Méditation : Au confluent de deux lumières (No 29)

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Évangile du lundi 25 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Cette fille d’Abraham, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? » Lc 13, 10-17

En ce temps-là, Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue, le jour du sabbat. Voici qu’il y avait là une femme, possédée par un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et absolument incapable de se redresser. Quand Jésus la vit, il l’interpella et lui dit : « Femme, te voici délivrée de ton infirmité. » Et il lui imposa les mains. À l’instant même elle redevint droite et rendait gloire à Dieu.
Alors le chef de la synagogue, indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. » Le Seigneur lui répliqua : « Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Alors cette femme, une fille d’Abraham, que Satan avait liée voici dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? »
À ces paroles de Jésus, tous ses adversaires furent remplis de honte, et toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.

Méditation

Une lumière émane de l’Évangile, descend au cœur et dit : vérité, compassion et justice.

Une lumière monte dans la conscience pour ouvrir et soumettre des situations humaines à une analyse, et ce, en toute vigilance.

La Parole du redressement de la femme courbée (Luc13,10-17) opère une rencontre de ces deux lumières qui trace en nous une marque indélébile venant de l’Amour et conduisant à l’amour.

En la personne de Christ Jésus, laissons l’Esprit toucher les ombres présentes ou survenues au cours de notre histoire. Laissons-nous transformer en notre volonté de faire un pas vers la vie renouvelée et laissons-nous habiter par la joie de rendre gloire à Dieu.

Un premier mouvement : prends acte de ce qui t’habite.

J’ai peine à croire qu’il me faille aborder cette délicate question : un « Satan avait lié » cette femme infirme ? (v.11)

Mon esprit moderne rechigne devant cette force contraignant la liberté humaine. Par ailleurs, je ne puis nier la fascination de ce siècle pour films et séries visuelles se consacrant à faire vivre sous nos yeux des forces obscures, des puissances hostiles et des violences sans noms. Regarde si cela te nourrit et voit ce que cela dépose en toi.

Un satané « adversaire qui met à l’épreuve, qui tente d’éloigner la personne humaine de Dieu. » (Dictionnaire de théologie biblique) Retrouve ton bon sens et dégage-toi « des pièges du diable qui retient captifs, soumis à sa volonté ». (2 Tm2, 26)

Trop d’homélies et d’interventions dites pastorales ont meublé notre imaginaire collectif de cette peur du diable et de cette peur de la condamnation venant de Dieu. Déviation du jugement et du bon sens, il y a « alerte en la demeure ».

L’apprentissage à vivre sous cette influence de l’Amour est souvent ardu et parfois déchirant. N’oublions jamais le « cœur courage » donné pour la route de notre humanité vers la liberté. Alors, commencent l’acquiescement et le redressement. Le tentateur se retirera.

Un deuxième mouvement : regarde Jésus et laisse-toi regarder par Lui.

Dans l’atelier d’un luthier, observons les gestes attentionnés, délicats et patients de l’artiste. Il affine le bois et l’adapte à la courbure fine et nécessaire pour donner au violoncelle rêvé toute sa beauté et sa musicalité.

En serait-il ainsi pour Jésus dans le redressement de la femme courbée ? « Jésus fait-moi toucher à la compassion de ton cœur et entendre la fermeté de ta parole de redressement. »

Tu ouvres l’horizon de cette femme présente à la synagogue. Dix-huit années à regarder vers le bas, à longer les murs pour se soutenir ou n’être pas regardée dans la laideur de son corps tordu. « Je consens à la lumière de l’Esprit, car ta Parole ravive ma mémoire en cet instant. Oui, je ressemble un peu à cette femme dans ma courbure. »

La recherche d’être vue, reconnue, aimée (souffrante blessure d’enfance) se retrouve exacerbée par son contraire : mise sur un piédestal et par la suite, ignorée, laissée pour compte ou utilisée sans attention et sans respect. Puis survient ce regard aimant qui te fait émerger au grand jour, te rend belle et t’amène à le reconnaître.

De jour en jour dans la proximité se loge le désir d’appartenir à l’autre et la passion d’entretenir cette amoureuse présence. Les mains donnent, prennent et tracent une courbure de plus en plus accentuée dans l’être quand il y a double vie. Cette courbure fait faire de faux pas, côtoie subtilement la non-vérité, étouffe la vie en l’ordonnant à son seul service. Égarement de direction dans la femme que je suis. Partiellement ma conscience profonde ne reposait pas, dans ces événements, entre les mains du bon luthier.

Un troisième mouvement : garde ton cœur ouvert

Je bénis la vie de croiser encore ce regard aimant. La vérité ne m’a pas coupé du véritable trésor qui se déploie en amitié. Il s’ébauche en moi ce qui ressemble à un amour désintéressé. Christ Jésus continue de me garder dans la droiture.

Filles et fils de Dieu, conscients ou non, sont conduits par l’Esprit dans les combats très terre-à-terre de notre humanité blessée. Le souffle malin passera au crible du Souffle Saint. Lui nous conduira constamment, de fois en fois, à entrer et à vivre librement, sous l’influence de l’Amour de Christ Jésus et de la miséricorde du Père aimant.

Chouraqui termine cette parole de Luc en disant : « Toute la foule se chérit de toutes les gloires qui surviennent par lui » (v.17) Oui, la gloire de Dieu consiste en sa présence manifeste et admet l’intervention de médiations susceptibles de rendre possible la communion la plus intime avec Lui.

Michelle Arcand (michelle.arcand@hotmail.com)

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