Méditation : La proximité de l’Origine (No 200)

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du Jeudi 28 avril 2022 – 2e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main » Jn 3, 31-36

« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »

Méditation

« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. » Ces paroles, prononcées par Jean-Baptiste, prennent tout leur sens après Pâques, puisqu’elles nous rappellent la distance considérable qu’il y a entre notre vie présente, terrestre, et notre Vie promise, filiale, divine et éternelle. Elles sont une réplique à ce que Jésus disait à Nicodème dans les versets précédents « Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut » (Jn 3,6-7). Ce que St Paul interprètera ainsi : « Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre; le deuxième homme, lui, vient du ciel » (1Cor 15,47). Sur le chemin de la Résurrection, sur le chemin de notre pâques, nous sommes appelé(e)s à naître d’en haut, à naître à notre vie filiale promise, à devenir de la même nature que le deuxième homme. Pour cela, nous avons besoin de réorienter notre vie terrestre vers son origine en Dieu, de la déplacer de cette orbite qui la fait tourner sans cesse autour du mal et qui l’enchaine à la loi du péché qui lutte en nous (Rm 7,23). Il nous faut ouvrir notre être dans son intégralité à Celui qui vient du ciel, au Fils qui sans cesse nous fonde dans notre filiation divine et nous réoriente vers notre origine en Dieu. Il nous faut laisser le Souffle de l’Esprit pousser dans les voiles de notre vie afin de nous permettre ce passage vers notre genèse. Cette naissance à notre origine n’est pas un retour en arrière mais un itinéraire vers la source de notre être, vers la proximité des commencements. Se tenir dans cette proximité des commencements c’est se rendre aux confins de ce qui est à l’origine de notre être, le Verbe fondateur de l’être, cette Parole Créatrice qui nous fait exister et être ce que nous sommes « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn1,1). Cette Parole en actes est constamment en mouvement, puisqu’orientée vers Dieu, le Père fondement de toute origine, entretenant une relation d’intimité avec le Fils, qui dit sans cesse les Paroles de Dieu, et portée par le Souffle, l’haleine de Vie.

Le commencement est à chercher ici et maintenant, dans le présent de notre histoire, avec toute son épaisseur, son passé, son mal subi et commis, son potentiel de richesses et de ressources encore inconnues, inexploitées. Il n’existe pas de devenir en dehors du passé et du présent car ils sont les fondements de notre transformation, les dalles sur lesquelles notre passage sera construit. « Lève-toi, prend ton grabat et marche » (Jn5,8). « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24), c’est ainsi que Jésus nous appelle à se lever et à marcher, avec notre passé et ses croix.

La proximité des commencements aiguise notre conscience sur l’esclavage du mal et nous attise à se mettre en marche vers notre filiation; la proximité de l’Origine, de la Source réveille en nous une autre soif, celle du tout Autre, de Sa Présence.

Ces versets d’Évangile, que la liturgie nous propose aujourd’hui, révèlent le dramatique poids de notre liberté et de nos choix; si nous nous entêtons à refuser le Fils, à choisir la mort et bien, nous ne verrons jamais la Vie, et nous finirons brûlé(e)s par la mort, par l’absence de Dieu. « Qui adhère au fils a la vie en pérennité. Qui refuse d’adhérer au fils ne voit pas la vie, mais la brûlure d’Elohîms demeure sur lui. » (Chouraqui). Ainsi l’écart entre notre vie terrestre actuelle et celle promise est bien le résultat de la distance que nous avons prise avec Jésus, le Fils et l’Homme-Dieu qui s’est incarné, le Nazaréen qui a parcouru les chemins de Palestine et qui nous a transmis en paroles d’homme ce qu’il a vu et entendu auprès du Père.

Le chemin de la Vie nous est tracé, voudrions-nous le prendre? Choisirions-nous de nous rendre à la proximité de l’Origine, de la Source? Et qu’y a-t-il au commencement sinon cet Autre, cette Présence rendue accessible par Jésus, le visible de l’Invisible?

Se tenir dans l’intimité de sa Présence, c’est aussi demeurer dans la Parole, dans la Relation qui unifie; relation de notre présence à Sa Présence, de notre souffle humain au Souffle divin qui est à l’Origine de tout ce qui vit et respire.

C’est une invitation qui nous est faite aujourd’hui, à entrer dans cette intimité relationnelle, dans cette dynamique trinitaire et à participer à la Vie intérieure du Dieu Vivant, dans le concret de notre vie.  

Prenons le chemin vers notre première demeure, le chemin vers notre Origine, retrouvons les chemins de l’A(a)mour.

Débarrassons-nous de tous nos savoirs lourds et inutiles qui nous empêchent de nous approcher et de connaitre Jésus, recevons-Le dans notre terre profonde et qu’Il soit, Lui seul, la source de chaque acte que nous posons et de chaque pensée qui nous anime.

Rendons-nous à la Source, là, nous serons capables de voir toute chose et tout être dans son Origine qui nous est commune, nous serons alors dans la fraternité, dans la communion au cœur Trinitaire de Dieu.  

Gladys El Helou

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.