Méditation : Mystère de notre liberté (No 5)

Image par Robert Cheaib de Pixabay

Les méditations sont écrites par une équipe de six personnes :

  • Michelle Arcand, épouse et mère de famille, artiste et accompagnatrice et enseignante dans l’Évangélisation des profondeurs
  • Pierre-Marie Cotte, époux et père de famille, accompagnateur au Pèlerin, professeur et superviseur dans le cadre du certificat en accompagnement spirituel
  • Gladys El Helou, épouse et mère de famille, infirmière, accompagnatrice au Pèlerin
  • Stéfan Thériault, époux et père de famille, directeur et professeur au Pèlerin
  • Laurence Vasseur, Missionnaire Serviteurs de l’Évangile, vivant en Corée du Sud, étudiante au certificat en accompagnement spirituel
  • Bénédicte You, Religieuse melkite de la congrégation Bénédictine de la Reine des Apôtres, vivant à Bethléem, professeure dans le cadre du certificat en accompagnement spirituel

Évangile du vendredi 1 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé » Lc 10, 13-16

En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre. D’ailleurs, Tyr et Sidon seront mieux traitées que vous lors du Jugement. Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non, jusqu’au séjour des morts tu descendras !
Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. »

Méditation

Luc interrompt subitement son discours sur l’envoi en mission des 72 disciples (versets 1 à 12), pour s’arrêter aux propos de Jésus interpellant les habitants de Corazine et de Bethasaïde. Ce petit texte d’aujourd’hui (versets 13 à 16), ressort comme un monologue où Jésus nous prend à l’écart pour nous confier sa peine et son affliction à cause de la résistance de ces villes à accueillir ses messagers, à accueillir la Parole et le Salut. Par ces propos, Jésus trace un résumé de l’histoire humaine du Salut, autrement dit du drame humain de refuser le salut de Dieu.

Ce drame n’est-il pas encore d’actualité aujourd’hui ? Ne sommes-nous pas parfois, comme ces habitants de ces villes, incrédules, avec des cœurs endurcis et résistants ? Ne nous attardons-nous pas le plus souvent sur les parures, les faiblesses et les défaillances de nos messagers pour excuser notre rejet de Dieu ? N’avons-nous pas toujours un prétexte pour faire ombrage à la Parole?

Ne voulons-nous pas le plus souvent nous sauver à notre manière, rester dans notre petit confort cousu à nos mesures, dans un cadre de références que nous fixons et déterminons d’emblée, là où nous ne courons aucun risque d’engagement ? Répondons-nous à notre appel de se diviniser ou préférons-nous être notre propre Dieu ?

Malheureuses sont les Bethasaïde et les Corazine de notre monde, elles laissent Jésus comme un mendiant attristé à la porte de leur cœur, proposant sans cesse sa miséricorde et son pardon; malheureuses sont-elles car les miracles ne suffiront point à les sauver. Maurice Zundel disait : « Ce n’est pas Dieu qui refuse de nous exaucer, c’est nous qui ne l’exauçons pas »

Un miracle peut nous conduire jusqu’au rivage, mais c’est seulement la grâce de la foi qui nous permettra de faire le grand plongeon, qui nous fera nous jeter dans les bras de Dieu. La foi certes est une grâce reçue, mais elle doit être voulue, désirée, recherchée et choisie. Plus encore, la foi est un engagement. Benoit XVI disait que la foi est un acte libre de confiance en Dieu. Cet acte de confiance est l’expérience d’une relation à quelqu’un, est une réponse à une Parole, est un « je » dans un face à face amoureux avec un « Tu ». C’est la petite voie de Sainte Thérèse de Lisieux que nous fêtons aujourd’hui : la confiance, l’humilité, l’abandon et l’accueil de la miséricorde divine. La petite Thérèse disait : « c’est la confiance et rien que la confiance qui conduit à l’amour », et j’ajouterai qui conduit à Dieu car Dieu est l’Amour.

C’est alors que nous n’aurons plus besoin de miracles pour confirmer notre foi en Dieu, mais bien le contraire, notre foi portera les grâces des miracles de Dieu; ce ne seront plus les miracles qui sauveront notre foi mais bien notre foi qui nous sauvera. Jésus n’a pas dit « le miracle t’a sauvé », Il a toujours dit : « ta foi t’a sauvé ». Notre confiance et notre abandon forceront la main de Dieu pour opérer en nous des merveilles.

Vivre de foi lèvera le voile devant nos yeux et nous serons en mesure de reconnaitre Ses miracles, Son amour et Sa fidélité. « Mais lorsque les cœurs se convertissent au Seigneur, le voile est ôté. » (2Cor.3,16).

Jetons un regard autour de nous et contemplons un peu nos miracles quotidiens : chaque vie qui se développe au sein d’une mère est un miracle, chaque naissance est un miracle, chaque guérison, chaque protection, chaque prière exaucée, chaque pardon offert et reçu, chaque acte d’amour, de solidarité et de compassion sont des miracles; chaque matin lorsque nous ouvrons les yeux et respirons la vie est un miracle, en fait toute notre vie est un miracle!  

« Celui qui vous écoute m’écoute; celui qui vous rejette me rejette; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. »

Si le texte a débuté sur un ton dramatique, avec des propos forts d’un Jésus attristé par le sort de ces habitants des villes du lac de Galilée, il ne révèle pas moins une admirable et formidable vérité; Jésus qui nous introduit dans une dignité incomparable, le mystère de notre liberté !

La noblesse de Dieu est tel qu’Il ne s’impose pas, Il ne force pas notre adhésion, au risque même de nous perdre. Sa grandeur est qu’Il est dans un don total de Son amour pour nous, incapable de nous contraindre pour susciter notre « Oui » et notre accueil du Salut.

Nous sommes face à l’incompréhensible mystère de la pauvreté divine, un Dieu qui se remet entre nos mains. Un Dieu qui s’identifie à nous, qui ne peut rien faire sans nous, qui ne peut pas parler sans nous et qui ne peut se révéler qu’à travers nous.

Je frissonne devant cette révélation de la grandeur de l’homme et je mets la main sur ma bouche de peur qu’une parole ne glisse et ne défigure Dieu.

Face à ce mystère divin, consentons à exister pour être révélation de Dieu, qui est la Vie de toute vie et pour être musique de Dieu au milieu de tous les bruits chaotiques de ce monde.

Engageons-nous à devenir Parole de Dieu dans l’unique Parole de Son Fils, choisissons d’incarner notre être-parole en communion d’être avec les autres humains et avec Dieu l’origine de notre être.

Plongeons dans ce mystère de notre liberté, et accueillons toute notre grandeur humaine. Choisissons chaque jour de libérer la Parole et le Souffle pour participer à la réalisation de l’œuvre trinitaire. Au cœur de chacune de nos rencontres quotidiennes, soyons ce oui total à Dieu, cet amen au Père, cet Amour pauvre qui est accueil et don. Et que celui qui nous écoute, entende les chuchotements de Dieu dans nos paroles.

Gladys El Helou

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.