Méditation quotidienne du vendredi 24 février : La Loi avec une figure humaine (No 159 – série 2022 – 2023)

Évangile du Vendredi 24 février 2023 – Vendredi après les cendres (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront » Mt 9, 14-15

En ce temps-là, les disciples de Jean le Baptiste s’approchèrent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront. »

Méditation

Ce court texte de Matthieu, qui nous est présenté aujourd’hui, n’est qu’une réplique du message révolutionnaire de Jésus qui parcours les évangiles synoptiques. Jésus de Nazareth est un non-conformiste, qui n’a jamais hésité à faire éclater les cadres rigides et froids de la loi et des observances religieuses, afin de les replacer dans leur perspective première qui est l’Amour et la Liberté. Il a fait don à l’humanité d’une Vérité qui la rétablit dans sa dignité, d’une Vérité parfois tellement intolérable qu’elle lui a valu Sa mort sur la Croix.

« Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

Dans l’Ancien Testament, le jeûne était imposé une fois par an, signe de pénitence et de deuil au grand jour du pardon, « une fois par an, pour les fils d’Israël, on accomplira le rite d’expiation de toutes leurs fautes » (Lv 16,34). Bien au courant de cette loi, Jésus utilise la figure de l’Époux dans sa contestation, afin de dénoncer l’absurdité des propos accusateurs qui Lui sont adressés : le jeûne n’a pas sa place pendant les noces, la tristesse et la pénitence détonnent d’une manière anachronique avec la Joie de se retrouver en présence de l’Époux. La pratique de la dévotion ne doit jamais être un absolu, elle se veut un élan d’amour dans la liberté, une réponse au désir d’Amour de Dieu pour nous.

« Je ne suis pas venu abolir la Loi mais l’accomplir » (Mt 5, 17). Les normes et les lois sont nécessaires à l’ensemble des peuples terrestres depuis l’antiquité, notamment le peuple chrétien, afin de protéger l’humain contre les dérapages et garantir un chemin d’avenir à tous. Mais comme nous le savons si bien, il y a mille et une manière d’échapper à la loi et ou de l’instrumentaliser. La loi, bien que nécessaire, n’est pas suffisante, et même la morale ne l’est pas non plus. Toute loi ou morale, et par excellence celle du christianisme, qui demeure extérieure à l’humain, reste abstraite, froide, inféconde, incomplète. Pour que la Loi soit accomplie, le Christ la replace sur l’horizon de son orientation première, qui est la Grâce dans l’Amour. La Vie nous est donnée par Amour, chacune de nos vies est revêtue d’une infinie dimension de tendresse qui la rend infiniment belle et précieuse. Pour que la loi soit accomplie, elle a besoin d’être intériorisée dans les profondeurs de notre cœur jusqu’à rejoindre le centre où l’Amour nous habite, afin de rejaillir magnifiquement recréée dans la liberté.  Dieu n’est pas un décret-loi, Il est Amour. Le Dieu qui se révèle en Jésus, n’est pas un maitre extérieur, qui impose des interdits sur une part de notre vie comme si c’était sa propriété. Le Christ nous révèle un Dieu Trinitaire, éternel don et perpétuel échange d’amour, un Dieu qui désire nous faire goûter à Son Don, pour devenir nous-mêmes dons et donateurs d’A(a)mour. C’est d’ailleurs pourquoi Jésus a eu ces nombreuses controverses avec les autorités religieuses, pour que nous cessions d’être esclaves d’une loi extérieure, d’une servitude absurde. La seule exigence, la seule loi est celle de l’Amour, si magnifiquement exprimée par St Augustin : « aime et fais ce que tu veux ». Maurice Zundel dira plus tard : « il n’y a pas de morale chrétienne, il y a une mystique chrétienne ».

Le cœur de l’évangile, le centre du message de Jésus c’est qu’entre Dieu et nous, il n’y a pas des devoirs, des procès et des jugements, entre Dieu et nous il n’y a que l’Amour. Chaque action, chaque parole, chaque abstinence, chaque dévotion est appelée à être un petit acte d’amour. Le seul mal est de refuser d’entrer dans cette circulation d’Amour.

Pour saisir la loi dont parle Jésus, il nous faut se situer à l’intérieur, dans la vie de l’Esprit en nous, et à partir de ce centre faire remonter nos œuvres vers la périphérie. Le jeûne, la prière, le repos, le bien à faire et le mauvais à éviter…et toute la loi prendra alors une figure humaine. La vertu cessera d’être un simple obéissement à une morale, mais elle deviendra une profonde relation d’Amour avec l’A(a)utre. Le péché cessera d’être une simple transgression d’une loi, mais révèlera une douloureuse blessure d’amour infligée à l’A(a)utre. Le jeûne cessera d’être un signe de pénitence méritoire, mais il dévoilera une profonde aspiration à se rapprocher de l’Époux, de l’Amour.

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

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