Évangile du Vendredi 16 septembre 2022 – 24e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Des femmes les accompagnaient et les servaient en prenant sur leurs ressources » Lc 8, 1-3
En ce temps-là, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.
Méditation
Dans les récits évangéliques, Jésus nous est présenté comme un itinérant qui se déplace d’un village à l’autre, marchant sur les routes de la Galilée, n’ayant pas un domicile fixe. Il ne passe probablement pas deux nuits de suite dans une même place. Cela ne devrait pas être drôle de le suivre, de quitter une condition sociale stable pour devenir des marcheurs et des marcheuses sur les routes. Et pourtant, non seulement les douze disciples le suivaient assidûment mais il y avait également des femmes qui l’accompagnaient fidèlement, malgré la vulnérabilité de leur situation à l’époque. Luc en nomme trois, révélatrices de toutes ces femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain qui ont suivi, qui suivent et qui suivront Jésus partout jusqu’à donner toute leur vie pour Lui.
Qui étaient ces femmes et qu’est-ce qui les embrasait de l’intérieur?
Leur vie fut éclairée par une Présence, elles vivaient dans la Lumière de Dieu et tout leur être reflétait cette Lumière. Elles sont l’exemple par excellence de ce que St Paul recommandait aux Corinthiens : « Tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu. » (1 Cor 10,31). Leur mission était de suivre et de servir. Leur rôle n’était guère une forme de servitude auquel on a souvent tenté de réduire les femmes. Suivre et servir, c’est écouter la Parole et la méditer dans son cœur, c’est oser croire jusqu’à tout laisser pour marcher à Sa suite, c’est espérer contre toute Espérance, c’est revêtir le Christ et faire advenir le Royaume de Dieu. Suivre et servir c’est avant tout contempler « la Vie cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3), c’est savourer toute parole et geste de ce Fils de Dieu incarné, c’est faire oraison jusqu’à ce que toute sa vie resplendisse de Lui. Ces femmes ont eu une foi silencieuse, solide, inébranlable, non en paroles mais en actions, qui fait contraste à celle des disciples souvent hésitante, balancée par des élans et des reniements.
Ces femmes qui furent des ressuscitées avant la résurrection, ont commencé par se laisser visiter dans leurs blessures, elles ont fait l’éprouvant chemin de la descente dans leur tombeau; elles ont osé prendre le chemin de l’humilité, de la pauvreté et de la confiance. Le texte nous précise justement que ces femmes avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais. Marie Madeleine, profondément perturbée, fut libérée de sept démons par Jésus. Sans doute que les gens à l’époque la considéraient irrécupérable, mais parce qu’elle avait cru en Jésus et s’est laissée modeler par Sa Parole, elle est devenue la première missionnaire, l’apôtre des apôtres.
Ces femmes qui suivaient Jésus l’ont suivi jusqu’au bout, jusqu’à la croix. Porteuses de parfums et d’aromates, d’une fidélité à toute épreuve, elles sont allées jusqu’au bout du service sans craindre les dérisions de leur entourage. Elles sont restées présentes au moment de la passion et furent les premières à monter avec courage au sommet du Golgotha. Ces premières contemplatives en profondeur de la divinité de Jésus reçurent la grâce d’être les premières à Le reconnaitre, et c’est à elles que fut confiée la mission d’annoncer aux apôtres qu’Il est vivant (Mt 28,1-10; Lc 24,1-10).
Mettons-nous à genoux devant Marie Madeleine, devant Jeanne, devant Suzanne et devant toutes ces femmes d’hier et d’aujourd’hui, qui ont choisi de croire en Lui, de tout laisser pour Le suivre et de ne vivre que pour Lui. Elles sont pour nous un phare tant leur vie dirige nos regards vers Celui qui est le Chemin et la Vie; elles sont un témoignage vivant d’Espérance, de foi et de confiance; elles sont pour nous le parfum du ressuscité et l’onction de Sa grâce. Bienheureuses ces femmes missionnaires, contemplatives, consacrées… portant la Lumière de Jésus dans leur être, marchantes sur les chemins de notre monde, priantes dans le silence des jours et des nuits, présentes humblement à l’heure des souffrances. Elles ont reconnu Jésus de l’intérieur, à partir de leur vie profonde en Lui et sont entrées dans Son intimité. Désormais, elles ont atteint l’éternité dans un temps hors de notre temps.
Méditons leur vie pour s’y inspirer et y puiser car elles sont un merveilleux message d’Espérance. Elles ont osé renoncer à tout ce qui les encombrait, à tout ce qui les retenait en arrière et alourdissait leurs pas, elles n’ont pas hésité à se débarrasser de tous les faux bonheurs; pour elles, Jésus seul suffisait.
Chacun.e de nous est appelé.e à cette Bonne Nouvelle, dans l’unicité de notre vie quotidienne, qu’elle soit séculière ou consacrée, professionnelle ou familiale, sociale ou retirée, peu importe où nous sommes ou ce que nous faisons dans la vie. Personne n’est écarté, nul n’est discrédité, ni par son passé, ni par ses blessures, ni par ses limites et ses faiblesses. Chacun.e peut se voir confier le service de porter le Christ et d’être Évangile. La seule condition est d’oser croire et suivre Jésus avec un cœur pauvre.
Osons contempler, croire, vivre avec, pour et en Lui, suivre et servir, sans craindre notre manque mais en s’appuyant sur notre plénitude en Dieu.
Gladys El Helou
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