Méditation : Le Serment du Fils ! (No 244)

Image par Erik Stein de Pixabay

Évangile du Samedi 11 juin 2022 – 10e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère » Mt 5, 27-32

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi. Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”,
“non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

Méditation

Comme les méditations 240 et 241, nous sommes placés devant des affirmations marquantes de Jésus et, encore une fois, se profile une question fondamentale. Cette fois, quel est notre rapport à la Parole ?

Cette question surgit comme le cœur de la foi chrétienne, car le Père a tout créé par sa Parole et l’a envoyée en ce monde : le Verbe s’est fait chair. C’est notre rapport à cette Parole nous dit saint Jean qui nous jugera : “Qui me rejette et n’accueille pas mes paroles a son juge : la parole que j’ai fait entendre, c’est elle qui le jugera au dernier jour; car ce n’est pas de moi-même que j’ai parlé, mais le Père qui m’a envoyé m’a lui-même commandé ce que j’avais à dire et à faire connaître” (Jn 12, 48-49).

Tout est surgi de la Parole, comme chacun.e de nous est né.e en la Parole. C’est pourquoi l’évangile nous dit que nous ne pouvons “jurer par le Ciel”, car c’est au cœur de la Trinité que la naissance éternelle survient. Le Père engendre éternellement le Fils, de son Silence surgit la Parole. Comment alors nous est-il possible de “jurer par le Ciel” quand cette Parole, qui est notre origine et notre fin, notre alpha et notre oméga, nous dépasse infiniment, et que sans elle nous n’existerions pas ?! De la même façon, nous ne pouvons “jurer par la terre” parce que le Père l’a créée par sa Parole. “Tout fut par (Elle) et sans (Elle) rien ne fut” (Jn 1, 3). Et nous ne pouvons “jurer sur notre tête”, car notre identité filiale nous vient d’Elle. Nous ne pouvons “pas rendre un seul de (nos) cheveux blanc ou noir.” Tout nous a été donné. Tout participe de la Parole.

Nous ne pouvons donc jurer ou prêter serment ni de ciel, ni de terre, ni de tête, car la Parole qui est en nous est le serment de Dieu, le serment de son alliance éternelle avec nous. Nous comprenons alors que, au coeur même de la Trinité, le Fils soit appelé l’Amen, car toute sa vie éternelle est un “Oui”, un “Amen” au Père dans l’Esprit. Il n’est que pur Accueil. Il en va donc de même pour l’humain qui veut participer à l’incarnation de cette Parole en ce monde, c’est-à-dire qu’il est prêt à laisser cette Parole naître en lui pour, en retour, naître en Elle en Dieu, pour que sa “vie (soit) désormais cachée avec le Christ en Dieu” (Col 3, 3).

L’Annonciation de la naissance de cette Parole en nous ne peut, comme Marie, que commencer par un oui, car tout nous est donné en la Parole, spécialement notre naissance en la naissance éternelle du Fils. “Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”.” La Parole est toujours première et appelle constamment notre oui pour se déployer en nous. Et notre oui prend sa source même dans le Oui du Fils au Père. Seul notre oui filial dans le oui filial du Fils est la réponse adéquate à l’Amour du Père; pour tout le reste nous devons dire non. Car “ce qui est en plus vient du Mauvais.”

Le mal, dès l’origine, cherche à s’infiltrer au lieu même de notre consentement à la Parole. Au jardin de la Genèse, “Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin (…) vous n’y toucherez pas, sous peine de mort” (Gn 3, 1.3). La réponse du serpent fut : “Pas du tout ! Vous ne mourrez pas !” (Gn 3, 4). En d’autres mots, le serpent suggérait de dire “non” à la Parole de Dieu, de ne pas y consentir. C’est ainsi que la mort est entrée en nous, car si notre être est parole en la Parole, dire non à la Parole est dire non à notre propre parole et dire à non à la vie, car seule la participation à la Parole est Vie.

Nous ne pouvons jurer par la Parole mais nous sommes appelés constamment à consentir à la Parole et, consentant, lui permettre de naître en tout jusqu’à nous ressusciter d’entre les morts et briser, ainsi, notre héritage de “non”. La vie spirituelle est simplement d’apprendre à dire oui, à chaque instant, en la Parole, car seule la Parole nous fait naître et nous sauve. Tout ce qui en nous lui dit non “vient du Mauvais”.

Toutes les guerres, les violences et les maux du monde proviennent de nos non, c’est-à-dire de notre négation de nous et de Dieu. Quand nous nous nions nous-mêmes, il n’est pas surprenant que nous nions la parole de Dieu qu’est l’autre et que, de ce fait, nous abolissant, nous l’abolissions. De cette façon, au lieu de faire grandir la vie en cet autre, nous lui communiquons la mort et le tuons.

Que notre parole soit “oui” à la Parole pour que la Parole puisse dire “oui” en nous au Père. Et que notre parole soit “non”, si ce qui se dit en nous ne vient pas de la Parole mais est plutôt son refus. Que notre oui et notre non surgissent de la Parole, serment du Fils au Père pour notre salut !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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