Méditation : « Ils montèrent dans la barque » (No 203)

Image par Véronique R de Pixabay

Évangile du Dimanche 1 mai 2022 – 3e dimanche de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson » Jn 21, 1-19

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

Méditation

Pourquoi l’évangéliste a-t-il choisi de raconter cette histoire simple et touchante ? Je pense qu’il veut nous rappeler que Jésus est présent dans nos vies ordinaires. Il vient à notre rencontre là où nous sommes. Nous n’avons pas besoin de faire des choses extraordinaires mais simplement aimer.

Ce dernier chapitre nous oriente vers l’avenir de l’église. L’évangéliste nous parle des disciples dans une barque, ensemble, symbole de l’Église… les vagues seront souvent démontées, parfois dangereuses mais Jésus sera toujours là veillant sur elle.

Pierre est manifestement le chef mais ce n’est pas lui qui reconnaît Jésus le premier, il a besoin du Disciple que Jésus aimait… Les chefs peuvent être tellement pris par leur tâche qu’ils ont besoin d’un proche qui ait une claire vision des choses. Pierre a le tempérament et les caractéristiques d’un chef. À plusieurs reprises, il a dit à Jésus ce qu’il fallait faire ou ne pas faire et a tenté de l’empêcher d’être arrêté… finalement quand Jésus devient vulnérable, il s’effondre… a-t-il pour autant perdu son rôle ?

Et puis, pourquoi un tel déplacement en Galilée après les rencontres à Jérusalem avec Jésus ressuscité (ch 20) où il envoie les disciples revêtus de l’Esprit Saint avec la mission de poursuivre le témoignage de l’Église naissante comme le rapporte les Actes des Apôtres ? Les disciples sont retournés chez eux pour reprendre leur vie de pêcheurs. Le messager de Dieu avait annoncé : « Il vous précède en Galilée: c’est là que vous le verrez » (Mc 16, 7).

Les disciples se sont rendus en Galilée selon l’ordre de Jésus et la promesse de les y retrouver (Mt 26,32 ; 28,7). Ils ont repris leur train de vie au point où ils l’avaient quitté. Comme toujours, Pierre prend l’initiative de l’action. Tout le Nouveau Testament présente dans la personne de Pierre un meneur pendant le ministère de Jésus puis dans l’Église primitive. Les autres disciples assistent Simon-Pierre au service de la pêche comme si Pierre associe les autres disciples à sa mission. Alors la charge sera plus légère pour lui, le fardeau étant partagé avec d’autres.

 « Ils montèrent dans la barque » Les disciples doivent monter dans la barque, c’est-à-dire progresser dans l’amour de l’unité de l’Église appelée barque.

.Jésus ressuscité est celui qui apporte la lumière alors que les disciples sont jusque là dans la nuit. Fidèle, Jésus, ne manque jamais à ses promesses. Il vient lui-même à la rencontre des disciples et le rivage représente peut-être la certitude du pied ferme par opposition aux eaux mouvantes, dangereuses et infructueuses.

« N’avez-vous rien à manger ? » Dans les récits de l’Évangile de Jean, Jésus pose souvent une question dont le seul but est d’amener l’interlocuteur à la réflexion. En interrogeant les disciples, Jésus souhaite être en communion avec eux, communion si souvent figurée par le partage d’un repas. Comme ils n’ont rien à lui offrir, c’est lui qui pourvoit à tout.

Et il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc ; et ils ne pouvaient plus le tirer, à cause de la multitude de poissons.

Lorsque Jésus parle, tout change et le résultat dépasse toutes les espérances. Les ordres de Jésus s’accompagnent souvent de promesses et d’encouragement qui fortifient la foi. Ainsi lorsque le Seigneur dit : « Venez à moi, vous tous qui vous peinez sous le fardeau… », il ajoute immédiatement : « Je vous donnerai le repos » (Mt 11,28). Les disciples pressentent que cet homme pourrait être Jésus. C’est peut -être pour cela qu’ils sont si prompts à obéir à un inconnu malgré une nuit éprouvante et infructueuse.

« C’est le Seigneur. » Le disciple que Jésus aimait est le premier disciple à reconnaître Jésus à la vue de cette pêche miraculeuse et grâce à son discernement spirituel. Cette révélation rappelle celles rapportées par Marie-Madeleine : « J’ai vu le Seigneur » (Jn 20,18) et par les disciples : « Nous avons vu le Seigneur » (Jn 20, 25). « Simon-Pierre ceignit son vêtement. » Ayant encore son autonomie et sa volonté, Pierre prend soin de se vêtir avant d’aller vers Jésus. Comme Adam et Eve se vêtent après le péché originel pour apparaître devant Dieu (Gn 3,7), Pierre ceint son vêtement après son reniement pour apparaître devant Jésus.

Plus qu’aucun autre, Pierre éprouve un besoin profond d’entendre de la bouche de Jésus une parole de pardon, de réconciliation et d’amour.

Quand donc ils furent descendus à terre, ils voient un brasier disposé là et du poisson placé dessus et du pain. « Un brasier disposé là. » Le mot brasier apparaît ici comme il figure pour la première fois au moment du reniement de Pierre dans la cour de Caïphe (Jn 18,18). Dans le Nouveau Testament, ce mot brasier n’apparaît que deux fois, seulement dans l’Évangile de Jean qui l’utilise intentionnellement pour rapprocher ces deux passages.

« Apportez de ces poissons que vous venez de prendre. » Jésus s’adresse à l’ensemble des disciples. Il demande régulièrement à l’homme de participer à son action.

Simon-Pierre monta donc dans la barque et tira le filet à terre plein de cent cinquante-trois gros poissons ; et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne se rompit point.

« Cent cinquante-trois gros poissons » Pourquoi le texte donne-t-il un nombre aussi précis ? Selon saint Jérôme, la multitude de poissons (Jn 21,6) représente le nombre de nations recensées à l’époque. La pêche recueillie n’est donc autre que l’universalité de l’humanité.

Jean insiste sur le fait que personne n’ose interroger leur hôte car ils tiennent à garder une distance avec Jésus ressuscité, différent de celui qu’ils ont connu sur les routes de Palestine, que l’on pouvait toucher, voir et entendre. L’expérience de Jésus ressuscité n’est pas différente de ce qui se vit depuis deux mille ans. Seule la foi donne de sentir sa présence.

Sr Bénédicte You

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