Méditation quotidienne du dimanche 17 décembre : “Je suis la voix de celui qui crie dans le désert” (No 105 – série 2023-2024)

Image par Ronald Sandino de Pixabay

Évangile du Dimanche 17 décembre – 3e dimanche de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » Jn 1, 6-8.19-28

Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.

Méditation

Jean l’évangéliste nous offre un éclairage formidable sur Jean Baptiste en parlant de lui dans son prologue. Dans ce prologue, nous nous en souvenons, il est dit : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu » (Jn 1, 1). La réalité ici décrite est celle du Fils vivant avec le Père et l’Esprit depuis « le commencement ». Ce « commencement » nous rappelle que le Père engendre le Fils depuis toute éternité, ce que maître Eckhart, entre autres, décrira comme une naissance éternelle.

Puis Jean affirme que c’est par ce Verbe que le Père dans l’Esprit va créer (« Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut » Jn 1, 3) et qu’il va communiquer la vie (« Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » 1, 4).

C’est tout de suite après la présentation de ce mystère caché en Dieu depuis les siècles qu’il est question de Jean et où nous est rapporté : « Il y eut un homme envoyé par Dieu; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière… ». Jean Baptiste est donc situé, dans ce prologue, entre la naissance éternelle du Fils et sa naissance en ce monde : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. (…) Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 11.14).

Ce texte décrit un mystère qui arrivera bien simplement à la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth : « Et il advint, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint » (Lc 1, 41). Cette scène dévoile et voile un mystère fou. En Marie, le Fils de Dieu engendré de toute éternité au ciel est en train de prendre forme humaine, comme tout bébé humain, dans le sein de Marie. Le Fils, qui vit en Dieu, qui participe de l’infini de Dieu et qui est l’origine de tout l’univers, prend doucement chair en Marie. Il consent que son être universel se fasse particulier, que son être infini entre dans la limite,… que le Divin se fasse humain.

Pendant ce temps de la Visitation, Jean Baptiste, par cette rencontre avec Marie enceinte de Jésus, touche à l’infini de Dieu, car, nous dit le texte de Luc, « l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint ». Là, dès le sein maternel, Jean Baptiste est mis en communion avec le Fils de Dieu. Il a été uni à Celui qui est la Parole, le Verbe infini du Père. Pour l’exprimer dans les mots du texte d’aujourd’hui, Jean a touché à la Parole au cœur du désert de sa chair.

Jean a donc connu, dans sa vie cachée dans le sein d’Élisabeth, la vie cachée du Fils dans le Père. Il a tressailli de cette Vie et en a été marqué à jamais. Dès le sein de sa mère, Dieu l’a préparé à sa mission, et cette préparation était une œuvre trinitaire. Toute l’existence de Jean sera cette confession de cette réalité de la naissance du Fils en ce monde, comme expression de sa naissance éternelle en Dieu, mais dans tout l’impensable que cette naissance signifiait, c’est-à-dire de l’écart incommensurable entre ce qu’il a touché de Dieu en sa propre chair, à savoir l’infini de Dieu, et la pauvreté de sa chair si limitée, si pauvre, d’autant plus pauvre qu’elle est marquée par le péché. Entre Infini et limites, il ne peut alors que déclarer qu’il n’est pas le Fils de Dieu, tout en ne pouvant nier qu’Il l’habite, mais qu’il est plus précisément « la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur ». Il est « sa voix ». Il est celui qui, durant toute la vie cachée de Jésus en ce monde, du ventre maternelle à son baptême, aura à annoncer qu’« au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ». À partir du baptême, il aura à se retirer ou, dira-t-il “à diminuer”.

Ne devons-nous pas aujourd’hui, à l’exemple de Jean Baptiste, prêter notre « voix » à la Parole qu’est le Fils pour qu’il annonce par nous le mystère trinitaire caché depuis des siècles mais révélé lors de son incarnation à un degré jamais imaginé. Oui, dans le désert de nos êtres loin de Dieu et dans le désert de ce monde, rappeler l’inouï de ce Fils qui se tient « au milieu » de notre être et « au milieu de nous ».

Tout notre être n’est-il pas appelé à crier la naissance éternelle du Fils dans l’expression de notre chair, comme le geste d’Amour le plus fou. Jamais nous ne devons cesser de laisser surgir cette Parole en nous pour qu’elle nous donne de sortir de la mort pour entrer dans la Vie.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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