Évangile du samedi 16 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« L’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire » Lc 12, 8-12
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié à son tour en face des anges de Dieu. Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Quand on vous traduira devant les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire. »
Méditation
J’avoue me trouver sans intelligence devant les trois premiers versets de ce texte. Peut-être parce que je les trouve sans espérance ou qu’ils me découragent de moi et de tout humain.
Le Père a deux mains, le Fils et l’Esprit, et c’est par eux qu’Il a tout créé et tout sauvé. Mais l’Évangile d’aujourd’hui nous est dit que nous pouvons renier le Fils et blasphémer contre l’Esprit. Si nous renions le Fils, Il nous reniera “en face des anges de Dieu”. Si nous blasphémons contre l’Esprit, “cela ne (nous) sera pas pardonné”. Comment entendre ces paroles sans désespérer ou même se questionner sur le sort de Pierre qui a, lui-même, même a “renié” le Fils ? N’a-t-il pas, du même coup, blasphémé contre l’Esprit ?
Nous avons médité sur toute une série de “malheurs” récemment et nous avons entendu qu’il nous faut craindre “celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne” (v. 5). Il me semble que ces textes nous placent devant une sorte de crescendo devant la dérive possible de notre liberté, qui peut se rendre jusqu’à choisir les ténèbres à la Lumière. Seuls le Christ et l’Esprit peuvent mettre fin à cette escalade funeste mais, sans nous, sans notre consentement à nous laisser sauver, c’est-à-dire aimer, nous avons peu d’espérance et notre fin sera bien triste.
Dieu est là pour nous, et ce, jusqu’à la dernière seconde de notre vie. Mais si, à cet instant, dans une pleine conscience de notre vie et de qui nous sommes vraiment mais, surtout, de qui est Dieu et de l’Amour qu’Il nous offre, nous posons le dernier acte de reniement et le dernier blasphème, tout horizon se fermera pour nous. Est-ce cela que Jésus veut nous faire comprendre avant qu’il ne soit trop tard ?!
Mais est-ce possible qu’un humain soit si fou pour refuser un tel trésor d’éternité ?! Est-ce que la grandeur de la liberté humaine peut correspondre à un tel choix de ténèbres ? Je ne peux le croire. Je nous imagine devant Dieu, nous sentant aimés infiniment, sans retour, peut-être pour la première fois, et nous voyant connus et reconnus comme nous sommes, selon la beauté unique avec laquelle Dieu nous a créés et nous voit, comment pourrions-nous dire non ?
Je me souviens, par exemple, d’un homme que j’ai connu maniaco-dépressif, alcoolique, violent à ses heures. Quand il est mort, je me suis dit : celui-là va monter au ciel comme une fusée. Ce dont il a eu vraiment soif toute sa vie, lui est enfin donné : Amour, Reconnaissance, Pardon… Je pensais aussi : Serais-je moi, à mon dernier instant, cette éponge prête, comme cet homme, à tout absorber l’Amour que Dieu veut me donner ou serais-je si plein de moi que Dieu aura de la difficulté à être accueilli ?
Je crois, plus qu’à aucun autre moment de notre existence, devant Dieu même, nous n’aurons pas à chercher avec inquiétude quoi dire ” l’Esprit Saint (n)ous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire “. Aucun reniement de notre vie et aucun blasphème contre l’Esprit ne sauraient empêcher le Fils et l’Esprit de nous transformer pour nous présenter au Père. Nous sommes appelés à espérer pour toutes et tous, car Dieu veut changer notre tristesse en gloire. Dieu ne nous manquera jamais…
Toujours la Parole nous dira et l’Esprit nous emportera ! Parole et Esprit demeureront toujours en nous la prière du Père qui d’éternité nous attire à Lui !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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