Évangile du Mercredi 4 mai 2022 – 3e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle » Jn 6, 35-40
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas. Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
Méditation
Comme l’Évangile d’hier, le texte débute avec une affirmation forte : « Moi, je suis le pain de la vie. » Si au désert les hébreux ont mangé la manne et ont pu vivre, à nous, nous est offert Dieu en nourriture. Sur le chemin de nos vies, combien de fois nous n’avons plus la force d’avancer ? Chaque pas apparaît comme une montagne à franchir. À quel saint alors se vouer ou à quel docteur, en médecine, en psychiatrie ou en psychologie, aller se confier ?
Dans le monde sécularisé qui est le nôtre, personne ne nous parle que Dieu se tient en nous et que, sur notre route, il se fait nourriture, “pain de Vie”. Il nous est donc offert bien plus que toutes les nourritures du monde. Il y a Dieu qui se fait eucharistie, laquelle est nourriture filiale qui nous donne de nous redresser dans la beauté et la grandeur de notre être fils ou fille de Dieu. Et cette nourriture filiale est essentielle, car n’est-il pas vrai que, dans nos vies, nous portons une blessure filiale à cause de ce que nous avons vécu avec nos parents et proches et avec nos frères et soeurs de sang ou en humanité ? Toutes ces blessures nous empêchent de nous reconnaître et de nous aimer pour qui nous sommes, au point souvent d’avoir perdu le chemin de nous-mêmes.
Manger ce “pain de Vie”, c’est manger à la Vie filiale du Fils afin que, de ce “pain”, nous recevions toute la reconnaissance et l’Amour du Père pour nous et du Fils pour le Père dans l’Esprit. Cette vie filiale presque oubliée en nous se déploie alors à nouveau et nous reconnecte à notre filiation à la V(v)ie, à nous-mêmes, aux autres et à Dieu. Nous sommes d’être resitués en communion avec toute V(v)ie !
Ce “pain de Vie” est aussi nourriture spirituelle. Et cette nourriture porte en elle tous les nutriments de l’Esprit : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu. Non seulement ces nutriments nous communiquent la Vie, l’Amour et la Vérité mais ils nous disposent à les recevoir. Pour prendre une analogie très pauvre, ils sont l’essence ou l’électricité dans notre voiture. Ils nous poussent en avant, nous donnent d’accomplir notre mission.
Malheureusement, et nous devons bien l’avouer avec l’idéologie de la laïcité, nous ne vivons pas dans un siècle où la nourriture spirituelle est abondante, et ce, spécialement dans nos écoles. Ce qui est bien triste, car la seule voie de devenir humain est de nous nourrir du “pain de Vie” qui nous communique la filiation aux êtres et à Dieu et le souffle nécessaire à notre croissance. Nous vivons, malheureusement, sous respirateur artificiel, lequel nous tient dans l’illusion de vivre.
Mais que faut-il faire ? La réponse est simple : « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » La réponse est presque folie, et ce, de deux façons. D’abord parce que Jésus nous dit que ce “pain”, que Lui, est toujours présent et disponible. Il est là à portée de coeur pour qui veut le rencontrer. Et l’autre folie est qu’Il se fait nourriture au lieu même de notre faim et de notre soif. Jésus ne nous demande pas de miracles, d’efforts insoutenables ou de transformations incroyables. La solution est presque trop simple : uniquement Lui ouvrir notre faim et notre soif.
Là, au coeur de nos déserts, oser écouter en nous la vraie faim et la vraie soif qui nous tiraillent et qui nous disent que, dans ce monde fabriqué par les puissants, nous manquons de l’essentiel. Nous ne savons plus nous nourrir à la Source de la Vie. Nous sommes devenus des analphabètes de notre humanité. Nous comptons de plus en plus sur la science pour répondre à notre faim et à notre soif.
Malheureusement, cette science qui mesure et qui quantifie vit dans la même faim et soif que nous si bien qu’elle nous offre uniquement du virtuel et du provisoire. La science est devenue la religion moderne et postmoderne de qui nous attendons notre salut. Nous lui abandonnons notre humanité, quand elle-même l’a perdue.
La vraie nourriture de l’humain n’a qu’un lieu, celui de la relation où et Dieu et l’humain se donnent d’eux-mêmes en partage. Cette nourriture existe donc qu’au lieu unique de l’Amour. Il n’y a que l’Amour qui est nourriture filiale et spirituelle, et qui porte en substance cette foi qui nous donne de croire en l’A(a)utre.
« Que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » Que celui qui voit en l’autre un fils ou une fille de Dieu “ait la vie éternelle”. Que celui qui tous les jours accueillent le “pain de Vie” de Dieu en chaque humain et dans toute la création apprenne tous les jours la vie de ressuscité. Celui-là est vraiment un homme ou une femme de faim et de soif, et tout lui sera donné par surcroît.
Attablons-nous toutes et tous ensemble afin de réapprendre le langage humain et divin, celui d’un “pain partagé par Amour”. Apprenons ensemble, tous les jours, à conjuguer le Verbe de Vie de notre être pour en faire un chant d’humanité à Dieu.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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