Méditation : J’irai moi-même (No 93 – série 2022-2023)

Évangile du Mardi 6 décembre 2022 – 2e semaine de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Dieu ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu » Mt 18, 12-14

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les 99 qui ne se sont pas égarées. Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »

Méditation

Nous voilà depuis quelques jours en marche vers Bethléem, mettant nos pas dans ceux de Marie et Joseph. Leur amour mutuel, leur attente doucement impatiente de la venue de l’Enfant-Dieu, leur foi pleine d’espérance dans la promesse du Dieu d’Israël s’offrent à nos regards. Chemin d’Avent, chemin de contemplation … de ce « Dieu [qui] s’est personnellement inséré dans notre humanité, nous donnant ainsi une nouvelle façon de tisser nos récits [histoires] »[1] En espagnol, l’expression du Pape François me semble beaucoup plus belle : « Dios se ha entretejido », littéralement « Dieu s’est entretissé » avec notre humanité. Avec Joseph et Marie, à leurs côtés sur les chemins poussiéreux de nos vies quotidiennes, on réapprend à s’émerveiller de la folie d’Amour du Dieu de l’Évangile. Dieu se tisse avec nos fils humains, Il prend chair de notre chair, comme Il l’a fait de façon unique et définitive dans le sein de Marie, dans l’Incarnation.

                Nous avons le temps de 4 semaines pour que le cœur d’enfant en nous ose une nouvelle fois s’émerveiller de ce don immense ! Et sur ce chemin de l’émerveillement, nous recevons ce matin le passage de la brebis égarée. Oh, la brebis égarée ? N’est-ce pas plutôt un Évangile de conversion pour le carême ? Premier étonnement ! Relis-le, et laisse-toi rejoindre par Celui qui désire aujourd’hui te dire cette Parole de miséricorde. N’a-t-elle rien avoir avec ta route de l’Avent ?

                « Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? » Et si par ces mots, Jésus venait Lui-même dévoiler le ‘pourquoi’ de toute sa vie ? Dévoiler la raison de sa venue au milieu de nous, la folie de l’amour de Noël qui s’en vient ?

                Dans ce passage qui secoue nos têtes logiques par cette provocation des chiffres : un homme, cent brebis, une brebis égarée, 99 autres. Quelle disproportion !  Quelle exagération que Jésus, en plus, soumet à la réflexion de ceux à qui Il s’adresse. « Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? » Cela semble si logique de répondre : Et bien, non !, il ne va quand même pas risquer d’abandonner 99 brebis pour en sauver juste une !! Deuxième étonnement …

Cette petite histoire de la brebis égarée n’est pas si « petite » que cela ! Elle nous raconte la « grande Histoire » de notre salut ! L’Incarnation, le Dieu qui a voulu « s’entretisser » avec l’humanité, c’est la folie d’amour du Berger qui quitte son ciel à la recherche de son « unique » brebis perdue : l’humanité.  « J’irai moi -même ! » Le prophète Ezéchiel (au chapitre 34 de son livre) le proclame : « Car ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées. […] Je les ferai paître dans un bon pâturage, et leurs prairies seront sur les hauteurs d’Israël. Là, mes brebis se reposeront dans de belles prairies, elles brouteront dans de gras pâturages, sur les monts d’Israël. C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, – oracle du Seigneur Dieu. La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit. »

Là où notre logique humaine dit « non, impossible ! », le cœur de Dieu, lui, dit « oui » avec toute la force de son amour ! Il vient, rien ne peut l’en empêcher. Une de mes sœurs missionnaires a, il y a très longtemps, composé cette chanson[2] « ¿Dónde estás ? Où es-tu ? » en écho à la prophétie d’Ezéchiel. Le Seigneur Lui-même nous la chante :

“Où es-tu? Ça fait tellement de temps que je te cherche …

Ça fait tellement de temps que tu me manques.

Comment vas-tu ? vivant uniquement pour toi-même, le cœur déchiré.

N’as-tu jamais pensé que, moi, je te cherche ?

N’as-tu jamais pensé que moi, si, j’ai besoin de toi ?

Où es-tu? Où es-tu? La nuit est tombée et il fait froid.

Où es-tu ? Tu te promènes seul, blessé, comment vas-tu ?

J’irai moi-même, même si tu ne me le demandes pas

Et que ça me coûte la vie ; je t’aime tellement.

J’irai moi-même pour soigner tes blessures,

Pour combler ta joie et t’apprendre à vivre.

J’irai moi-même pour briser tes chaînes,

Pour t’enlever toutes ces peurs. Je suis fou de toi.

J’irai moi-même, même si tu ne me le demandes pas

Et que ça me coûte la vie ; je suis fou d’amour pour toi.

J’irai moi-même, j’irai moi-même …

L’Amour inconditionnel ne cesse de multiplier son « J’irai moi-même » des milliers et des milliers de fois sur toute la surface de la planète. Chaque enfant, chaque femme, chaque homme est l’unique aux yeux du Père de Jésus. « Ce bon pasteur est venu rechercher la brebis égarée […] Il a retrouvé celle qui était égarée, il l’a chargée sur ces épaules qui ont porté le bois de la croix et, après l’avoir saisie, il l’a ramenée à la vie d’en haut. » écrit St Grégoire de Nazianze dans une homélie (Office des lectures Mardi I de l’Avent).

                « J’irai moi-même pour te ramener à la vie du ciel, à la vie dont ton cœur a soif … Continue ta marche avec Marie et Joseph, ne crains pas les pierres de la route ni la nuit qui tombe parfois si vite sur ton âme. Regarde-les. Contemple-les, écoute leurs dialogues amoureux et laisse-toi envahir par leur confiance sereine. Et puis, apprends à te laisser trouver, mon « unique » brebis. Moi, si, j’ai besoin de toi aujourd’hui. Tant d’autres attendent encore …»

Et si vous étiez Belges comme moi, je vous inviterais juste à vous souvenir de l’émerveillement de votre cœur d’enfant au matin du 6 décembre, lorsque vos yeux découvraient le passage du grand St Nicolas ! Il est venu ! Il nous a laissé une lettre ! L’Avent est là pour nous préparer à l’émerveillement de la Nuit de Noël. Nous sommes tous l’objet unique d’un tel Amour!

Laurence Vasseur, vasseurlaurence@hotmail.com


[1] Cf. Message du Pape François pour la 54e journée mondiale des communications sociales (2020), « Afin que tu puisses raconter à ton fils et au fils de ton fils » (Ex. 10, 2), la vie se fait histoire.

[2] https://www.youtube.com/watch?v=RqWmGjfu_Vo

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