Accueillir l’autorité de Celui qui crée – Méditation du lundi 16 décembre 2024

No 99 – série 2024-2025

Évangile du lundi 16 décembre Temps de l’Avent

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Le baptême de Jean, d’où venait-il ? » (Mt 21, 23-27)

En ce temps-là, Jésus était entré dans le Temple, et, pendant qu’il enseignait, les grands prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de lui et demandèrent : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? » Jésus leur répliqua : « À mon tour, je vais vous poser une question, une seule ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? » Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : “Du ciel”, il va nous dire : “Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?” Si nous disons : “Des hommes”, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. »

Veuillez noter que l’équipe des méditations prendra une pause pour le temps des fêtes. La dernière méditation de 2024 sera pour le dimanche 22 décembre et nous serons de retour le lundi 6 janvier 2025. Nous vous remercions de nous avoir lu et avons hâte de vous retrouver en janvier ! Joyeux Noël et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent.

Méditation – Accueillir l’autorité de Celui qui crée

Nous sommes habitués à voir le prêtre détenir la presque exclusivité de l’enseignement au cours des célébrations eucharistiques. Cela nous demande un effort pour nous resituer dans le contexte de l’évangile de ce jour. L’évangéliste Luc nous a montré Jésus, âgé de 12 ans, enseignant dans le temple de Jérusalem1 : tout juif pouvait le faire, dès lors qu’il avait fait sa bar-mitsvah. C’est donc un lieu liturgique où règne une grande liberté de parole donnée à tous.

Aucun autre texte ne nous montre ensuite Jésus enseignant dans le temple : L’évangile selon St-Jean nous parle de trois fêtes de la Pâque pour lesquelles Jésus est monté à Jérusalem, sans nous le montrer à l’intérieur du temple : les signes qu’il accomplissait se situaient en d’autres lieux, proches du temple (le parvis2, la piscine de Bethesda3). Matthieu est donc le seul à relater cet épisode en ce lieu.

L’irruption des grands prêtres et des anciens au milieu de cet enseignement donné par Jésus est donc particulièrement violente. Interrompre celui qui parle est en soit une agression, causée en partie par le fait que Jésus, juste avant cela, avait chassé les vendeurs se trouvant sur le parvis du temple. La question, brutale, touche à la source des paroles mais aussi de l’agir du Christ : par quelle autorité, et qui détient cette autorité ?

Qu’est-ce donc que l’autorité ? ce terme provient du mot augeo, qui signifie : faire naître, produire à l’existence. L’auteur est ainsi celui qui va produire quelque chose qui n’existait pas avant lui. Les grands prêtres manifestent par leur question le fait qu’ils perçoivent le caractère inédit de ce que Jésus enseigne. La polémique ne va pas se développer sur tel ou tel point, mais bien sur le sens et l’origine, comme pour tuer dans l’œuf la parole de Jésus, sans avoir à débattre.

Jésus renverse la situation en plaçant ses interlocuteurs face à leurs contradictions : ils sont des hommes de savoir, et une seule réponse de leur part suffirait dans cette joute verbale pour que Jésus s’engage lui-même à répondre. La question controversée du baptême de Jean accule les grands prêtres à exprimer leur limite. Entre leur manque de foi pour accueillir les paroles de Jean-Baptiste et leur grand sens politique qui leur fait craindre la foule, les voilà acculés à confesser leur non-savoir. Ils croyaient

pouvoir conduire Jésus à se compromettre, et les voilà mis en face d’un discernement qu’ils n’ont pas été capables de faire.

L’accusation portée sur autrui est un mécanisme de défense qui nous permet, à nous aussi une échappatoire pour masquer nos propres contradictions. Avant d’interroger l’autre, sans même écouter ce qu’il dit, pour mettre en lumière ses limites, est-ce que je prends le temps de mettre sous la lumière de Dieu ce qu’Il veut faire advenir en lui, et qui n’appartient qu’à Lui, l’auteur de nos vies, et notre créateur ? En ce temps d’Avent, alors que nous allons entrer dans la semaine des grandes antiennes O, c’est la grâce que je demande pour chacun de nous.

Sr Marie-Emmanuel Raffenel, OP – raffenel@gmail.com

Notes :

(1) Lc 2, 41-51
(2) Jn 2, 13-25
(3) Jn 5, 1




DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.