Méditation : Pauvreté et richesse (No 142)

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du Mardi 1 mars 2022 – 8e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Vous recevrez, en ce temps déjà, le centuple, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle » Mc 10, 28-31

En ce temps-là, Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »

Méditation

Jésus vient de rencontrer le jeune homme riche et qui, invité à le suivre, a refusé et est parti tout triste. Jésus qui, au premier regard, l’a aimé témoigne de sa propre tristesse mais, aussi, de l’impossible pour l’humain d’être sauvé sans Dieu. Les disciples, devant cet impossible, se sont inquiétés et la question de Pierre au début de cet évangile laisse transparaître l’inquiétude : “Voici que nous avons tout quitté pour te suivre”. Pierre veut-il consoler Jésus en lui rappelant qu’eux ont accepté de le suivre ou se demande-t-il si, dans une sorte de donnant-donnant, “cela apporte-t-il quelque chose de tout quitter ?”

Une condition de la vie spirituelle à la suite du Christ est de “tout quitter” pour Lui ou de tout Lui abandonner. Et les exemples que Jésus donne dans sa réponse ne laisse pas présager le contraire : “une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre”. En fait, la liste pourrait être allongée sans fin, car le Seigneur demande “tout”.

Le mot “quitter” ne signifie pas que toutes ces choses ou ces êtres ne doivent plus être dans nos vies mais que Dieu soit premier. C’est ce que Jésus exprime en soulignant la cause de ce “tout quitter” : “à cause de moi et de l’Évangile”.

Quitter ou laisser est un appel à “tout” vivre à partir du Fils, de la Parole, Lui abandonnant “tout”. Autrement dit, ce “tout” prend son importance et son véritable sens si “tout” est au service de Dieu, que “tout” est inclus dans la mission qui nous est confiée. Et c’est là que survient le centuple ou, pour reprendre un thème des méditations précédentes, la “multiplication”.

Si “tout” ce que nous sommes et “tout” ce que nous possédons est propriété du Seigneur, car nous le “laissons” vivre, agir, parler, marcher, se reposer… par, avec et en nous, alors “tout” acquière une fécondité insoupçonnée. Même le plus simple, le plus pauvre, le plus faible… “se centuple” de Dieu et communique sa Vie. L’humain éprouve alors, dans la foi obscure, la plénitude d’un Autre Don, d’un Dieu qui se répand d’Amour sur le monde.

Bien sûr, une telle façon d’être se pose en contradiction avec le monde, car La Vérité qu’est Dieu en nous est Elle-même signe de contradiction. Et il ne faut pas croire ici que seules les personnes dans les ténèbres réagissent négativement ou se posent en contradiction mais, paradoxalement, ce sont souvent les personnes qui ont vu la Lumière et qui éprouvent, malgré tout, de la jalousie, du jugement, du rejet…

Le jeune homme riche, par exemple, suivait à la perfection tous les commandements de Dieu mais il s’est senti incapable de “tout quitter”. Tant de religieux/religieuses, de prêtres ou de bons chrétiens…, avec le temps, ressentent le besoin de prendre ou de reprendre. C’est comme s’ils avaient déjà trop donné et, à cause de cela, n’ont-ils pas droit de “s’offrir des consolations” ? Avec le temps, ils deviennent maître de leurs consolations et de leurs vies et finissent même par détester ou jalouser “ceux qui veulent tout quitter pour un Autre”.

Si bien que ces premiers auront déplacé doucement Dieu en dernier et les nouveaux derniers dérangeront, car ils ont mis Dieu en premier. Il est difficile comme chrétiens de ne pas devenir riches ou de ne pas récupérer de la richesse et, tranquillement et presque’imperceptiblement, de ne plus s’attacher à Dieu dans le dépouillement.

Demandons à Jésus de veiller sur nous en nous gardant pauvres pour que pauvres nous puissions veiller sur Lui. Sachons-le : à chaque geste de possession de notre part, nous dépouillons Dieu de notre amour et le rangeons un peu plus au placard. Je suis, tous les jours, ce jeune homme riche… et je pars triste; si je pouvais reconnaître alors la tristesse que Dieu éprouve de mon éloignement ! Que Dieu, à cette approche du Carême, nous guide sur ce chemin de pauvreté et de cette tristesse selon Dieu !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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