Méditation : Que mon coeur ne soit plus bouleversé ! (No 215)

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Évangile du Vendredi 13 mai 2022 – 4e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » Jn 14, 1-6

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

Méditation

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé », Jésus commence son discours d’adieu à Ses disciples par un baume de quiétude et de paix qu’Il dépose dans leurs cœurs. Cette communauté naissante, encore vacillante dans sa foi et sans points de repères, a bien raison de se sentir angoissée devant l’imminent départ de son Maître. De fait, comment pourraient-ils tenir le cap et ne pas être envahis par le découragement lorsque Jésus les quittera ?

Ne sommes-nous pas aujourd’hui nous aussi, sans repères et angoissés devant l’état de notre Église et de notre foi ? Ajouté à cela, nos vies sont continuellement troublées par les maladies, la mort, l’injustice, la violence, les guerres… que sais-je encore ? Nous vivons dans un monde en crise permanente, dans un tourbillon d’idéologies et de théories qui poussent comme des champignons, mettant en jeu notre espérance et notre identité profonde. Nous traversons un tunnel obscur, un temps d’obscurité et de vide. Comme les premiers disciples, notre cœur est bouleversé et nous expérimentons l’absence de repères qui nous plongent dans l’insécurité.

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé » nous dit Jésus, « vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». Sa Parole nous ouvre sur un horizon d’espérance et de paix, toujours nouveau et inusité, puisqu’il ne dépend point de nos présumées connaissances ni de notre science qui prétend avoir des réponses à tous nos maux. La paix qu’Il nous offre n’est pas le confort des tranquillisants, ni les techniques d’auto-apaisement, point encore l’accumulation de biens, de savoirs, ou de pouvoir. Si l’espérance et la paix que le Christ veut nous donner appartiennent à ce monde terrestre, ils seraient bien aussi fragiles que lui; le Christ nous conduit vers Quelqu’un, nous mène à la rencontre de l’Autre en qui notre cœur cesse de se troubler et de craindre, car nous habiterons Son Être qui est Amour et Paix. Nous ne serons plus des êtres abandonnés, errant dans l’aberration, cherchant notre voie dans la folie des doctrines éphémères, mais des êtres habités par l’Éternel et en relation continue avec Lui.

Nous posons aujourd’hui, la même question de Thomas « Comment reconnaitre notre chemin ? » ou peut-être celle de Philippe « Montre nous le Père; cela nous suffit » (Jn 14,8).

Et Jésus de nous répondre : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » N’est-il pas en train de nous inviter à faire un chemin d’accompagnement avec Lui, à nous accompagner sur nos routes d’espérance, à vivre avec nous nos passages de vie avec nos trébuchements, nos oscillations, nos doutes et nos quêtes de sens ?

Jésus se propose de réconforter nos angoisses par Sa Présence, révélation du Père, par Sa Parole, lumière sur nos pas et par l’Esprit-Saint, l’autre paraclet qui nous protègera et nous consolera sur nos sentiers de vie.

Les difficultés spirituelles de notre temps, les secousses que nous créent nos avancées scientifiques, économiques et sociologiques, l’illusion de l’auto-suffisance, nous font toucher au vide en nous, et c’est là justement où Jésus vient déposer Sa Parole créatrice; c’est dans cette terre intérieure, encore inhabitée, que nous pouvons Le rencontrer et nous engager dans une relation avec Lui.

La Vérité, le Chemin et la Vie ne sont pas des concepts à connaitre, mais bien une Personne à rencontrer, Jésus, l’unique révélateur de Dieu. Il n’y a que Dieu qui peut nous conduire à Dieu. Le Christ s’est vidé de Lui-même pour laisser le Père s’écouler en Lui, Il est la Parole du Père et le Verbe fait chair; une union mystique qui nous révèle Dieu.

Cheminer en, par et avec Jésus c’est entrer en communion avec la Trinité, dans cette demeure où Jésus nous a préparé une place, là où nous serons avec Lui, dans une relation ininterrompue avec Son Père et notre Père. « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ».

Vivre dans cette demeure de l’Esprit, de cette relation Trinitaire nous transforme nous-mêmes en demeures de Dieu; nous deviendrons des espaces où circulent la Vérité et la Vie, nous deviendrons chemins de Dieu.

« On ne s’empare pas de la vérité comme d’une chose, on rencontre la vérité. Elle n’est pas une possession, elle est une rencontre avec une Personne » nous dit le Pape François.

Osons cette rencontre amoureuse avec Lui, remettons notre être dans sa totalité entre Ses mains, avançons sur Son chemin, nous rencontrerons le Père, nous nous reconnaitrons dans notre vraie identité filiale et nous retrouverons notre chemin.

Ne nous contentons pas d’un Dieu pensé, car lorsque la pensée disparait, Dieu disparait aussi (Maître Eckhart). Entretenons plutôt une relation avec Lui, allons chaque jour à Sa rencontre, gardons en nous l’empreinte de Sa Présence, de Sa Parole, de Son Souffle; laissons-Le nous accompagner, Il nous enveloppera et nous guidera, alors seulement Son chemin deviendra le nôtre.

Que notre cœur ne soit plus bouleversé, car afin de trouver notre voie, nous n’avons qu’à marcher en Lui, afin de rencontrer la Vérité, il nous suffit de croire en Lui et afin d’avoir la Vie, nous n’avons qu’à vivre en Lui.

Gladys El Helou

DROIT D’AUTEUR

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