Méditation : La Révolution chrétienne (No 2)

Image par FelixMittermeier de Pixabay

Les méditations sont écrites par une équipe de six personnes :

  • Michelle Arcand, épouse et mère de famille, artiste et accompagnatrice et enseignante dans l’Évangélisation des profondeurs
  • Pierre-Marie Cotte, époux et père de famille, accompagnateur au Pèlerin, professeur et superviseur dans le cadre du certificat en accompagnement spirituel
  • Gladys El Helou, épouse et mère de famille, infirmière, accompagnatrice au Pèlerin
  • Stéfan Thériault, époux et père de famille, directeur et professeur au Pèlerin
  • Laurence Vasseur, Missionnaire Serviteurs de l’Évangile, vivant en Corée du Sud, étudiante au certificat en accompagnement spirituel
  • Bénédicte You, Religieuse melkite de la congrégation Bénédictine de la Reine des Apôtres, vivant à Bethléem, professeure dans le cadre du certificat en accompagnement spirituel

Évangile du Mardi 28 septembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » Lc 9, 51-56

Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village.

Méditation

En lisant le passage évangélique d’aujourd’hui, nous avons le sentiment d’un récit fort banal où, disons-le, rien de significatif survient. Et pourtant ! Dans ce court extrait, six versets au total, se trouve toute la révolution chrétienne qui demeure pour l’humanité le scandale des scandales.

“Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem”. Son heure approche et il marche vers elle dans un consentement profond à la volonté du Père. Cette volonté n’est pas de vivre l’ultime sacrifice et de devenir victime de la violence des humains, selon qu’ “il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière”.

Cette logique du bouc émissaire, d’un meurtre pour en sauver d’autres, repose sur le principe d’un salut humain marqué par le mal et la violence. Tuer quelqu’un, le sacrifier ne peut pas être une logique divine.

Dieu ne cherche pas des victimes, spécialement son Fils, celles qui paient de leur mort pour “que la nation ne périsse pas tout entière”. Jésus n’est pas une victime, c’est-à-dire régie par la violence des autres, car, sur la Croix, Jésus est complètement libre, libre parce que totalement innocent et libre parce que, comme disait saint Jean, il ne fait qu’aimer “jusqu’à la fin” (Jn 13, 1) sans violence. Si bien que la violence humaine est brisée par la non-violence de Jésus, par son Amour.

Et s’il n’est pas victime, il n’y a pas de sacrifice, le sacrifice étant la logique rituelle de la violence des humains, celle où tous nous devons payer pour le mal. Dans le sacrifice, le mal triomphe et anéantit l’humain mais dans la prétention orgueilleuse et toute-puissante de sauver. Nous sommes toujours à sacrifier les autres par violence pour nous sauver.

Les disciples ne comprennent assurément rien de ce qui se passe. D’abord, ils ne se rendent pas compte du poids du geste que Jésus leur demande en allant “dans un village de Samaritains pour préparer sa venue”. Comment ce passage chez des hérétiques peut-il être, pour des juifs qui se souillent à venir en Samarie, un chemin normal pour une montée vers Jérusalem ? Jésus, par cette invitation, veut leur montrer que ces gens qu’ils jugent, qu’ils condamnent, qu’ils ostracisent, etc. sont appelés à être rejoints par son Amour. Mais les disciples n’y voient rien. Car le refus que les samaritains poseront à les recevoir ne fait que mettre en lumière leur violence intérieure qui est en contre-jour de la non-violence de Jésus.

Jésus va toujours chez tous les pécheurs, car Dieu aime tous les humains. Mais ils ne le comprennent pas et leurs paroles alors révèlent la violence de leur faux salut et de sa logique sacrificielle : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Cette violence qu’ils sacralisent et attribuent à Dieu est tirée du coeur humain infecté par le mal. Pour eux, la voie du sacrifice est la seule : tuer pour sauver. -Il n’y a ici rien de proprement divin, seulement du “trop humain”.- Avec Jésus, la non-violence de l’Amour ou la miséricorde est le seul salut.

La révolution chrétienne est d’aider chaque humain à cesser d’être victime du mal et à cesser de sacrifier au nom de ce mal pour, enfin, choisir l’Amour de tous, même les ennemis. La Croix fait éclater l’absurde de nos sacrifices et de nos victimisations. Dans le Royaume de Dieu, n’y entre que l’humain humanisé et divinisé par l’Amour. L’humain qui n’est plus une victime, enchaînée par le mal, et qui refuse, dans une attitude anti-sacrificielle, de reproduire le mal sur les autres dans l’illusion du salut. À la Croix, ce système de victimes et de sacrifices trouve sa faillite, afin que triomphent l’humain et le divin, unis dans l’Amour.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

DROIT D’AUTEUR

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