No 214 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 24 avril – Octave de Pâques
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour » (Lc 24, 35-48)
En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Méditation – La paix sans cesse ressuscitée
En ce jeudi de Pâques, le Christ nous réapparaît au bout du chemin d’Emmaüs, chemin de regrets devant un horizon amer et dépouillé d’espoir. À l’image de l’entrée dans le cœur profond, ce chemin deviendra celui de la rencontre avec le Tout-Autre, reconnaissable par le pain de vie qui nourrit, se rompt, se partage et donne à vivre en relations. Chemin rebroussé vers soi, vers la source de vie ensemencée, cette espérance, nous la portons en gestation et en action, parfois niée, parfois répudiée. Chemin en direction de l’Autre qui nous étonne par son amour inconditionnel. Chemin en direction de l’autre, effrayé par la saisie d’un réel qui lui échappait jusqu’ici : la présence de l’Invisible n’est pas un esprit. L’inconditionné n’est pas un concept, mais la substance même du vivant que nous éprouvons, quand ma vie est portée dans celle du Christ, quand elle est incarnée par lui à travers la mienne.
Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Parce qu’il est bouleversant de saisir que nous sommes chemin, que nous sommes ta vie et ta vérité Seigneur! Parce que c’est bien toi qui vis à travers moi! Et que j’ai été choisie, moi, pétrie de péchés et de joie, pour vivre cela!
Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. En ce jeudi de Pâques, en cette eucharistie continue au cœur de nos jours, la joie du Ressuscité se manifeste en une Parole : La paix soit avec vous!
Comme le chemin qui déroute, comme la vie qui déborde et la vérité qui renouvelle, la paix est une invention de Dieu. Une paix hors cadre, hors norme, hors condition. Elle est respiration entre l’inspir de la joie et l’expir de la miséricorde. Elle puise au vide du tombeau ouvert, à la simplicité du linceul replié, à l’inexplicable lumière émanant du funéraire. Cette paix accordée par le Ressuscité surgit là où les disciples d’Emmaüs et nous, ne l’attendions plus. La paix est une personne, elle est le Christ toujours vivant et elle nous ressuscite jour après jour.
La paix est une respiration de Dieu qui vivifie et réanime tout en nouveauté, tout en étonnement. Désormais, cette paix inventée de Dieu ne peut se savourer qu’en vivant en harmonie avec le nouvel ordre des choses. Elle n’est plus la belle vertu d’hier mais le chemin de l’aujourd’hui. Elle nous prépare pour celle de demain, celle que Dieu fera naître encore en nous. Quel bouleversement!
La paix est le chemin d’une vie qui déborde de mon existence, elle est la vérité magnifiée d’une personne dont la bonté éternelle et infinie se déverse et se donne à travers moi. Cette paix qui m’emporte et me fait chemin. Cette paix transporte et fait pèlerin. Elle nous configure à la personne du Christ tout en étant non maîtrisable, sans condition ni gestion. Elle nous féconde et nous tient debout même quand le destin fait tout plier.
En cette octave de Pâques, vivons dans chacune de nos fibres cette paix; son mystère qui nous échappe et qui est le ciment invisible de notre cohésion personnelle, sociale et spirituelle. Cette fraîcheur vivante qui s’annonce chemin neuf et cette vérité d’une résurrection qui m’invite à l’incarner même lorsque je reposerai en paix.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org

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