Méditation : La Sagesse de Dieu se justifie par Ses œuvres (No 75)

Image par Theron Brayman de Pixabay

Évangile de l’Avent du Vendredi 10 décembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ils n’écoutent ni Jean ni le Fils de l’homme » Mt 11, 16-19

En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : « À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.” Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »

Méditation

 « A qui vais-je comparer cette génération ? » soupire Jésus, consterné par l’éternelle surdité du peuple qui a tôt fait de se construire un Dieu à sa mesure et qui s’est fermé à une parole authentiquement prophétique.

« Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.” ». Bien incarné dans Son époque et excellent observateur, en quelques mots, Jésus brosse le tableau de cette génération ; son portrait est saisissant, criant de vérité et d’actualité. Une foule d’enfants assis sur les places, exprimant chacun son propre caprice du moment et se plaignant que les autres ne soient pas sensibles à leurs demandes. Une humanité morcelée en individus et en collectivités qui communiquent à sens unique.

C’est incroyable comment cette description de Jésus, est un portrait tout craché de notre génération aujourd’hui ! Notre monde dit moderne, n’est-il pas semblable au leur ? Ne sommes-nous pas souvent, assis comme des gamins, sur les places de nos cités terrestres déchirées par nos guerres fratricides, accusant Dieu de ne pas satisfaire à nos demandes et à nos caprices ?

” Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.”

La Parole de Dieu révélée par les prophètes, par Jean-Baptiste et finalement incarnée en Jésus se heurte au mur de l’incrédulité, on les juge impitoyablement. Jean appelle le peuple à la conversion et par amour pour Dieu il choisit d’embrasser une vie d’ascèse, austère, faite de privation et de pauvreté. Eh bien on le traite de cinglé, car son comportement semble déraisonnable. Jésus choisit d’embrasser l’humanité dans ses moindres conditions et de partager le quotidien des pauvres alors on le traite de glouton et d’ivrogne, d’ami des pêcheurs et des publicains. Rien de nouveau sous le soleil, cet esprit de contradiction et de critique que décrit l’évangéliste Matthieu est hélas, aussi celui de notre époque. Ce n’est qu’une longue et triste histoire humaine de refus de Dieu, de Sa Parole, qui passe par le refus de celui(celle) qui ose porter cette Parole au monde. Toutes les excuses sont bonnes pour étiqueter l’autre, le blesser et le réduire surtout lorsqu’il transparait Dieu, car la Lumière qu’il rayonne dérange nos ténèbres.

« Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »

Dieu invite chacun(e) de nous à être prophète pour Sa nouvelle génération, juste à travers ce que nous sommes, dans la vie qui est la nôtre; de nous laisser faire par Lui pour que Sa Sagesse se justifie par les œuvres qu’Il fera en nous (traduction Chouraqui).

Jésus ne nous appelle pas à se conformer à une manière d’être qui n’est pas la nôtre, car c’est justement dans toute l’épaisseur de notre humanité, de nos fragilités, de nos blessures, de nos limites, de nos dons et de nos talents que la Sagesse de Dieu se reconnaitra. C’est tellement fou dira-t-on ! oui et là réside toute la folie Divine, de remettre à l’homme Son Royaume et Son Règne. Observons les prophètes et les Saints, ils n’ont pas été choisis car ils étaient des humains parfaits, les meilleurs ; Elie le prophète solitaire, Jérémie l’enfant qui ne savait pas parler, St Paul le tyran, Ste Thérèse de Lisieux l’extrême émotive…L’œuvre de Dieu a pu se justifier en eux parce qu’eux autres ont choisi de se déposséder, de se remettre dans tout leur être à Dieu pour être consumés par le feu de l’Amour. En tous ces humains « imparfaits », la Sagesse de Dieu a été reconnue à travers les œuvres qui ont fécondé leurs vies sanctifiées et glorifiées. Chacun( e) d’eux a transparu Dieu avec son visage et sa couleur unique, et à travers ses dons nous a conduit à la Source éternelle, par un sentier qui lui est propre.

Choisissons, comme St François, de servir le maitre et non le serviteur et résistons à devenir domestiques de l’opinion des autres. Nous risquerons peut-être de faire les frais de critiques cinglantes blessantes, de se faire étiquetés de prétentieux, ridicules, possédés, dérisoires…  Mais nous saurons au plus intime de nous-même que la Sagesse divine se reconnaitra à travers ce qu’Elle fera de notre vie : une Lumière à portée éternelle.

En ce temps de l’Avent, écoutons et accueillons la Parole comme Marie, osons dire Oui comme elle, et croyons que nous pouvons laisser naitre en nous le Fils de Dieu.

En ce temps d’attente et d’espérance, exultons et dansons de joie sur toutes les places, jouons de la flûte pour faire éclater la Joie de Dieu, qui vient faire Sa demeure en nous, qui vient justifier Sa sagesse en nous.

Jubilons de joie, de cette joie dépouillée, sans illusion, de cette joie en esprit de pauvreté qui se transmet dans notre aujourd’hui, à travers la lumière de notre vie, le rayonnement de notre visage, l’amour serviteur de notre cœur, le don de toute notre vie.

Gladys El Helou

DROIT D’AUTEUR

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