Patience et conversion – Méditation du lundi 3 février 2025

No 134 – série 2024-2025

Évangile du lundi 3 février 4e semaine du temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Esprit impur, sors de cet homme ! » (Mc 5, 1-20)

En ce temps-là, Jésus et ses disciples arrivèrent sur l’autre rive, de l’autre côté de la mer de Galilée, dans le pays des Géraséniens. Comme Jésus sortait de la barque, aussitôt un homme possédé d’un esprit impur s’avança depuis les tombes à sa rencontre ; il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus l’attacher, même avec une chaîne ; en effet on l’avait souvent attaché avec des fers aux pieds et des chaînes, mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers, et personne ne pouvait le maîtriser. Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres. Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui et cria d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas ! » Jésus lui disait en effet : « Esprit impur, sors de cet homme ! » Et il lui demandait : « Quel est ton nom ? » L’homme lui dit : « Mon nom est Légion, car nous sommes beaucoup. » Et ils suppliaient Jésus avec insistance de ne pas les chasser en dehors du pays. Or, il y avait là, du côté de la colline, un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Alors, les esprits impurs supplièrent Jésus : « Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux. » Il le leur permit. Ils sortirent alors de l’homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans la mer : il y avait environ deux mille porcs, et ils se noyaient dans la mer. Ceux qui les gardaient prirent la fuite, ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne, et les gens vinrent voir ce qui s’était passé. Ils arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et revenu à la raison, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte. Ceux qui avaient vu tout cela leur racontèrent l’histoire du possédé et ce qui était arrivé aux porcs. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire.
Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Il n’y consentit pas, mais il lui dit : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration.

Méditation – Patience et conversion

Quelle étrange page d’Evangile qui nous relate la rencontre de Jésus avec cet homme possédé par une légion d’esprits impurs. Esprits qui, eux-mêmes, demandent à Jésus d’être envoyés dans le troupeau de porcs qui se jette dans la mer et finalement se noie. Que peut bien nous dire le Seigneur à travers tout cela ?

Cette longue narration de St Marc ne nous rappelle-t-elle pas le combat spirituel – très long lui aussi – qui est le nôtre ? Combat spirituel contre toutes sortes de « mauvais esprits » qui tentent de nous ramener à la « mort » à l’intérieur de nous-mêmes. St Paul dans sa lettre aux chrétiens d’Ephèse leur disait très clairement : « Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, les principautés, les souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. » (Eph. 6, 11-12) Ce que Paul appelle ici les « manœuvres du diable » se réfère certainement à tout ce qui vient à l’encontre de la vie en nous, ce qui l’étouffe, la paralyse.

Elle est frappante la description de cet homme « possédé » : « il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus lattacher, même avec une chaîne […]et personne ne pouvait le maîtriser. Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres. » Beaucoup de ces mots qui le décrivent ne peuvent-ils pas aussi dépeindre notre vécu intérieur – et celui de tant de personnes que nous côtoyons, que nous accompagnons dans la vie – ? « Il habitait dans les tombeaux ». Combien de fois les blessures reçues et non reconnues encore à la lumière de l’amour inconditionnel de Dieu nous maintiennent – inconsciemment – dans un tombeau. Nous sommes prisonniers de pensées méprisantes, de fausses croyances qui trop souvent encore – « sans arrêt, nuit et jour » – nous empêchent de respirer profondément, de nous recevoir tels que nous sommes. Parfois il nous semble même que les voix négatives de ces esprits mauvais, personne ne peut les « attacher » ni les « maîtriser ».  Elles « crient et nous blessent (comme) avec des pierres », laissant notre cœur sans répit.

Mais en présence de Jésus qui, comme ce jour-là, fait la traversée vers « l’autre rive » où nous nous trouvons échoués par la lutte intérieure, une autre Voix s’élève. La Voix de Celui qui non seulement a reçu pouvoir sur les esprits impurs, mais surtout la Voix de l’Amour qui sait distinguer la personne du mal qui l’habite et la maintient esclave de la mort. « Esprit impur, sors de cet homme ! » Jésus avait bien reconnu que cet homme qui avait accouru vers Lui et s’était prosterné devant Lui était possédé. Il n’était plus en possession libre de lui-même, mais pris dans les filets d’un – ou même d’une légion – d’esprits qui le dépossédaient de lui-même.

Quelle est forte cette question – et cette confession de foi incroyable – que crie le mauvais esprit en cet homme – : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je tadjure par Dieu, ne me tourmente pas ! » Elle est forte, c’est vrai, mais ne nous a-t-elle jamais traversés lorsque nous nous sommes trouvés en pleine conversion ? Comme si en nous, ce qui précisément nous retenait prisonnier sentait qu’à l’approche de Jésus son propre mal, sa fausseté, son mensonge allaient être dévoilés en pleine lumière. Alors, ce quelque chose en nous se raidit, se défend comme il peut. « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Très-Haut ? En veux-tu à ma vie ? Viens-tu pour me faire disparaître ?» Le combat intérieur est parfois bien rude, le système de défense ne veut pas se laisser attaquer de plein fouet.

Cependant le « Fils du Très-Haut » est venu pour sauver l’être humain de toutes ces entraves de mort. Il porte le nom de Jésus qui, en hébreu, signifie « Dieu sauve » (cf. note de la Bible de Jérusalem au verset 21 de Mt 1). Jésus peut alors – comme Il l’a fait dans notre Evangile d’aujourd’hui – « dialoguer » avec l’esprit impur et permettre ce qu’il Lui suppliait : le faire sortir de cet homme et l’envoyer vers les porcs. Jésus peut surtout redonner toute sa dignité à cet homme « dé-possédé ». Il est désormais aux côtés de son sauveur, « assis, habillé, et revenu à la raison ». Il se retrouve enfin lui-même, libre.

Ce que Marc nous narre en longueur dans cette page d’Evangile, est en quelque sorte le lent et patient processus de notre conversion jamais totalement achevée. Comme pour l’homme du pays des Géraséniens, Jésus refera le passage sur « l’autre rive » toutes les fois que nous en aurons besoin. Il ne cessera de venir libérer ce qui retient captives nos existences, si nous y consentons. Et avant de remonter dans la barque, Il nous rappellera à chaque fois notre plus belle mission : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. »

Laurence Vasseur – vasseurlaurence@hotmail.com




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