No 96 – série 2024-2025
Évangile du vendredi 13 décembre – 2ème Semaine de l’Avent
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
Ils n’écoutent ni Jean ni le Fils de l’homme. (Mt 11, 16-19)
En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : « À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.” Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »
Veuillez noter que l’équipe des méditations prendra une pause pour le temps des fêtes. La dernière méditation de 2024 sera pour le dimanche 22 décembre et nous serons de retour le lundi 6 janvier 2025. Nous vous remercions de nous avoir lu et avons hâte de vous retrouver en janvier ! Joyeux Noël et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent.
Méditation – Savoir reconnaitre la sagesse et la douceur de Dieu
Pour l’enfant, le jeu est la façon privilégiée d’apprendre à se connaitre, à connaitre l’autre et le monde autour de lui. L’observation, l’expérimentation et le questionnement propres au jeu révèlent petit à petit à l’enfant son potentiel jusque-là caché. Puis, sa créativité prend le relais et se déploie dans le jeu en engageant son corps et son esprit. Elle l’invite à entrer en relation avec l’autre, à être sensible et collaboratif. Par le jeu, l’enfant savoure la joie, la légèreté et les nouvelles amitiés.
Or, dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus parle de gamins qui jouent sur les places, mais dont le jeu n’a rien d’amusant, ni de joyeux ou de satisfaisant. Leur manque d’ouverture, de sensibilité et d’engagement dans le jeu a éteint joie et enthousiasme. Cela ressemble à une occasion gâchée de répondre à un appel de vie pour découvrir son plein potentiel humain, pour grandir avec les autres.
Jésus est clair dans son message : la situation de ces enfants grincheux est celle de la génération qui, tout en reconnaissant les signes de Dieu, n’y répond pas à leur juste mesure. Cette génération se comporte comme ces enfants qui ne comprennent pas le jeu, qui ne savent pas reconnaître la « musique » que Dieu joue à travers ses messagers, d’abord Jean Baptiste et ensuite Jésus. Cette génération, au lieu d’écouter et d’accueillir avec humilité la parole que Dieu veut lui communiquer par ses messagers, se préoccupe de les juger : à ses yeux, Jean-Baptiste apparaît comme un possédé et Jésus comme un « glouton et un ivrogne ».
Fait encore plus choquant, les jugements ainsi exprimés sortent de la bouche de personnes qui sont considérées par leur communauté comme des personnes mures et sages et qui se donnent le droit de mépriser les païens insensés – ces gens ordinaires et simples qui ne comprennent rien de Dieu et de sa Loi. Ces « sages » étaient tout autant scandalisés par les actes de Jésus. Accepter que le Fils de l’homme soit « un ami des publicains et des pécheurs » ? Cela ne correspondait pas à leurs attentes, à leur façon de concevoir comment Dieu devrait sauver le monde. Cela n’entrait pas dans leurs cases théologiques. Dans son évangile, Luc écrit : « Voyant cela, tous récriminaient : “Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur.” » (Lc 19, 7). Enfermés dans leurs images de Dieu et leurs systèmes de salut, les « sages » ont rejeté les initiatives salutaires de Dieu, ils n’ont pas su le reconnaître. En fin de compte, ils ont rejeté Dieu et le Royaume qu’ils prétendaient rechercher.
Cette attitude des « sages » de l’époque nous fait réfléchir aussi aujourd’hui : et nous, à quel Dieu croyons-nous ? Est-ce que l’image que nous nous faisons de Dieu correspond à ce que Jésus nous en a révélé dans les évangiles ? Sommes-nous parfois comme les sages de la Bible qui préfèrent se fabriquer une croyance en un Dieu créé selon nos propres idées et perceptions ou selon nos besoins et désirs blessés ? Nous devenons alors « otages » de cette image de Dieu et de cette croyance, ce qui nous empêche de voir et de répondre à ce que Dieu – le vrai Dieu – nous révèle et à quoi Il nous appelle. Il est bon de prendre conscience que Dieu est au-delà des images que nous nous en faisons. Il est « tout autre » ! Dieu échappe à toutes nos représentations et, en même temps, il se livre à nous à tout instant.
Le temps de l’Avent, c’est un bon moment pour prendre conscience d’une autre chose importante: Dieu s’incarne, Il est Emmanuel, c’est-à-dire Dieu-avec-nous (Is 7, 14). Il veut nous rendre à nouveau sensibles à ce qui est plus beau dans l’humain. Il veut aussi que nous soyons comme des enfants ouverts et réceptifs à cette sagesse de Dieu qui se révèle à travers ce qu’elle fait dans nos vies. Noël, c’est l’acte de la divine douceur qui veut tout sauver. Comme l’écrit Maurice Bellet : « La divine douceur ne désespère jamais de personne. Elle croit qu’il y a toujours un chemin. Elle est inlassablement inlassable à enfanter, soigner, nourrir, réjouir et conforter. (…) La divine douceur est charnelle, elle est du corps. Elle ne se passe pas en idées et discours, en décisions, en états d’âme. Elle ne se soucie pas d’exhorter ou d’expliquer. Elle est dans les mains, le regard, les lèvres, l’oreille attentive, le visage, le corps entier. Elle est dans les gestes du corps. (…) La divine douceur est sans preuve… Car elle se goûte. Pourquoi divine ? Parce qu’elle ne serait pas humaine ? C’est tout l’inverse : elle est divine d’être humaine, entièrement humaine en vérité » (Maurice Bellet, L’épreuve ou le tout petit livre de la divine douceur, Paris 1988, p. 14-15).
Halyna Kryshtal – hkryshtal@lepelerin.org
DROIT D’AUTEUR
La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.