Méditation : « La première en chemin » (No 78 – série 2022-2023)

Évangile du Lundi 21 novembre 2022 – Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Étendant la main vers ses disciples, il dit : “Voici ma mère et mes frères” » Mt 12, 46-50

En ce temps-là, comme Jésus parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler. » Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

Méditation

     Au premier abord, la question que pose Jésus à cet intermédiaire surprend, car il semble se détourner de ses proches au lieu de les accueillir. Jésus dévalorise-t-il Sa mère en disant que quiconque fait la volonté du Père lui est un frère, une sœur, une mère ? En réalité, Jésus, vrai homme et vrai Dieu, fils de Marie et fils du Père, saisit cette occasion pour révéler l’appel adressé à chacun d’entre nous d’entrer dans la « famille de Dieu », dans la filiation divine.  Il élargit à l’humanité entière le don que Dieu fit à Marie en lui proposant de faire la volonté du Père. Grâce au « oui » de Marie, notre prière peut trouver un chemin vers Dieu. Le Nom de Dieu a pris chair en son sein pour que l’homme puisse répondre à Son amour. Tout homme qui cherche Dieu, qui cherche à lui parler  (« Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler ») n’est plus étranger sur cette terre, mais peut entrer dans la « famille de Dieu » (Ep.2,19).   

    En effet, comment une prière chrétienne peut-elle parvenir à Dieu ? Dieu n’est pas un objet du monde que l’on pourrait rejoindre en partant du monde lui-même. Une prière ne peut monter vers Dieu à la manière d’une expédition lunaire après une préparation technique digne de la N.A.S.A. En effet, abandonné à lui-même, l’homme ne peut parcourir l’abîme qui le sépare de Dieu… même après un entraînement rigoureux. Ça serait comme prétendre atteindre la lune en sautant sur place ! On ne va à Dieu qu’en suivant le Chemin inauguré par Dieu lui-même… « Une prière chrétienne ne peut parvenir à Dieu que par la voie qu’Il a lui-même ouverte ; sans quoi elle tombe du monde dans le vide, et cède à la tentation de prendre ce vide pour Dieu, ou Dieu pour un néant »  écrivait le Cardinal Hans Urs von Balthasar, dans Triple couronne, un recueil de méditations sur le rosaire. C’est que Dieu est « l’infinie liberté, qui ne s’ouvre que d’elle-même. Il ne se borne pas à nous adresser sa Parole, Il la fait habiter parmi nous. » Or, comment Dieu a-t-il choisi d’habiter notre monde ? En S’incarnant dans le sein d’une femme. Honorer Marie consiste donc à reconnaître l’itinéraire voulu par Dieu lui-même… Cet itinéraire n’est pas le largage d’un colis extra-terrestre restant extérieur au monde où il serait parachuté. Dans son infinie liberté, Dieu établit —dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme— un pont solide dont Dieu tient les deux bouts.

    Il est possible d’honorer Marie en soulignant le lien qui unit la mère au nourrisson qu’elle allaite. C’est ce que fit une femme fendant la foule pour se réjouir de la bénédiction contenue dans la maternité : « Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui t’a porté ! heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! » (Lc 11, 27). Jésus est vrai homme, cette femme ne dit donc rien de faux.  Pourtant, comme tout homme, Jésus se détacha de la douce chaleur du sein maternel pour arpenter le vaste monde. Saint Joseph soutint les pas tremblants de Celui qui est le Chemin.

    Le Christ nous aide à découvrir la liberté de Dieu en posant une question : « Qui est ma mère ? » Qui est Marie, mère de Jésus ? L’intitulé (mère de Jésus) semble contenir la réponse… alors pourquoi s’interroger ? C’est que l’identité n’est pas un fait, une donnée constatable, mais une mise en route. On se souvient que Jésus a posé sa propre identité comme une question à travailler, comme un chemin de foi à emprunter : « Au dire des gens, qui suis-je ? » (Mt 16,13). De même, l’identité de Marie nous dit quelque chose du mystère du Christ. Car, l’humanité charnelle de Jésus est une porte d’entrée vers la contemplation d’un mystère plus grand. 

   Dans l’histoire de l’Église, de nombreux saints ont emprunté le chemin marial ouvert par Dieu pour rejoindre le Christ. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, écrivait : « Je ne crois pas qu’une personne puisse acquérir une union intime avec Notre Seigneur et une parfaite fidélité au Saint-Esprit sans une très grande union avec la Sainte Vierge et une grande dépendance de son amour ».

     Marie est celle « qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux » et nous fait découvrir  qu’en notre humanité la plus concrète, l’humanité charnelle de Jésus nous ouvre à Sa divinité. La maternité de Marie nous reçoit, nous façonne. C’est en elle que nous pouvons concevoir de l’Esprit Saint pour permettre au Christ intérieur de naître dans notre vie. Dès lors, nous accueillons notre prochain comme « un frère, une sœur, une mère ».

Vincent REIFFSTECK,  vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

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