Méditation : La Paix sans haine ! (No 219)

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Évangile du Mardi 17 mai 2022 – 5e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Je vous donne ma paix » Jn 14, 27-31a

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. »

Méditation

Cet Évangile est tellement d’actualité, car il nous parle de paix. Mais, comme les juifs et les disciples de l’époque, la paix que nous recherchons est la libération des oppresseurs et l’absence de guerres et de conflits. Mais Jésus nous dit : “Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne”. Comme son salut, la paix qu’Il est venu nous donner n’est pas celle du monde. Mais quelle est-elle ? C’est ce que la suite du texte nous présente.

La réponse est dans un triple mouvement du Christ présenté par l’Évangile, triple mouvement qui est pour le Christ un seul. Le premier est qu’Il va vers la mort, car “il vient, le prince du monde”. Le deuxième est celui vers le Père : “Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi”. Et le troisième est celui vers nous, et j’emprunterai ici la traduction de Chouraqui : “je m’en vais et viens vers vous” (et non “je reviens vers vous”).

Le premier mouvement de la paix est, pour le Christ, d’entrer dans la mort, cette mort qui est refus du Père et qui est constituée par toutes nos haines, nos violences, nos guerres… nos ténèbres. Cette mort, Il va la traverser, la prendre sur Lui et la vivre en Lui jusqu’à l’extrême de l’enfer. C’est là-même qu’il “va” vers le Père, vers l’enfer qui existe dans le Père à cause de son Amour pour nous. Cela paraît contradictoire mais Dieu ne serait pas Amour s’Il n’avait pas laissé ses créatures, des anges jusqu’à nous, libres de dire non à son Amour. Nous sommes bien bouleversés de l’enfer que le mal nous fait vivre mais l’enfer est d’abord dans le Coeur du Père, touché par la séparation de ses enfants.

Et, comme le Père donne tout au Fils, Il lui partage sur la Croix et jusqu’en enfer (le samedi saint), le mystère de sa souffrance, le mystère de son propre enfer. Cet enfer, s’il a un lien avec le nôtre, est en démesure par rapport au nôtre, car le Père qui est Amour infini est blessé en une profondeur que nous ne saurions imaginer et, encore moins, porter. La paix du Fils implique donc de traverser cet enfer humain et divin pour y découvrir cette souffrance éternelle du Père à cause de la distance de ses créatures, anges et humains, et être saisis par cet Amour du Père qui, de toute éternité, avaient embrassés d’Amour notre souffrance. Ce mystère du mal dans le Père est, en réalité, et cela peut nous scandaliser et être folie pour nous, expression du mystère de son Amour, spécialement que, à la différence de nous, Il n’a jamais répondu de haine, mais simplement d’Amour, à notre haine. Et le Christ, sur la Croix, vit de l’Amour du Père cette traversée de la mort et de nos haines.

Pour le Fils, aller vers la mort est donc aller vers son Père et entrer dans un Amour qui embrasse toutes nos haines et qui continue sans relâche à nous aimer. C’est pourquoi ce double mouvement est l’expression de cet Amour pour nous : “je viens vers vous”. Pour le Père comme pour le Fils, et comme pour l’Esprit, leur mouvement d’Amour embrasse toutes nos haines, nos enfers, nos ruptures avec Eux afin de nous montrer que leur Amour pour nous est de toujours à toujours : ” il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé”. Le Père, pour toute éternité, ne cessera jamais par son Fils et dans l’Esprit de venir vers (à) nous, et ce, parce qu’Il nous aime inconditionnellement. Si la haine est la mesure de notre distance avec Lui, pour Dieu, elle montre que toujours Dieu a cherché à combler cette distance en offrant son Amour.

La paix de Dieu est son Amour indéfectible pour nous. Jamais, Il ne s’éloigne ou ne s’est éloigné de nous, car la possibilité de la haine, de la mort ou de notre refus de Lui est la réalité en nous de la plénitude d’un Amour qui nous laisse libres. Le Fils sur la Croix et dans la descente aux enfers, s’Il entre dans nos morts et la mort du Père, témoigne, ainsi, d’un Amour qui, Lui, jamais, ne se retire, qui toujours “vient vers nous”, qu’aucune haine ne saurait éloigner de nous…

Si la paix du monde se fonde souvent sur la haine et la peur de la violence de l’autre, la paix de Dieu est d’accepter de laisser entrer cette paix-Amour de Dieu en nous (“je vous laisse la paix, je vous donne ma paix”) pour que notre paix soit la Sienne, à savoir une paix fondée dans l’Amour, une paix qui, malgré toutes les haines des humains, continue à aimer inconditionnellement. Cet Amour est Celui que Jésus veut que nous adoptions, car le secret de la paix seul peut y surgir : “aime ton prochain et aime toi toi-même, comme je t’ai aimé et comme le Père t’aime par Moi dans l’Esprit”.

Puissions-nous, au moins intuitionner, l’enfer de Dieu pour saisir une petite goutte de son Amour infini et entrer ainsi dans sa paix sans haine. Dans la Paix de sa Présence amoureuse !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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