Méditation : Suivre Jésus (No 131)

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Évangile du Vendredi 18 février 2022 – 6e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera » Mc 8, 34 – 9, 1

En ce temps-là, appelant la foule avec ses disciples, Jésus leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? Que pourrait-il donner en échange de sa vie ? Celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »
Et il leur disait : « Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu venu avec puissance. »

Méditation

Dans le texte de l’évangile d’hier, Pierre a fait une prodigieuse déclaration devant les disciples en répondant à Jésus « Tu es le Christ » (Mc 8,29) et Jésus leur a révélé, pour la première fois, qu’Il devait beaucoup souffrir (Mc 8,31). Aujourd’hui, Il nous précise ce que cela signifie : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Cette croix que Pierre a voulu écarter, Jésus nous invite à la prendre résolument à sa suite. Notre croix n’est pas sur le Golgotha, elle est plantée dans notre quotidien, dans nos propres souffrances et dans les épreuves de notre vie. Elle est à porter là où il y a des personnes qui souffrent, qui pleurent, qui ont faim ou soif, qui sont prisonnières du mal et de la violence. Prendre nos croix et suivre Jésus, commence par une réconciliation avec notre finitude humaine, avec nos fragilités, nos limites et nos faiblesses. Prendre nos croix et suivre Jésus, c’est accueillir les souffrances lorsqu’elles se présentent dans notre vie, non dans la soumission et la résignation, mais dans la confiance qu’il y a un Autre qui nous porte et qui veille avec nous, dans nos nuits. Consentir à traverser les épreuves nous dépouille, nous met à nu dans notre être. Dans cette nudité, l’essentiel se révèle à nous, nous reconnaitrons alors la Présence de Dieu et Son Amour en tout, et cela nous suffira. Notre vie deviendra dès lors respiration de Son Souffle, présence permanente au Père, elle sera libre, légère car délivrée de la pesanteur de nos propres volontés égoïstes.

« Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Jésus veut nous introduire dans une autre dynamique, nous apprendre qu’il y a un indispensable renoncement à faire. Lorsque nous choisissons de tout laisser et de Le suivre, tout ce qui constituait notre vie d’avant avec son confort et ses sécurités perd de son caractère prioritaire, perd de son importance. Notre renoncement devient une joie, une légèreté.

« Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? Que pourrait-il donner en échange de sa vie ? » Pour retrouver la Vie, il nous faut perdre la nôtre en Dieu, vivre en se perdant continuellement en Lui; comme un ruisseau qui laisserait couler son eau en pure perte, alors toute l’eau de la Source passera en lui.

Vain serait d’abandonner toutes les possessions que nous avons, si on n’arrive pas à s’abandonner nous-même à Dieu, si on n’arrive pas à faire ce lâcher-prise pour se laisser porter et nourrir par Lui, chaque jour à la fois.   

Suivre Jésus n’est pas un engagement à éteindre en nous ce que nous sommes, mais un engagement à rester dans une disponibilité totale à Lui, en tout moment.

Suivre Jésus, c’est accepter de vivre notre quotidien comme une offrande au Père, c’est dire comme Marie « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ! » (Lc 1,38)

Suivre Jésus, c’est vivre comme Lui dans une totale dépossession de soi : « Nul n’a de plus grand amour que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. » (Jean 15,13). Que d’exigence en cette Parole, mais que de bonheur !

Lorsque nous abandonnons toute notre vie à Dieu, même notre chemin ne relève plus de nous, il Lui appartient et il devient un mystère de joie en abondance, de joie parfaite.

Porter notre croix et le suivre est une traversée dans les feux de l’Amour afin que soit purifié en nous le mal qui nous habite, et que soit révélé à nous notre vraie destination.

  « Celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »

Puissions-nous oser que nos vies soient témoignages de Dieu, sans avoir honte du chemin à suivre. Oser prendre les sentiers tortueux, incertains, étroits, oser poser nos pas sur un sol qui ne semble pas toujours ferme, oser ce saut dans le vide avec la certitude qu’Il sera avec nous et qu’Il affermira la terre sous nos pas.

C’est le rude chemin que la petite messagère de Lourdes, Sainte Bernadette Soubirous que l’on fête aujourd’hui, a suivi. Elle a osé marcher dans sa mission les pieds nus, sur des sentiers jalonnés par les refus, les rejets et les moqueries de tous les représentants civils et religieux de l’époque, et même de sa propre famille. Elle a porté, sans argumenter, le fardeau de ses multiples croix, gardant dans son cœur de pauvre la certitude de l’Amour de Dieu et le sourire de l’Immaculée Conception.

Pour suivre Jésus, il n’y a pas mille chemins, il n’y a qu’un seul chemin qui est le Sien. Puissions-nous tomber en amour avec Son chemin, si crucifiant soit-il !

Gladys El Helou

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