No 152 – série 2024-2025
Évangile du vendredi 21 février – 6e semaine du temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera » (Mc 8, 34 – 9, 1)
En ce temps-là, appelant la foule avec ses disciples, Jésus leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? Que pourrait-il donner en échange de sa vie ? Celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »
Et il leur disait : « Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu venu avec puissance. »
Méditation – Saisir le sens de la liberté
Marcher à la suite du Christ, tel est le message essentiel pour notre vie chrétienne. La Parole de Jésus n’est pas uniquement adressée aux disciples, mais aussi à la foule. Cela veut dire qu’elle a une portée globale et inclusive. Pour le Christ, il n’existe ni favoris, ni exclus. Son cadeau de l’Amour et du don du Salut sont destinés à chacun. Mais est-ce que tous seront prêts à l’accepter, à l’embrasser et ainsi suivre Jésus? Cela sera laissé à la liberté de chaque personne. Selon Saint Augustin, Dieu nous a façonnés sans notre consentement; néanmoins, Il ne peut accomplir notre salut sans notre accord et notre implication.
En disant, « Si quelqu’un veut marcher à ma suite », Jésus évoque la liberté que Dieu a offerte à l’homme. La liberté est un cadeau précieux et, par ailleurs, très vulnérable. Or cette liberté est la condition nécessaire de l’amour qui se manifeste dans le don de soi-même. C’est par cette voie que l’être humain peut se réaliser et goûter la vie en plénitude. C’est par ce chemin qu’il peut devenir image de Dieu qui est Amour (1 Jn 4,16), à travers l’amour.
D’autre part, les êtres humains et leur liberté ne sont pas statiques. L’homme est en perpétuelle autocréation. Il se construit en partie par les décisions qu’il prend. Cela implique qu’il existe des options qui favorisent son épanouissement en liberté et d’autres qui la restreignent. Selon les mots de saint Paul, s’il y a exaltation dans la liberté humaine: « Vous avez été appelés à la liberté, mes frères » (Ga 5, 13), il y a également un danger que l’Apôtre émet sous forme d’avertissement grave : « Veillez à ce que cette liberté ne soit pas une excuse pour céder aux désirs de la chair » (Ga 5, 13). Il est essentiel de rester vigilant, car la liberté est constamment exposée au danger de l’esclavage (cf. Ga 5, 1).
Jésus aborde la question très importante de la décision de le suivre, et cette décision est l’expression du désir de la personne. L’expérience nous montre que la personne attribue de l’importance à ce qu’elle désire. C’est ce qui l’attire, ce qu’elle chérit et la direction vers laquelle son âme aspire. Le Christ nous inspire à méditer sur ce que nous souhaitons réellement : quels sont les désirs les plus profonds de notre être ? Si l’un d’entre ceux qui s’approchent de lui exprime le désir de devenir son disciple, alors c’est un moment d’une importance capitale. Même si ce désir n’en est qu’à ses débuts, il a une propension à se développer. Aspirer à être un disciple de Jésus, c’est vouloir Le connaître, c’est une première condition essentielle. Et plus on connaît Jésus, plus l’amour de Dieu se répand dans nos cœurs (cf. Rom 5, 4-5). Plus une personne grandit dans l’amour pour le Christ, plus elle a envie de le suivre, de l’imiter.
Par la suite, Jésus évoque deux autres conditions pour le suivre : le fait de renoncer à soi-même et de prendre sa croix. Il s’agit avant tout d’une véritable métanoïa, c’est-à-dire une transformation de notre manière de penser et de notre perception de la réalité. On distingue une façon de penser divine et d’une façon de penser humaine. Dans la manière humaine, la logique de ce monde est fréquemment observable. De toute évidence, le monde dans lequel nous vivons exerce une influence sur nous, tout en nous offrant ses propres valeurs et ses propres systèmes de salut. Le Christ nous apprend à être critique : peu importe si nous acquérons tous les biens du monde, au bout du compte, quel en sera le bénéfice ? Par son enseignement et sa façon de vivre, il nous présente une autre dimension de l’existence, en soulignant ce qui transcende le temps.
Mettre le Christ en premier, adhérer à sa vision du monde et orienter nos décisions quotidiennes selon cette perspective, voilà ce que signifie renoncer à soi-même et le suivre. « Renoncer à soi-même » signifie aussi renoncer à ce « vieil homme » en nous qui ne veut vivre que pour lui-même et satisfaire ses besoins égoïstes (cf. Col 3, 9-10), afin de faire place au nouvel homme, façonné dans la contemplation du Christ qui révèle que la liberté s’accomplit dans l’amour, c’est-à-dire dans le don de soi. « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). La contemplation de Jésus crucifié est donc la voie royale sur laquelle nous devons avancer chaque jour, si nous voulons comprendre tout le sens de la liberté : le don de soi dans le service de Dieu et de nos frères et sœurs.
Halyna Kryshtal – hkryshtal@lepelerin.org

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