Méditation : L’attirement amoureux du Père (No 207)

Image par Andres Nassar de Pixabay

Évangile du Jeudi 5 mai 2022 – 3e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel » Jn 6, 44-51

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Méditation

Autant que l’on puisse reconnaitre que de toute éternité, la seule volonté de Dieu est de nous aimer et de nous sauver, nous ne mesurons sans doute pas toute l’étendue de Sa Volonté ni de Son Amour. Une deuxième vérité, que nous sommes également invités à peser, est que l’œuvre du Salut est une œuvre Trinitaire qui ne peut s’accomplir qu’en la Présence du Père. « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Mais comment se fait-il que cette attraction du Père, cette attirance en faveur de Son Fils, soit un chemin de salut pour l’humanité ? Ne serait-elle pas une sorte de force gravitaire vers Dieu, qui nous entrainerait malgré nous et qui ne nous laisserait pas tout à fait libres de l’accepter ou de la refuser ? C’est quand même impensable qu’un Dieu Amour nous enlève notre liberté d’aimer au nom même de l’Amour.                                                          Écoutons Jésus nous reformuler cela : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » (Jn 6,65). « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » (Jn10, 27). L’attirance se révèle alors être don, mystère qui tisse l’origine même de l’humain, qui habite son cœur dès son premier battement. De par l’essence même de notre être, nous avons, gravé au plus profond de nous, une dimension divine dont à la fois nous faisons partie et qui nous échappe. Dans notre cœur profond, est enfouie une brèche qui communique à un Mystère qui nous transcende, à l’Éternité pour laquelle nous sommes créés. Nous ne pouvons assumer pleinement notre humanité, qu’en ouvrant cet abîme en nous à la Vie vers Laquelle il aspire, et en embrassant cet attirement divin qui nous tiraille. Cette quête de sens qui tourmente chaque être humain à un moment donné de sa vie terrestre, et qui peut prendre une multitude de formes et de couleurs, de questionnements, de tâtonnements, d’essais, de recherches…n’est autre que cet attirement vers la Vérité, vers la Lumière, vers l’Amour; car nous possédons en nous un germe divin qui nous attire et nous oriente, comme le tournesol, vers le rayonnement de la Lumière du Christ. Le Christ peut nous attirer vers Sa Lumière, car, à travers Son incarnation, Son rayonnement est entré dans le spectre de notre visibilité humaine et nous sommes devenu(e)s, si j’oserais dire, des tourneChrist, attiré(e)s et tourné(e)s vers cette source de clarté divine et de Vie. En Jésus incarné, en ce Fils Lumineux qui s’est révélé à nous, se trouve une attraction magnéto-amoureuse bouleversante : Son Amour nous attire parce que, justement, en nous se trouve un aimant d’Amour. Ce qu’a merveilleusement exprimé Saint Augustin : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en toi ».

Nous avons été engendrés dans la faim et la soif de Dieu, la racine profonde de notre être a faim et soif de Lui. Je ne cesse de m’émerveiller devant cette danse de désir et d’Amour entre Dieu et l’humain; le Père désire cette relation d’Amour avec l’humain, et le cœur de l’homme brûle de ce désir de rencontre et de communion avec Dieu. J’irais jusqu’à vous dire que Dieu ne cesse de nous chuchoter doucement : Mon cœur restera tourmenté jusqu’à ce qu’Il se repose en toi, mon(ma) bien-aimé(e). Mais malheureusement, l’humain a perdu la conscience de son manque et de sa soif de l’A(a)utre, si bien qu’il cherche son rassasiement dans le pain du monde et non dans celui de la Présence et de l’A(a)mour; il a perdu le chemin vers ce trésor caché dans le champ le plus intime de son être

« Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. » Lorsque nous nous laissons attirer d’Amour vers le Père, notre être s’ouvre à Son Esprit qui nous instruira, nous serons alors capables de discerner le chemin vers Son Fils, le pain de la Vie Éternelle, donné en partage. « Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. […] Moi, je suis le pain de la vie. » Seuls, nous ne pouvons appréhender l’Éternel, mais l’Esprit en nous, ouvrira notre conscience à Celle de l’Autre et nous donnera la Lumière de la Vérité. L’Esprit est la respiration du Père en nous, et à chaque fois que l’on s’ouvre à Son Souffle, notre cœur se dilate de profondeur en profondeur, de sorte que notre désir grandit et que nous n’atteignons jamais la saturation de Sa Présence.

Cet attirement amoureux du Père nous fera goûter à des instants d’A(a)mour et de communion à l’A(a)utre qui nous saisiront aux entrailles. Ces instants lumineux sont révélateurs, ils nous éclairent par une connaissance intérieure, insoupçonnée sur le sens profond de notre vie, de notre identité filiale et sur l’A(a)utre, car ils nous ouvrent à l’intimité avec Dieu.

Nous ne saisirons jamais l’étendue de l’Amour de Dieu pour nous, mais quoiqu’il en soit, nous ne serons plus jamais les mêmes, car ayant goûté à ce Pain de la rencontre, nous resterons dans une perpétuelle attente de ces instants mystérieux hors-temps, telle une prière incessante de l’Esprit en nous qui alimente le feu brûlant de notre désir, de notre faim et de notre soif de l’Autre.

Gladys El Helou

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