Évangile du Mercredi 11 mai 2022 – 4e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde » Jn 12, 44-50
En ce temps-là, Jésus s’écria : « Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en Celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé. Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu’un entend mes paroles et n’y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Celui qui me rejette et n’accueille pas mes paroles aura, pour le juger, la parole que j’ai prononcée : c’est elle qui le jugera au dernier jour. Car ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé : le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer ; et je sais que son commandement est vie éternelle. Donc, ce que je déclare, je le déclare comme le Père me l’a dit. »
Méditation
L’Évangile nous fait entrer dans la profondeur du mystère trinitaire, plus particulièrement de la relation intime entre le Père et le Fils. Elle nous ouvre de coeur la contemplation du mystère d’Amour que Dieu est. Le Père qui est au-delà et au fond de tout serait complètement inconnaissable si, de son fond infini, Il n’avait engendré le Fils et, dans cet engendrement, Il n’avait créé le monde et Il n’avait “envoyé” son Fils en ce monde.
Depuis toute éternité, le Fils est la clarté éternelle du Père, le “Resplendissement de sa gloire” (Héb 1, 3) : “Moi, Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres” (Bible de Jérusalem). Jésus est “la Lumière du monde” (Jn 8, 12) qui, de l’intérieur de l’humain, éclaire le mystère de Dieu et le mystère humain. C’est dans sa Lumière que nous voyons et que nous croyons, “lumière véritable, qui éclaire tout homme” (Jn 1, 9).
En sa Lumière, Il nous communique sa foi dans le Père, si bien que “celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit”, mais en le Père. Il donne de le contempler : “celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé”. Le Fils révèle ainsi le Père et, au coeur de cette révélation, donne à l’humain de contempler les mystères cachés dans le Père et, de manière profondément personnelle, notre propre naissance dans la naissance éternelle du Fils. Dans le Père se trouve le jardin de toute Genèse, dont le point d’incarnation se réalise par la naissance éternelle du Fils jusqu’à sa kénose en ce monde.
Quand nous entrons en prière, nous sommes appelés à nous laisser entraîner, par, avec et en le Fils, aux confins du Père pour consentir à notre propre naissance dans le Fils. Non seulement Lui, la Lumière, éclaire-t-il notre naissance mais c’est par cette Lumière même que nous naissons. Cette contemplation indicible est, pour nous, dans cette perspective, expérience de naissance. La contemplation n’est donc pas une sorte de regard extérieur qui contemple Dieu mais l’expérience réelle de ce Dieu qui naît en nous et de nous qui naissons en Dieu. Nous ne sommes pas des personnes tenues en dehors mais plongées par le Fils das le fond sans fond du Père, là où nos mots ne peuvent rendre compte de ce qui survient. Seul Celui qui Lumière est la seule Parole qui se laisse entendre dans le Silence du Père. Comme nous dit saint Jean : “le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme; il venait dans le mode. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli” (Jn 1, 9-11).
La Parole créatrice du Père, qui est le Fils, est celle qui se dit continuellement dans l’intime de notre être. Elle est celle qui nous donne naissance. Elle est celle qui nous dit le Père, et seulement le Père : “Car ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé : le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer ; et je sais que son commandement est vie éternelle. Donc, ce que je déclare, je le déclare comme le Père me l’a dit.”
Tout l’Évangile nous introduit à cette Parole du Père et nous demande de croire en Elle, car “nul n’est monté au ciel ? hormis celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’Homme” (Jn 3, 13). Nous ne pouvons entrer dans le mystère trinitaire que par la porte du Fils et, plus spécifiquement, par la parole de Dieu que nous sommes dans l’Unique Parole qu’est le Fils. En d’autres mots, nous ne pouvons entrer dans la plénitude de la Parole que par la plénitude même de la parole que Dieu veut être par nous (Éph 3, 19). La contemplation, comme je le disais, est pour nous de voir en naissant. C’est être saisis de l’intérieur par cette clarté éternelle de la Parole, qui fait lever en nous le “jour de Dieu”, le dimanche sans fin.
“Si quelqu’un entend mes paroles et n’y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Celui qui me rejette et n’accueille pas mes paroles aura, pour le juger, la parole que j’ai prononcée : c’est elle qui le jugera au dernier jour.” La Parole est créatrice et salvatrice, car elle est Vie et elle est Vie parce qu’elle est ” Lumière des hommes” (Jn 1, 4). Si nous n’accueillons donc pas la Parole, nous refusons alors sa Vie et sa Lumière et, plus encore, nous refusons Celui qui l’a envoyé, le Père. Comment un être peut-il vivre s’il refuse la Vie ? Comment un être peut-il être dans la Lumière s’il choisit les ténèbres ? Comment un être peut-il être-parole s’il refuse la parole de Dieu qu’il est ? Nos réponses à ces trois questions nous font comprendre que nous nous sommes nous-mêmes mis en jugement en refusant à notre être d’être Vie, Lumière et Parole. Nous avons choisi la mort, les ténèbres et le mensonge (qui est une non-parole).
Aujourd’hui, entrons dans le Jour de Dieu. Laissons au Fils d’Être Vie, Lumière et Parole en nous pour nous conduire aux confins du Père, dans son Silence sans fond ! Là où contempler est naître et où naître est contempler ! Là où plus personne “ne demeure dans les ténèbres” ! Là où les mots se taisent pour Être-Parole !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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