l’incompréhension que notre dette envers Dieu n’a aucune mesure avec celle que porte notre prochain envers nous : « soixante millions de pièces d’argent » versus « cent pièces d’argent ». Malgré cette différence vertigineuse et que Dieu nous remet, malgré tout, l’immensité de notre dette, nous n’arrivons pas plus à pardonner à notre prochain. Pire encore, nous le prenons un peu plus à la gorge, encore une fois en blessant Dieu davantage et en entraînant avec nous ceux que l’on aime dans le gouffre de notre mal, les obligeant à payer un prix qui ne leur appartient pas.
Mais cette personne que nous sommes appelés à pardonner, si nous ne le faisons pas, nous signifions que nous ne reconnaissons pas l’Amour infini par lequel Dieu nous sauve. Nous nous refusons intérieurement à cet Amour du Fils qui, sur la Croix, a accompli la totale confession de nos péchés et, ce faisant, a augmenté notre dette envers Dieu, parce qu’Il a tout laissé de Lui par Amour pour effacer notre dette. Nous ne saisissons pas de quel Amour nous sommes aimés et de quel Amour notre prochain est aimé, un Amour qui fait de celui-ci non un ennemi ou un débiteur à notre endroit mais un frère ou une sœur bien-aimé.e. Comment pouvons-nous ne pas voir, ne pas prendre conscience de cet Amour et ne pas l’accueillir afin de ne plus vivre en dette mais dans la gratitude et la louange d’être les porteurs du Bien suprême : Dieu ?
Notre cœur est-il devenu si dur que Dieu n’a d’autre choix que de nous livrer « aux bourreaux jusqu’à ce que (nous ayons) remboursé tout ce qu’il devait ». En d’autres mots, à nous livrer à la justice de ce monde avec sa violence pour que, peut-être, notre cœur touche l’absurdité de sa conduite, celle de préférer son paiement vengeur de la dette des autres à son égard, avec son poids insignifiant, en lieu et place du pardon éternel et infini de Dieu pour nous, qui est le partage de Lui-même. Il est fou de constater que nous laissons notre existence s’écouler sans abandonner l’insignifiance de nos justices pour l’infini de l’Amour. Prions Dieu qu’Il nous donne un cœur de chair afin d’être disposés à vivre chaque jour dans cet amour qui nous pardonne « jusqu’à 70 fois sept fois ». Sortons de l’étouffement de nos péchés et de leur haine !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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