Oh, my God, ça tient du miracle, je t’ai reconnu – Méditation du mercredi 5 février 2025

No 136 – série 2024-2025

Évangile du mercredi 5 février 4e semaine du temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Un prophète n’est méprisé que dans son pays » (Mc 6, 1-6)

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Méditation – Oh, my God, ça tient du miracle, je t’ai reconnu !

Nous sommes entraînés aujourd’hui dans un épisode étonnant avec Jésus et ses disciples. Et, il va sans dire qu’il y a quelque chose, pour ne pas dire quelqu’un qui détonne… de part et d’autre. Jésus s’est manifesté jusqu’à présent, en Marc, en paroles (chapitre 4) et en actes (chapitre 5) comme le véritable Envoyé du Père, le Messie, le Fils de Dieu. Mais voilà qu’une douche froide déferle : « il est venu chez lui [« dans son lieu d’origine » mentionne Marc (v. 1)], et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1,11). Les siens ne le reconnaissent tout simplement pas tel qu’il est et doutent, non seulement de ses paroles et de ses actes, mais a fortiori de son être même, certes mystérieusement Autre en étant pourtant toujours véritablement le même.

Ne voyant et n’entendant que le charpentier, le fils ou le frère de…, ses interlocuteurs ne peuvent se défaire de leurs idées toutes faites à son égard et de se faire à l’idée de se mettre en chemin à sa suite. Si bien que, Jésus s’en étonne plus qu’il ne leur reproche, la foi tombe à plat. Par le fait même, s’évanouit toute possibilité de miracle que constitue ce chemin de leur « re-con-naissance » (litt. gr. renaître-avec), c’est-à-dire de leur renaissance spirituelle àeux-mêmes et à l’a(A)utre en tant que fils et filles de Dieu dans la communion de son Amour, par la médiation du Fils unique et sous le Souffle de l’Esprit. N’est-ce pas là pourtant le cœur profond de leur désir le plus essentiel mis en prière par Jésus : « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17,3).

Il est là le miracle en devenir d’accomplissement, mais leurs yeux et leurs oreilles sont incapables de le reconnaître (cf. Lc 24, 16): « De Nazareth [de notre lieu d’origine], peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1, 46). Jésus, lui, a bien vu, entendu et senti tout le chemin de foi encore à parcourir jusqu’au Mystère de Jérusalem, jusqu’à la Source et le Sommet de son et de notre divin lieu d’Origine, les mains du Père. Ce chemin miraculeux, il faut avant tout consentir à y croire pour le voir, l’accueillir et le suivre, sinon « le voir pour le croire » tombe à plat. C’est d’abord la foi qui fait le miracle bien avant que le miracle soutienne la foi.

Ce n’est que grâce à ce regard de foi que des événements ordinaires du quotidien, toujours personnels et singuliers, font signes en direction de Dieu et deviennent ainsi miraculeux. Ce n’est qu’en vertu de cette condition que le miraculé peut être étonné[1] de « ressusciter » de son vivant, de bénéficier d’une qualité de vie éternelle dans la concrétude de son quotidien grâce à l’intimité de sa relation au Dieu de Jésus-Christ. « Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la Gloire de Dieu ? » (Jn 11, 40), affirme-t-il à Marthe. « Sois sans crainte; aie seulement la foi » (Mc 5, 36), intime-t-il à Jaïre. Jésus, déterminé, se révèle toujours « re-con-naissant » et soutenant de la foi pour transfigurer la mauvaise nouvelle en Bonne Nouvelle. Le miracle qui sauve n’est pas d’abord dans le signe, fût-ce une guérison– Jésus refuse d’ailleurs tout signe aux pharisiens incrédules (Mc 8, 11-12) – mais plutôt dans la « re-con-naissance » intime de la foi, via le signe, qui donne perpétuellement Vie en toutes circonstances, par et pour la Gloire de Dieu. Or, la Gloire de Dieu, n’est-ce pas, comme le rappelle s. Irénée de Lyon, que l’être humain soit pleinement vivant et que la plénitude de sa vie soit justement dans la vision de Dieu ?

Le miracle est tout simplement la Présence de Dieu en Jésus-Christ reconnue avec foi au cœur de sa vie et du monde. Ainsi, « à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, lui qui fut engendré […] de Dieu » (Jn 1, 12-13). La vérité du miracle pour chacun.e sera toujours-déjà d’être « reconnu/re-con-naissant » en son identité filiale unique mise en don dans une mission pour la Gloire de Dieu et le salut du monde. En guise d’illustration, vous avez peut-être eu l’opportunité de visionner le merveilleux et touchant film : « J’y crois encore » (v.f. de « I still Believe », 2020), tiré du fait vécu, certes romancé, du chanteur Jeremy Camp et de Melissa, cette femme de foi qui allait devenir son épouse durant une rémission inexpliquée de son combat contre un cancer agressif des ovaires, et qui meure finalement du retour en force et des ravages de sa terrible maladie. Ce film évoque à sa façon la « re-con-naissance » du miracle et le miracle de la « re-con-naissance ». À la fin du film, Jeremy, révolté par le décès de l’amour de sa vie, fracasse sa guitare, découvrant alors, sous pli, une page du journal intime de Melissa qu’elle avait pris soin d’insérer dans sa guitare à son insu.

Sur cette page est inscrit le miracle qui renouvellera sa vie : « Tu dors sur mon épaule au moment où j’écris ces mots sur mon lit d’hôpital. L’avantage de la douleur, c’est qu’elle me tient éveillée et me donne de réfléchir. J’ai beaucoup réfléchi aux histoires que tu racontes sur scène. Tu les racontes tellement bien. Des histoires des temps anciens qui n’ont rien perdu de leur vérité. Dans l’une d’entre elles, Dieu accorde la guérison, les miracles se produisent, alors que dans une autre, une personne est appelée à souffrir et à mourir. Mais, j’ai réalisé quelque chose. Elles sont toutes deux également précieuses, parce que chacune est un chapitre d’une plus Grande Histoire. Chacune est un coup de pinceau sur sa magnifique toile. Chacune est la lumière d’une étoile qui contribue à former une galaxie. Et, je crois que je fais partie de ceux qui ont la chance de vivre les deux. J’ai eu mon miracle. Il m’a permis de connaître ce jour parfait avec toi [référant à leur mariage] et ça a suffi à me combler. Et, j’ai aussi découvert que la souffrance ne détruit pas la foi, mais qu’elle l’affine, et que Dieu est digne de confiance, même quand on est en proie au doute. Je suis en sécurité dans Ses bras et je vais vaillamment vers Sa Lumière avec dans mon cœur une paix que je ne m’explique pas. J’arrête pas de me dire que si la vie d’une personne peut être transformée par ce que j’endure, alors ça en vaut la peine.

Alors, fais quelque chose pour moi, Jeremy Camp, pour moi, pour le don que tu possèdes et pour celles et ceux qui en seront touchés. Quand tu seras prêt, reprends ta guitare ». Autrement dit, la plus belle et profonde « re-con-naissance », c’est de croire que tout peut être source de miracle, il s’agit d’apprendre pas à pas à bien regarder, avec foi, là où « vérité et amour se rencontrent » (Ps 84(85), 11).

Soyons ainsi des Pèlerins d’Espérance étonnés et étonnants qui vivent de la grâce de dire : « Ma foi, je t’ai reconnu, « mon Seigneur et mon Dieu […] Heureux [marcheurs] ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20, 28-29).

Bénédiction et union de prière !

Dany Charland – danycharland173@gmail.com


[1] Miracle, notamment du lat. mirari : s’étonner.




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