Méditation : “Le bruit d’une brise légère” (No 58)

Évangile du Mardi 23 novembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Il n’en restera pas pierre sur pierre » Lc 21, 5-11

En ce temps-là, comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »

Méditation

Cet évangile est dur à entendre, car, d’un côté, Jésus nous parle de “belles pierres et d’ex-voto” mais, de l’autre, de destruction, de guerres, de désordres, de cataclysmes… Cela est d’autant plus troublant que cette description ressemble à notre monde. Même à Jérusalem aujourd’hui, les conflits ne cessent de persister entre les trois grandes religions monothéistes. Et ne voyons-nous pas de faux prophètes qui abusent des gens en leur annonçant : “beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.”” Pour ajouter à ce panorama pas très réjouissant, Jésus semble annoncer qu’Il reviendra seulement quand il n’y aura plus d’issue. Alors quel avenir avons-nous ? … En réalité, le texte est plein d’espérance.

D’abord, les mots de Jésus sur Jérusalem, symbole par excellence du monde religieux, nous rappelle que cette religion de la division ne peut tenir. Qu’une certaine Église fondée uniquement sur “de belles pierres et des ex-voto” ne peut tenir. Et c’est une bonne nouvelle, car elle n’est pas celle du Christ. Cet écroulement annoncé se vit déjà et, de cet écroulement, surgit progressivement une Église du “verre d’eau tendu”, de “l’obole de la veuve”, de Zachée dans son sycomore, de Pierre qui pleure son reniement,… Une Église en conversion !

Cette nouvelle Église, il me semble, ne parle plus du paradis à la fin de nos jours mais d’un salut qui s’inscrit déjà dans le présent de nos vies. Nous ne sommes plus devant un message qui veut nous faire sauter par-dessus notre condition humaine, avec ses faiblesses et ses blessures, mais cette annonce forte du Christ qui est venu pour les malades, les souffrants et les pécheurs. Non pas parce que Jésus cherche la souffrance ou nous demande de la chercher mais, simplement, parce que la vie humaine est faite de tout cela et que sa foi, son amour et son espérance en nous se cueille avec force, là où les nôtres vacillent. Est-ce que ces vertus trouvent leur éclat dans les “belles pierres et les ex-voto” ou dans ce publicain agenouillé qui se tourne vers Dieu, cette maman qui, debout la nuit, prend soin de son enfant… de cet amour que nous avons les uns pour les autres.

Et ces cataclysmes ! Pendant que la science claironne encore son pouvoir et son orgueil à grande publicité nous annonçant son salut, la planète nous raconte plutôt la parabole de son désenchantement, de ses fractures et de ses épuisements. Aujourd’hui, la planète met en lumière notre folie et l’inintelligence de nos ambitions, et nous rappelle que si nous ne sommes pas fidèles dans les petites choses, nous courons à notre perte, non seulement de nos fausses grandeurs mais de l’essentiel.

Il nous est raconté dans ce texte des Rois (1 Ro 19) que Dieu ne se trouve ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, ni même dans une brise légère, mais dans “le bruit d’une brise légère” (1 Ro 19, 12).

Au coeur des parures des religions, des annonces des faux prophètes, de toutes les guerres et désordres que nous multiplions et des catastrophes qui bouleversent la terre, notre coeur doit apprendre à entendre et à écouter le “bruit” imperceptible du Divin. Ce bruit traverse les galaxies et porte jusqu’à nous et en nous ce murmure constant de l’Amour. Si les astrophysiciens mesurent le “bruit cosmique”, le chrétien et tout humain devrait se laisser mesurer et bouleverser par le “bruit divin”.

Ce murmure tranche tellement sur les vacarmes étourdissants de nos guerres extérieures et intérieures, car, à son contact, tout en nous se tait et subitement prie. Et dans le silence qui s’ouvre en nous, surgit la Vie ! Apparaît une Présence pleine d’un “bruit” d’Amour !

Apprenons tous les jours à écouter le “bruit d’une brise légère”. “Une Voix, un Silence subtil”, traduira Chouraqui.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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