Méditation : L’Amour qui ne se repose jamais (No 33)

Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du vendredi 29 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

«Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? » Lc 14, 1-6

Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient. Or voici qu’il y avait devant lui un homme atteint d’hydropisie. Prenant la parole, Jésus s’adressa aux docteurs de la Loi et aux pharisiens pour leur demander : « Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? » Ils gardèrent le silence. Tenant alors le malade, Jésus le guérit et le laissa aller. Puis il leur dit : « Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? » Et ils furent incapables de trouver une réponse.

Méditation

« Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient ».

Jésus entre dans la maison, et les pharisiens observent. Jésus est là, Dieu présent, le Salut à portée de bras, et pourtant tout ce qu’ils font, c’est observer. Épier, surveiller… peu importe leurs vraies intentions, ils sont dans l’inertie, dans le mutisme, barricadés derrière des murailles de lois. Étaient-ils dans le recueillement en ce jour du Seigneur ? ou bien dans le détournement ? Étaient-ils juste décontractés en ce jour de repos ? ou plutôt dans une sorte de torpeur, engourdis par des idées prescrites ?

Chouraqui traduit le verset 2 par : « un hydropique, en face de lui »; l’Amour face à l’humanité souffrante ! Devant la misère humaine, Jésus ne se possède plus; Lui qui est don, qui est guérison, qui est libération, ne peut pas contempler notre souffrance. Son Amour pour nous ne peut pas se reposer, même pas le jour du Sabbat.

« Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? ». Ils n’ont pas de réponse mais leur silence en est une, justement parce que l’humain l’emporte sur la dogmatique.

Permis ou défendu, cela n’a plus aucun sens au regard de Jésus, c’est l’ordre de l’amour qui importe, c’est le don de soi.  Il n’y a plus de loi, plus de commandement que la seule et immense urgence de l’Amour inépuisable, infatigable, qui ne se repose point, ni jour, ni nuit, ni congé, ni férié.

S’il pose la question, Jésus n’attend point leur approbation ni leur légitimation de l’acte qu’Il va poser, car Il n’obéit qu’à la seule volonté du Père en Lui, celle de ne perdre aucun de ceux qui lui sont donnés mais de les ressusciter (Jean 6, 38-39). Le verset de la guérison est traduit par Chouraqui : « Il le saisit, le rétablit et l’envoie »; telle est la volonté du Père, de rétablir, de remettre debout, de ressusciter.

Par sa question, Jésus voulait les inviter à passer d’une obéissance extérieure vers une obéissance intérieure, d’une loi écrite et inerte, à une loi greffée et vivante, celle de l’Amour. Il n’y a plus entre Dieu et nous des obligations, des devoirs à faire, il y a uniquement un Amour reçu et offert. La seule chose qui n’est plus permise c’est de refuser l’A(a)mour, de refuser d’aimer.

« Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? » Poser la question de cette manière annule le décret d’une règle qui émane de l’excès de pouvoir humain, puisqu’il est clair que l’amour pour le fils ou la crainte pour le bœuf l’emporteront sur une loi qui déshumanise.

De prime abord, il peut nous paraître très évident qu’il faut prioriser l’amour du prochain, faire prévaloir le geste et la parole qui permettent de guérir et de libérer l’autre, mais est-ce vraiment toujours le cas ? Est-ce vraiment ce que nous choisissons au quotidien ? Est-ce que nous ne laissons pas parfois notre amour sommeiller, prendre une pause ? Est-ce que nous ne sommes pas parfois réticentes, hésitantes à nous engager, à nous mouiller, à oser, à aimer, pour des raisons extérieures à notre cœur, extérieures au cœur de Dieu ?

Bien sûr il nous est difficile d’avoir constamment en nous un amour agissant et vivant, lorsqu’il faut lutter pour la vie quotidienne, lorsqu’il faut rencontrer à chaque moment du jour nos propres limites et celles des autres. Mais c’est justement là, où résident notre liberté et nos choix, il ne s’agit pas de tomber dans le découragement ni dans le désespoir de notre condition humaine fragile, mais de nous abandonner et de demeurer en cette Présence en nous, en cette vie dans l’Esprit qui est en nous. Par cette communion à la Source, nous pouvons passer vers un monde nouveau donné et reçu par l’Amour, revêtus d’une dimension de tendresse divine qui donnent à notre amour humain des possibilités infinies.

Dans chaque jour, dans chaque instant, dans nos gestes, dans nos paroles, dans nos pensées, dans toutes nos rencontres humaines, dans nos tendresses et dans nos amitiés, frayons un chemin d’A(a)mour, rendons possible Sa Présence, Son Visage et Sa miséricorde. Décollons de nos frontières et de nos limites, ne donnons aucun repos à notre amour, faisons de tout notre être une offrande et une oblation; et lorsque la fatigue nous rattrape, reposons-nous-en Son Amour qui ne se repose jamais.

Gladys El Helou

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.