Évangile du Vendredi 19 novembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« De la maison de Dieu, vous avez fait une caverne de bandits » Lc 19, 45-48
En ce temps-là, entré dans le Temple, Jésus se mit à en expulser les vendeurs. Il leur déclarait : « Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. »
Et il était chaque jour dans le Temple pour enseigner. Les grands prêtres et les scribes, ainsi que les notables, cherchaient à le faire mourir, mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ; en effet, le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait.
Méditation
Jésus venait d’avoir un coup de chagrin pour Jérusalem, Il s’était lamenté sur cette ville qu’Il aimait beaucoup et avait annoncé sa future destruction. (Luc 19, 41).
Attristé par le sort de ce peuple qui « n’a pas reconnu le moment où Dieu le visitait » (V. 42), Jésus continue son chemin le cœur gros ; Il entre dans le Temple pour prier et voilà qu’Il tombe sur les marchands de colombes et les changeurs d’argent à l’intérieur même de la maison de Dieu. Comble de malheur ! L’Amour de Jésus s’enflamme alors de colère.
Profaner ainsi le Temple sacré, exploiter les pauvres, marchander avec Dieu… tout cela est inconcevable pour Jésus qui est un amoureux fou de Son Père et de l’humain. Sa colère n’est qu’une manifestation du feu de l’Amour qui brûle en Lui : « Car le zèle de ta maison me dévore, et les outrages de ceux qui t’insultent retombent sur moi. » (Ps 69, v.10).
Une maison est faite pour accueillir, protéger, vivre, combien plus la maison de Dieu ! Alors, c’est tolérance zéro pour Jésus, Il ne peut que s’indigner, refuser et protester devant l’abus du trafic des changeurs et des marchands, devant l’outrage à la dignité humaine, devant leur trahison transformant ce lieu sacré en un espace commercial. Il reprend le reproche du prophète Jérémie « Est-elle à vos yeux une caverne de bandits, cette Maison sur laquelle mon nom est invoqué ? » (Jr 7,11)
Comme Jésus dans ce récit évangélique, nous devons percevoir et ressentir dans tout mal, une blessure faite à Dieu, une trahison à Son Amour. Nous sommes membres du Christ et tout ce qui Lui fait mal doit réveiller en nous une douleur lancinante.
Peut-on s’approprier dans notre vie de tous les jours, ce verset 10 du psaume 69 ? Et par conséquent, oser s’indigner et s’emporter, oser cette colère amoureuse, renversant la table des changeurs qui sèment la corruption jusque dans nos temples intimes ? Avons-nous le courage de ne pas tout accepter, de se choquer, de s’offenser et d’aimer Dieu et notre prochain avec un zèle qui nous dévore ?
Si nous sommes invités à imiter la colère de Jésus, gare à nous de l’utiliser comme moyen de violence, de vengeance ou de division. Notre colère doit être purifiée de la servitude, elle ne doit être qu’au seul service de l’A(a)mour. Rappelons-nous toujours que toute autorité qui nous est donnée doit rester au service de l’A(a)utre et non au nôtre, que notre pouvoir ne doit jamais être utilisée pour asservir mais pour servir. Imitons le Christ autant dans Sa colère que dans le lavement des pieds. Renonçons au mensonge, mettons-nous en colère s’il le faut mais ne pêchons point, comme nous l’enseigne St Paul (Éph 4,26). Que notre colère soit porteuse de Vérité et de Vie.
« Ma maison sera une maison de prière ». Le Temple de Dieu n’est pas fait de pierres, mais des cœurs de Ses bien-aimés, du cœur de chacun(e) de nous. « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16). C’est en ce Temple que bat le cœur du monde que Dieu a tant aimé. Sa maison de prière est la nôtre, notre seule et unique demeure éternelle en Lui. L’humain, créé à l’image de Dieu, n’est pas destiné à être une caverne de bandits, mais un espace sacré où il est appelé à chaque instant à s’immerger en Dieu, s’unir à Lui afin de vivre de Sa Vie. Pour ce faire, nous devons rester maison de prière, toute notre vie doit devenir prière car seule la prière donne connaissance et charité. La prière est une écoute incessante de la Parole de Dieu, qui nous laisse suspendus à Ses lèvres, pour découvrir la Parole unique de Dieu que nous sommes, pour l’engendrer en nous et en l’autre et devenir notre vrai Visage éternel. Elle nous rapproche de Dieu au point où nous finirons par Lui ressembler, et comme Lui nous deviendrons source et non temple de mort et de brigandage. Je retiens cette phrase de Zundel : « seule la prière, peut remonter le cours du mal et établir dans le monde le règne du Bien ».
À ce Dieu qui nous a choisi comme Sa demeure préférée et dont l’Esprit a choisi d’habiter notre être, à ce Dieu qui nous a aimé d’un Amour fou jusqu’à nous offrir Son Fils bien-aimé, Sa divinité et Son éternité, ne sommes-nous pas appelés à nous donner entièrement à Lui, à Le sauver de toutes nos calamités, de toutes nos trahisons et nos infidélités? À l’aimer d’un amour aussi fou ?
Soyons comme Jésus, des fous d’A(a)mour, des amoureux fous de Dieu et de l’humain; et que notre colère soit toujours folie d’A(a)mour pour l’A(a)utre.
Gladys El Helou
DROIT D’AUTEUR
La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.