No 112 – série 2024-2025
Évangile du dimanche 12 janvier – Le Baptême du Seigneur
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit » (Lc 3, 15-16.21-22)
En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Méditation – Et le ciel de s’ouvrir sur notre nom !
Le baptême d’eau parle de ce chemin qui dépend de nous et auquel nous pouvons nous refuser.
Il est fait de ces interpellations qui, à la manière de Jean-Baptiste, ponctuent notre route et nous font prendre conscience de notre besoin de conversion. Il faut bien du courage pour reconnaître qu’il nous faut changer. Cet aveu est déterminant. Le désert en est souvent l’incubateur.
C’est un autre grand pas que d’accepter de s’en ouvrir à un autre, sans savoir si, dans ce plongeon de vérité, laissant tomber notre armure, nous serons reçus ou rejetés. Nous craignons l’eau froide déjà expérimentée !
En celui qui se sait le simple instrument d’un Autre dont la Grâce est plus forte, un espace d’accueil est présent. Il se sait lui-même habité par une parole qui ne vient pas de lui et qui l’a précédé. Pour Jean-Baptiste, cette parole s’est réalisée malgré le doute de son père. La longue stérilité de ses parents où s’était greffée aussi le « trop tard » de l’âge avancé n’ont pas eu le dernier mot. La naissance de Jean-Baptiste est expressive de l’accomplissement de la Parole… « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis »[1]. Cette parole, dont il est devenu la voix, est la source de sa naissance et de son être. Elle annonce la venue d’un plus fort qui vient nous sauver.
C’est une parole tranchante, qui ne pactise pas avec le mal, qui décape pour dévoiler « de quel bois on se chauffe » ! Aux limites des mots, s’ajoute le silence lorsque la voix se tait… Cette fragilité porte l’interpellation qui veut nous sauver. Comme Hérode qui fera emprisonner Jean[2], il nous arrive de vouloir la faire taire.
Le baptême de l’Esprit parle du chemin que Dieu fait jusqu’à nous.
Et le ciel de s’ouvrir dans la prière du Christ, dont l’amour assume et porte à son achèvement notre humanité, notre histoire, notre passé et notre vie en nous révélant le Père. Il ne reprend pas la « recette » à zéro. Il plonge tout entier en acceptant de donner sa vie pour nous, tel que nous sommes.
Dans cette communion qu’Il vit avec le Père, l’Esprit-Saint et le feu ajouteront l’Œuvre du ciel à celle de la terre en nous donnant d’entrer dans le secret de ce Père dont l’Amour se manifeste en son Fils.
Dans cette solidarité indéfectible où le Christ plonge par Amour pour nous sauver, sa Parole traverse les barreaux des prisons qui cherchent à museler l’être-parole que nous sommes. Nous aimant jusqu’au bout, Il vivra ce baptême d’être plongé dans la mort. Ainsi, le Christ donne chair à cette Parole du Père sur chacune et chacun de nous : « Tu es ma fille bien-aimée, tu es mon fils bien-aimé. En toi, je trouve ma joie ! ».
Encore trempé de ce qui aurait pu nous noyer, nous voilà ruisselant de cet Amour qui nous engendre à notre être profond. C’est en Lui que l’eau et le feu ne s’opposent plus.
Dans l’écoute et l’accueil de son Amour, recevoir de Lui notre nom, celui de notre nouvelle naissance en Celui qui nous engendre par son Fils. Par Lui, avec Lui et en Lui, recevoir notre identité et notre liberté. Dans le Souffle de l’Esprit, Il fait surgir cet amour qui, de son Feu, embrase notre vie.
Signe de l’Alliance qui marque la fin du déluge, la Parole devient cette colombe qui, sans bruit, descend sur nous pour nous donner de renaître par les eaux du baptême par lesquelles est rendu visible l’Amour du Christ qui plonge en notre vie. Sur la route qu’Il nous ouvre, Il prononcera encore notre nom pour nous donner même de marcher sur les eaux, à travers ceux et celles qu’Il nous confie.
Et le ciel de s’ouvrir sur notre nom, dans cette joie du Père donnée en partage.
Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com
[1] Luc 3, 5
[2] Il s’agit du verset 19 omis dans le texte liturgique. « Hérode, qui était au pouvoir en Galilée, avait reçu des reproches de Jean au sujet d’Hérodiade, la femme de son frère, et au sujet de tous les méfaits qu’il avait commis. À tout cela il ajouta encore ceci : il fit enfermer Jean dans une prison. »
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