Méditation quotidienne du jeudi 2 mars : Prière Divine (No 165 – série 2022 – 2023)

Image par karamel de Pixabay

Évangile du Jeudi 2 mars 2023 – 1re semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Quiconque demande reçoit » Mt 7, 7-12

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. Ou encore : lequel d’entre vous donnera une pierre à son fils quand il lui demande du pain ? ou bien lui donnera un serpent, quand il lui demande un poisson ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent !
Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. »

Méditation

Le texte d’aujourd’hui est plein d’espérance, car il nous est dit : « quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira ».  Mais le titre donné à ce verset dans la Bible de Jérusalem, à savoir « Efficacité de la prière », porte un danger en regard de notre vie de prière.  Qui, de fait, ne s’est pas questionné sur l’efficacité de sa prière, et ce, jusqu’à en perdre la foi, à croire que Dieu ne répond jamais, qu’Il n’a cure de nous et, même, qu’Il n’existe pas. Il y a un danger à considérer la prière, et son efficacité, comme un seul acte humain et, plus encore, à créer une image de Dieu « commerçant » avec qui on négocie ce que nous désirons.

La prière est un acte et, surtout, une attitude d’être d’une grande beauté mais, même là, notre cœur peut s’égarer. Et notre cœur s’égare au sein même de la prière, car, paradoxalement, nous sommes centrés sur nous, nous faisons reposer la prière et son efficacité sur nous, avec les jugements qui se glissent sur nous quand, à notre point de vue, Dieu ne répond pas, et nous sommes comme conditionnés à chercher, par celle-ci, à faire entrer Dieu en nous.

J’aimerais donc traiter d’un sujet vital : prier Dieu par, avec et en Dieu. Seule une prière unie au Fils et à l’Esprit trouve son juste chemin, loin du mal, vers le Père.

« Quiconque demande reçoit », cette affirmation de l’Évangile ne doit pas cacher une réalité essentielle, soit que le Fils est venu en ce monde et nous a offert son Esprit afin que nous participions, au cœur de notre prière, à la Sienne vers le Père dans l’Esprit. Jésus n’a-t-il pas averti ses disciples, et nous-mêmes, en leur disant « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit complète » (Jn 16, 24).  Et demander en son Nom signifie : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l’aurez » (Jn 15, 7).  À cela s’ajoute les paroles de saint Paul sur l’Esprit : « Pareillement l’Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26). Ceci signifie donc que nous ne pouvons « demander » sans permettre au Fils et à sa Parole de « demeurer » en nous afin que, vivants en nous, nous prions le Père par le Fils, portés par les « gémissements ineffables » de l’Esprit qui lui sait ce qui correspond « aux vues de Dieu » (Rm 8, 27).

De la même façon, « qui cherche trouve » survient seulement si est saisi que Dieu nous cherche le premier. C’est pourquoi saint Jean écrivait : « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils » (1 Jn 4, 9-10). Dans ces mots de Jean, ceci signifie que nous prions si, comme la brebis perdue, nous nous laissons trouver par Dieu, que nous nous laissons aimer par Dieu et que nous nous laissons entraîner dans l’Amour mutuel du Père, du Fils et de l’Esprit. Si nous le faisons, tout ce que nous vivons devient prière car saisi dans leurs relations amoureuses.  En nous vivant comme aimés les premiers par Dieu, nous apprenons à tout vivre par, avec et en leur Amour.

Dans cette perspective, l’Apocalypse nous rappelle que l’« à qui frappe, on ouvrira » repose sur « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). Dieu, ici aussi, est le premier qui frappe à la porte de notre cœur et, si nous lui ouvrons, il viendra demeurer en nous. N’est-ce pas là son plus grand désir : « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15, 4).

Au terme de cette méditation, rappelons-nous que toute notre vie si nous voulons qu’elle devienne prière et qu’elle demande, cherche et frappe à la porte du Cœur de Dieu, nous devons d’abord nous laisser rejoindre par Dieu qui nous demande, qui nous cherche et qui frappe à notre porte, afin que nous demeurions en Lui et Lui en nous. Ce faisant, notre prière deviendra la prière de Dieu, et Sa prière la nôtre. C’est le Fils et l’Esprit qui prierons en nous le Père et cette prière sera tissée de leur Amour même. Si nous acceptons l’inconcevable de saisir que notre prière est, en réalité, notre consentement constant à laisser les Personnes divines s’aimer et se communiquer l’Une à l’Autre par nous, alors tout appel vers Dieu trouvera réponse. Que notre prière humaine se rappelle qu’elle est pleinement humaine que pleinement divine par, avec et en Dieu !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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