Méditation : « Donner sa suffisance ou son insuffisance » (No 42)

Image par Ashwini Solanki de Pixabay

Évangile du dimanche 7 novembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » Mc 12, 38-44

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
Quand ils entendaient tout cela, les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision. Il leur dit alors : « Vous, vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu. »

Méditation

Juste avant notre passage, Jésus vient s’en prend aux scribes. Après le scribe qui n’est pas loin du Royaume, Jésus nous montre qu’il est conscient que ce sera une minorité qui le reconnaîtra. Pourquoi ? Parce qu’ils vivent dans l’apparence et ne vont pas au fond des choses, ni de l’Écriture.

Et Jésus va s’asseoir dans le Temple. J’aime ce passage où Jésus s’assied, comme pour faire une pause, il se met en retrait, en observateur. Et son regard plein d’amour pour l’humanité, voit ce que nos yeux pourraient chercher à ne pas voir : le don du pauvre et du petit. Il venait de parler des scribes qui dévorent le bien des veuves : et justement voici une veuve. Arrive cet éloge, cette canonisation avant l’heure de cette femme, indigente qui prend sur son être (sa misère, sa pauvreté) en contraste des riches qui donnent de leur avoir superflu. Jésus oppose les humains du superflu et cette femme qui donne sa vie. Un groupe qui donne sa suffisance, et cette femme qui donne trois fois rien, son insuffisance ! Les humains de l’apparence et cette femme qui donne de l’intérieur. Elle jette sa subsistance entière, dit le texte. Elle a donné sa pauvreté ; et c’est cela surtout qui a touché Jésus. Elle savait que son obole allait la rendre plus pauvre encore, mais sa foi toute simple et droite lui disait que Dieu l’aimait ainsi, qu’elle n’avait pas à devenir riche pour pouvoir donner. Dieu accueille avec joie l’offrande d’une pauvre qui reste pauvre, et qui accepte de le rester devant lui et devant les hommes.

Il y a tant de manières de se sentir démuni : démuni d’atouts pour faire sa route dans la vie, démuni de santé ou de grâce physique, démuni d’appuis ou d’amitié. Et parce que toutes ces pauvretés nous déprécient à nos propres yeux, nous serions tentés d’en faire reproche aux autres et à Dieu. Mais la veuve de l’Évangile nous montre le vrai chemin : oui, nous sommes pauvres, mais nous savons quoi faire de notre pauvreté : la reconnaître, la présenter au Seigneur, et nous mettre, dès aujourd’hui, sans attendre, au service du Royaume, tels que nous sommes, tels que Dieu nous voit et nous aime.

Elle est figure du disciple à venir. Veuve, comme l’Église le sera de son Époux qui lui sera enlevé. Pauvre, avec les petits moyens qu’elle doit utiliser, vivant de la totale confiance en Dieu. Ce n’est pas seulement sa générosité ou son abandon que Jésus admire, c’est de donner une ligne de conduite à son Église qu’il souhaite faire. Elle devra donner tout ce qu’elle a et même tout ce qu’elle est. Dans l’abandon. Poser sa misère dans Sa miséricorde… Cette femme jette sa subsistance dans le Trésor. Elle se jette en Dieu, elle donne son être. Elle est l’Église en parabole pour les disciples qui vont vivre des évènements douloureux et dramatiques au départ de leur Seigneur.

Les scribes siègent dans les synagogues sur le siège d’honneur de Moïse et c’est de cette autorité là qu’ils interprètent la Loi. Jésus dénonce le grand écart entre leur parole d’enseignement et leur agir : Ils nomment l’exemple mais ne le donnent pas. Ils demandent de pratiquer la Loi, mais ne le font pas. Ils épatent la galerie, ils ont un comportement ostentatoire. Et un désir de titres ostentatoires : On voit bien que cette tendance traverse les religions et les époques ! La vraie logique, la bonne hiérarchie de l’Église doit être celle du service. Car notre chef, le Christ, lui, va vivre ce qu’il demande : en se faisant serviteur et en étant humilié : faîtes ce qu’il fait. Pas seulement ce qu’il dit.

Jésus, dans ce don inconditionnel, retrouve l’un des réflexes de son propre cœur : « lui qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre, pour nous enrichir par sa pauvreté ».

Sr Bénédicte (beneyou@yahoo.fr)

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