Méditation : Un commandement nouveau ! (No 217)

Image par Duncan Dao de Pixabay

Évangile du Dimanche 15 mai 2022 – 5e dimanche de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres » Jn 13, 31-33a. 34-35

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Méditation

On en parle tous, de cet amour ; et presque chacun d’entre nous a un terrible besoin … d’être aimé, bien plus grand souvent que d’aimer.

Jésus va vers sa mort. Il le sait. Il rassemble ses amis pour un dernier repas. À leur grande surprise, il commence par un geste : lui, le maître, lave les pieds de ses disciples, puis il leur demande de faire de même. Il poursuit par une parole que l’on peut considérer comme son testament. Il ne laisse ni or ni argent. Il ne laisse ni écrit, ni relique. Jésus laisse en héritage à ses disciples un commandement, exprimé par un impératif : aimer ! Tel est son héritage et la mission qu’il donne. Il semblerait que le commandement donné par Jésus soit simple à accepter tant le désir d’aimer est inscrit dans notre cœur depuis l’enfance et se renouvelle à toutes les étapes de la vie. Force-nous est de constater que ce n’est pas le cas. Pourquoi ?

Jésus ne nous laisse qu’UN commandement ; pas une liste de commandements ; UN SEUL. Ce commandement est de nous aimer les uns les autres. Mais l’amour peut-il se commander ?

Aimer fait ainsi entrer dans la fragilité, car aimer c’est se rendre vulnérable. Aimer ne va pas sans renoncement, ni déchirure et donc ne va pas sans souffrance. C’est un travail d’enfantement. Il me semble que c’est par peur de devoir accomplir cette métamorphose que beaucoup refusent d’aimer.

Pourquoi Jésus utilise-t-il ce mot de « commandement » ? Sans doute pour nous faire comprendre que toute la Loi est désormais dépassée par son ministère, sa personne, et son message de réconciliation avec Dieu. Du coup les commandements négatifs, les interdits du Décalogue traversent une sorte de mue pour prendre la forme d’un commandement positif, et unique, d’aimer. Comme le dit Jésus en Jean 13, 34, ce commandement est « nouveau » et le mot lui-même prend un nouveau sens. Là, je crois que l’amour dont il s’agit n’est pas un sentiment que l’on éprouve ou non, mais une attitude que l’on choisit, un acte de liberté. Jésus nous demande d’agir par amour, amour de l’humanité, amour de Dieu qui a fait l’homme à son image.

Le sentiment seul, si bon soit-il, est éphémère ; le sentiment seul est comme une impulsion, un autre sentiment, un autre coup de cœur viendra le remplacer.

Alors si Jésus nous « commande » d’aimer, c’est que cet amour, c’est l’inverse exactement de notre nature, c’est un combat de chaque instant.

Notre amour à nous est toujours second : il est réponse, car Dieu aime le premier. Ainsi, les disciples du Christ sont reconnaissables à l’amour qu’ils portent aux autres. Pas aux “exercices de piété”, ni à la finesse, éventuelle, de leur vie spirituelle, ni même à la pratique de subtiles vertus. Le lien d’amour avec les autres se fonde sur un lien d’amour avec Dieu. C’est bien pourquoi le Christ nous demande de nous aimer non pas n’importe comment, mais comme lui-même nous a aimés.

Dieu nous aime tel que nous sommes ; nous sommes appelés à aimer les autres tels qu’ils sont, à ne pas calquer nos désirs, nos modes de fonctionnement, nos idéaux sur les autres. Nous sommes appelés à nous dessaisir de notre vie comme modèle de fonctionnement pour les autres ; c’est ainsi que l’on pourra aimer, en actes, en paroles, même ceux qui ne nous ressemblent pas.

Alors, peut-être, quelqu’un nous demandera raison de l’espérance qui est en nous. Avec douceur et respect, nous pourrons alors lui parler de l’amour dont nous sommes aimés, cet amour de Dieu qui ne juge pas, qui n’écrase pas, qui ne force pas, qui donne juste joie, paix … et envie d’aimer à notre tour, avec l’aide de son Esprit.

La gloire de Dieu est présente dans l’Église lorsque cette bienveillance, cet amour du prochain, est visible. L’amour du prochain est la marque de la présence de Dieu. Si cet amour est là, Dieu est là ; si cet amour est absent, Dieu est absent ; c’est aussi simple que ça.

Telle est notre commune vocation, celle qui fait l’Église sainte : reconnaître que le maître mot de la création est l’amour.

Sr Bénédicte You

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