Évangile du Vendredi 29 avril 2022 – Sainte Catherine de Sienne 2e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » Mt 11, 25-30
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Méditation
D’entrée de jeu, il me semble que cet évangile ne cadre guère avec notre monde d’aujourd’hui, il rehausse d’une manière criante, l’écart qui se trouve entre nos grandeurs humaines d’auto-suffisance et celles de Dieu, Son Amour humble et doux qui s’offre à nous sans violence ni suffisance. Dans un monde régi par la recherche constante du pouvoir et du contrôle, par la loi du plus fort, du plus riche, du plus imposant, par la convoitise, par l’économie de la violence et des guerres, la douceur et l’humilité sont des termes indéchiffrables et inconcevables. Dans une société où nous sommes constamment poussés à se battre pour être reconnus, à se gonfler pour avoir une place, où l’importance est mise sur la grandiosité des titres, des grades et des échelons sociaux, louer la petitesse est de l’ordre de l’hérésie et de la contrevérité.
Et pourtant, c’est bien cette petitesse déroutante qui est l’essentielle grâce dont nous avons besoin afin de naitre à notre vraie grandeur divine.
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Mais quel est ce secret que Dieu cache à ceux qui prétendent la sagesse et pour lequel Jésus exulte de joie et de louange ?
Contemplons ce chant de gratitude de Jésus à Son Père qui, de par l’abondance de Son Amour, a tout remis entre les mains du Fils afin de nous faire participer à cette connaissance dont Il est le dépositaire. Cette connaissance n’est pourtant accessible qu’aux tout-petits, car étant complètement effacés devant Dieu, ils permettent à Sa Parole, à Son Fils et à Son Esprit de demeurer entièrement en eux, de se révéler et de naitre en eux au cœur du monde. Les intelligents de ce monde et les sages sont remplis de leurs savoirs au point qu’il n’y a plus de place en eux pour Dieu; ils connaissent bien des concepts mais demeurent ignorants de la vraie connaissance, car elle n’est que le fruit d’une rencontre amoureuse avec Celui qui est la Vérité. Les tout-petits ont appris à se reposer en Dieu, à ne rien chercher à l’extérieur de Lui, à ne pas s’appuyer sur leurs propres forces mais sur Sa force en eux, à ne pas prendre la première place mais à Lui laisser toute la place. Ils sont tout-petits non pas parce qu’ils ne croient pas en leur valeur, ou qu’ils soient médiocres, mais parce qu’ils ne se voient pas sur un piédestal, cherchant les honneurs mondains, ils savent que leur vraie grandeur repose en Celui qui vit en eux.
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme »
À l’école de Jésus, nous devenons disciples de la douceur, disciples de l’humilité au risque même d’être incompatibles avec la vision de notre monde; le doux est un amorphe, sans caractère, l’humble ne sait pas s’affirmer, il se laisse manger la laine sur le dos, nous dira-t-on. Et pourtant, nous sommes bien au cœur de l’essentiel, « Si vous me demandez ce qui est le plus essentiel dans la discipline de Jésus-Christ, je vous répondrai : d’abord, l’humilité, ensuite, l’humilité et en troisième lieu, l’humilité » (Saint Augustin). L’humilité est notre pierre de fondation et la douceur notre véritable force. La douce humilité agenouillée et recueillie est invincible, irrésistible car elle rejoint celle de Dieu, elle est enracinée dans son Amour. Le cœur du plus petit peut soulever le monde, car dans son amour il accomplit Celui de Dieu. Les tout-petits sont les révélateurs de la vraie grandeur de Dieu, de l’authentique grandeur de l’humain, car dans leur profond dépouillement, ils sont complètement imbibés par la révélation de Dieu qui a déposé en eux Son Amour, et il n’y a rien de plus grand que l’A(a)mour.
À l’école de Jésus, commençons par s’enraciner dans Son Cœur et plonger tout notre être dans l’abîme de Sa miséricorde, car seule la Miséricorde doit être à la source de tout ce qui bouge en nous, sinon notre douceur risque de traduire un pathétisme lamentable et notre humilité une mortification sordide.
À l’école de Jésus, offrons-nous entièrement à Lui, comme Dieu, tout don et tout Amour au cœur de la Trinité, laissons-Le nous modeler de l’intérieur pour être Son cœur doux et humble au sein de notre monde. Par cette douceur et cette humilité, nous serons un lieu de repos pour l’autre, car nous aurons appris à nous reposer en Dieu, à respirer un Dieu engagé dans nos vies jusqu’à porter sur Ses épaules notre poids d’être.
Ne fuyons pas notre petitesse, embrassons-la et aimons la dernière place car c’est justement là où l’on peut rejoindre Dieu.
Implorons Jésus de transfigurer notre cœur pour qu’il devienne un sanctuaire, un berceau de la miséricorde divine et que notre vie révèle la grandeur de Dieu, Son humble Présence et Sa solide douceur « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Notre vie sera légère car relevée de l’intérieur sur les bras de Jésus, elle sera un continuel chant joyeux de louange et comme Sainte Catherine de Sienne, nous ne dirions plus « Seigneur je vous recommande mon cœur », mais « Seigneur je vous recommande Votre cœur », car Son cœur sera devenu le nôtre.
Gladys El Helou
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