Méditation : Un dans la Paix ! (No 220)

Image par Gordon Johnson de Pixabay

Évangile du Mercredi 18 mai 2022 – 5e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » Jn 15, 1-8

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

Méditation

L’Évangile d’hier nous a parlé de paix, que cette paix est possible parce que le Fils “va” vers la mort, “va” vers le Père et “va” vers nous et que ces trois “va” sont un même mouvement d’Amour. En d’autres mots, le Fils en allant vers la mort “va” vers le Père et vers nous, et en allant vers nous il descend dans les profondeurs de notre mort mais, aussi, de celles du Père, car l’une et l’autre sont en nous.

L’Évangile d’aujourd’hui, quant à lui, précise ce chemin : “Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. (…) Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments.” “Moi, je”, ces deux petits mots insistent, sur ce que le texte d’hier nous a avait présenté, à savoir que la paix, qui signifie à la fois traversée de notre mort, rencontre avec le Père et avec nous-mêmes, passe uniquement par le Fils. La raison est simple : Il est la vigne, celle du Père, et nous sommes les sarments. Toutes et tous, nous sommes intimement unis à Lui et traversés de la sève de la Vie et de l’Amour du Père. Et souvenons-nous, il n’y a pas la mort d’un côté et la Vie de l’autre, car même le lieu de la mort est lieu de la Présence du Fils tout en étant chemin vers le Père et chemin vers nous. C’est dans cette perspective que nous devons comprendre la suite de l’Évangile : “Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage”.

La première partie nous semblerait dénuée de miséricorde, à savoir que le “Père l’enlève”, si nous ne comprenions pas que même dans la mort Dieu est présent. Il arrive un point que, pour sauver la personne, Dieu doit l’abandonner à sa propre superbe, trop “dieu” qu’elle est ou trop enfouie dans le mal pour saisir la Présence. N’est-ce pas ce que la sagesse populaire nous enseigne ? “Il fallait qu’il touche au fond du baril pour s’en sortir”. Car, comme nous venons de le dire, quand la personne va jusqu’au bout de l’absurde et du vide du mal en elle, au terme, si elle lâche prise, elle découvrira ce Dieu qui demeure jusqu’en sa mort. C’est pourquoi, “le Père l’enlève” de la vigne, non pour la punir mais dans un ultime geste pour la sauver. N’est-ce pas ce que Paul dit, avec des mots très forts, lorsqu’un des membres de la communauté est accusé d’inconduite sexuelle : “nous livrions cet individu à Satan pour la perte de sa chair, afin que l’esprit soit sauvé au Jour du Seigneur” (1 Cor 5, 5).

Il peut arriver sur notre chemin spirituel que Dieu nous “enlève” de sa vigne. Ce n’est pas le chemin le plus facile mais ce n’est pas un abandon, car, là dans la mort intérieure de cette personne, Dieu se tient et attend son enfant. Mais le plus souvent, le moyen sera de nous “tailler”, de nous “émonder”. C’est-à-dire qu’Il essayera, petit à petit, de transformer notre être en le purifiant de tout le mal qui le contamine. Et le Père opère une telle oeuvre par son Fils, par sa Parole : “Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous.” “Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur ” (Héb 4,12).

Plus nous nous ouvrons à la Parole et la laissons demeurer en nous, plus nous demeurons en Elle (“demeurez en moi, comme moi en vous”). À ce moment, nous expérimentons que la Parole traverse nos morts et nous reconduit au Père et à nous-mêmes. Nous découvrons que c’est la Parole de Dieu qui nous fonde en notre identité filiale unique. Comme le Père engendre le Fils, nous sommes dans ce même engendrement engendrés nous-mêmes comme une Parole de Dieu qui se fait chair au coeur du monde. Alors “celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit”, car, unis à la Vigne qui est le Fils mais, aussi, unis, à tous les sarments qui forment “vigne” en le Fils, nous devenons porteurs de sa Vie, de sa Vérité et de son Amour.

La fécondité à laquelle nous participons alors est celle du Père dans le Fils sous le souffle de l’Esprit. Notre don, et donc notre mission, devient riche de toute la Vie de Dieu et de toute la vie des sarments en Dieu. Les fruits que nous portons sont toujours les fruits d’une communion et ils ne sont possibles que si nous demeurons unis au Fils : “car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire”.

Même au creux de nos morts, nous pouvons vivre cette équation mystérieuse : laisser demeurer la Parole en nous = demeurer dans le Fils = demeurer dans le Père = demeurer les uns dans les autres = se partager mutuellement la Vie de Dieu et la nôtre dans la sienne = porter du fruit = resplendir la gloire de Dieu = “que vous soyez pour moi des disciples”.

Et nous pourrions ajouter : “et toutes et tous nous serons en paix, car unis d’Amour, unis de Dieu, unis de nous”. Un dans la paix !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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