Évangile du dimanche 12 mai – Ascension (tiré de AELF)
« Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » Mc 16, 15-20
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Méditation
Nous fêtons aujourd’hui la fête de l’Ascension, qui vient du latin « ascendere » qui signifie « monter ». Mais ce mot n’existe pas dans le textes biblique. C’est un autre verbe qui est plutôt utilisé dans l’Évangile d’aujourd’hui et je le trouve plus significatif : « Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel ». Le verbe « monter » peut laisser croire que Jésus est monté seul. On pourrait dire par son propre pouvoir. Mais le mot « enlever » et « enlever au ciel » laisse croire à un véritable rapt paternel : le Père qui, sur la Croix l’avait abandonné, le ramène à Lui, en Lui. C’est une extraordinaire et inimaginable attraction d’Amour qui le saisit. Un réel ENLÈVEMENT d’Amour du Fils par un Père qui l’aime d’un Amour infini.
Il me semble que l’enlèvement donne une vision plus juste de l’expérience mystique, trop souvent marquée par le concept d’une montée, spécialement chez Saint Jean de la Croix. Car, de fait, les mystiques ne parlent-ils pas de rapt amoureux, de ravissement (vient du latin rapere qui signifie « enlever avec soi ou enlever de force »), ou d’extase (qui signifie littéralement « être en dehors de soi-même »).
Dans la vie mystique, nous ne montons pas, avec le danger de croire que c’est de nos propres forces que nous montons, mais, comme le Christ à l’Ascension, nous sommes « enlevés au ciel », en Dieu, par une pure gratuité d’Amour. C’est le Père qui, d’Amour, attire tous ses fils et ses filles en Lui, car Il ne peut supporter que nous soyons loin de Lui. Il nous veut unis à Lui. Toute la vie chrétienne ne peut donc qu’être une disponibilité, un abandon entier, à cet enlèvement.
Mais ceci dit cet enlèvement qui est aussi un ravissement signifie aussi que nous sommes « enlevés de force », non pas avec violence mais avec un Amour si entier que tout ce qui peut encore nous attacher à la terre devient insignifiant, même notre péché. Tant de conversions dans l’histoire chrétienne témoignent que des pécheurs ont été, littéralement, enlevés au ciel; pensons à saint François d’Assise, à Charles de Foucauld ou à saint Paul.
Alors imaginons nos apôtres, nous dit le texte, qui « s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient ». Leur mission ou toute mission chrétienne n’est-elle pas alors une mission d’enlèvement où le Fils, par avec et en nous, parle, travaille et confirme par des signes, nous faisant participer à la grâce de son propre enlèvement. Par, avec et en nous, Il nous attire toutes et tous dans le sein du Père où Celui-ci nous attend.
Cette expérience est d’abord celle des apôtres qui doivent apprendre à vivre en « enlèvement », si bien que s’ils marchent sur la terre, leurs pas, tout autant, parcourt le ciel. Leur être appartient ou habite non seulement la terre mais, plus encore, le ciel. N’est-ce pas ce que signifie ces paroles de Jésus ? « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon, je vous l’aurais dit ; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez. Et du lieu où je vais, vous savez le chemin » (Jn 14, 2-4).
Au cœur de notre quotidien, si nous sommes unis au Fils, nous connaissons le chemin vers le Père et, à chaque instant du jour, nous sommes « enlevés vers Lui » en pure gratuité d’Amour. Si bien que Dieu nous contemple sur la terre comme au ciel. Il nous voit aux deux endroits ou dans ces deux états d’être, parce que sa gloire nous tient en Lui, en ce lieu qu’Il a choisi pour nous. En cette demeure unique que nous sommes en Lui.
Laissons-nous donc enlever ! Et ne cherchons plus à monter
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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