Méditation : Que celui qui veut être le plus grand… (No 21)

Image par falco de Pixabay

Évangile du dimanche 17 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

«Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude » Mc 10, 35-45

En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Jésus les appela et leur dit (début de la lecture brève : En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples) : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Fin de la lecture brève)

Méditation

Dans les versets qui précèdent notre passage, Jésus vient d’annoncer sa passion à ses disciples. Notre épisode, qui le suit, est donc stupéfiant par rapport à cet épisode de l’annonce de la passion, le contraste est considérable. Jacques et Jean qui ont vu la gloire à la Transfiguration demandent la place de 1er ministre auprès du roi sur le trône. Les disciples ne réagissent pas par rapport à l’annonce de la passion…stupéfiant !

Pas plus Pierre, Jacques que Jean n’ont l’air de comprendre. En tous cas dans la famille Zébédée il semblerait que les fils sont centrés sur eux-mêmes.

Voilà probablement le péché de l’humain : ne voir les réalités qu’à partir de soi, de son intérêt, de son point de vue. Là, ils se font rabrouer. Pour deux raisons lisibles dans le récit :

  • Être centrés sur eux alors que l’enjeu, c’est la mort du Fils.
  • Vouloir la fin (être dans le Royaume aux premières places), sans penser au chemin qui y mène : Et Jésus va le leur indiquer : le chemin de la coupe du serviteur : Être associés à la coupe que le Serviteur va boire. 

Jésus écoute la demande par 3 verbes : « Que voulez-vous ? Vous ne savez pas… Pouvez-vous ? » Après le vouloir il y a le savoir : pour demander quelque chose de correct il y à la question de savoir ce qu’on demande. Puis après le vouloir et le savoir, Jésus passe au pouvoir : ainsi il ne repousse pas mais réoriente leur liberté. Mais notre liberté n’implique pas des réponses obligatoires ! D’ailleurs, même Jésus n’a pas ce pouvoir. Savoir qui siégera à droite et à gauche dans la gloire, c’est le Père qui en décide. Les places préparées que l’on voit dans l’Évangile ce sont celles des deux malfaiteurs crucifiés à la droite et à la gauche de Jésus. Il n’y a pas de moment plus grand pour la gloire de Jésus que la croix où il est le don total de lui-même. Il est élevé. Au cœur de l’aspect crucifiant, on trouve la joie du don total. Mais on ne peut pas arriver à la gloire sans passer par la croix !

Boire « ma coupe » et « mon baptême », la réponse de Jésus nous indique que seule sa mort est rédemptrice. C’est une invitation à un recentrage christologique. Ils demandaient pour eux, Jésus décentre les disciples de leur propre destinée vers sa propre destinée.

Les 10 autres s’indignèrent. C’est un terme fort, donc Jésus leur fait un enseignement sur le pouvoir, l’autorité. « Vous le savez » le pouvoir chrétien est lié à un savoir. Si je ne connais pas le dessein de Dieu, je ne peux pas exercer le pouvoir. « Il faut entrer dans le style de Dieu » nous dit le pape François. Le pouvoir ne peut être bien déployé que s’il est bien compris. « Les païens dominent, les grands imposent », ce sont des termes assez négatifs mais « Il n’en sera pas ainsi parmi vous » c’est-à-dire que la hiérarchie fonctionnera autrement dans l’Église. Elle fonctionnera à l’envers par rapport au monde. On n’entre pas par piston ou glorification dans le Royaume, on y entre en serviteur. C’est le chemin que va prendre Jésus et c’est le chemin que doit prendre l’Église et les disciples. La hiérarchie de l’Église du Christ et son gouvernement sont ceux du service. Et pas n’importe quel service. Un service COMME le Fils de l’homme, dans sa communion.

Jésus parle aux 12, donc aux ministres, aux pasteurs de l’Église. C’est une ambition légitime d’être grand, mais Jésus éduque la liberté de ses disciples. Vous pouvez vouloir des choses mais cette grandeur se vit dans le service.

Bénédicte You (beneyou@yahoo.fr)

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