No 74 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 21 novembre – 33e semaine du Temps ordinaire
Tiré de AELF
« Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! » (Lc 19, 41-44)
En ce temps-là,
lorsque Jésus fut près de Jérusalem,
voyant la ville, il pleura sur elle, en disant :
« Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour
ce qui donne la paix !
Mais maintenant cela est resté caché à tes yeux.
Oui, viendront pour toi des jours
où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi,
t’encercleront et te presseront de tous côtés ;
ils t’anéantiront,
toi et tes enfants qui sont chez toi,
et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre,
parce que tu n’as pas reconnu
le moment où Dieu te visitait. »
Méditation – Que la paix soit, en vous et avec vous
Jésus énonce une parole à la fois prophétique ce matin et terriblement actuelle. Éploré devant une Jérusalem au seuil de l’anéantissement, il insiste : Ah! si toi aussi tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix… et plus loin : parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait. Jérusalem n’a pas reconnu la paix donnée par Dieu, cette paix non reconnue est maintenant restée caché à ses yeux.
Priant cette parole, je m’étonne. La paix peut donc ne pas être reconnue. Sans doute s’agit-il donc d’une paix différente, autre que ce que l’on désigne habituellement par un moment de sérénité si bienvenu. Une paix nouvelle qui bouleverse, qui dérange. Celle-là même qui débordait du tombeau, une fois la pierre roulée, une fois le linceul sagement plié. Une paix qui donne à vivre, imprégnée de résurrection et d’engendrement au cœur du vide d’un tombeau ouvert au grand matin.
Au cœur du dépouillement et de la dissolution de nos sécurités fabriquées à grand peine, la paix de Dieu est tissée des fibres de la foi et du Royaume. Déjà-là dans notre esprit de baptisé mais pas encore dans l’horizon que nous percevons du Royaume, la paix d’aujourd’hui n’est déjà plus celle d’hier. L’Esprit souffle et la paix que nous avions connue ne servait qu’à préparer celle de demain. Celle que Dieu fait naître en nous, de traversées en traversées. Nous ne pouvons fabriquer, assurer, gérer notre paix malgré les armures, les pansements, les sécurités et les appartenances. La paix nous féconde, elle nous réconforte dans une absence de confort et cimente notre communion. Dans l’évangile de saint Jean, le Christ nous invite à se laisser habiter par sa paix, à la porter pour la rendre vivante : La paix soit… avec vous (Jn 20.19).
Une paix qui dans notre cheminement spirituel marque une étape de désappropriation. Le réconfort inavouable d’abandonner toute propriété alors que l’ego savourait un calme faussement assuré et si coûteux. Expropriés de soi, la Vie vivante s’insinue comme une sérénité forgée dans l’espérance, fortifiée de joie. Une paix qui se reconnaît dans l’obéissance à Sa volonté qui pourvoie, une paix qui se reconnaît dans la volonté de vivre sa vie par le don que nous sommes. Le don que je suis, cet autre que tu es et par lequel, Dieu se donne en toute paix. Par le don que je suis, par celui que tu es, nous nous engendrons dans cette communion si divine qui nous féconde les uns les autres. Donner, obéir, féconder, le verbe invite à une attitude filiale : incarner la paix du Christ afin que cette paix soit en moi, à travers toi, entre nous et avec vous.
Une paix lumineuse comme un grand matin, légère comme une brise, à la fois intime et partagée comme un ventre rebondi et rempli de vie. Il ne nous appartient pas de saisir la paix alors qu’elle rayonne à partir de notre source intérieure. Il nous appartient de se laisser saisir par cette paix toujours nouvelle mais reconnaissable car elle appartient au mystère de communion, elle appartient à notre ministère d’enfantement.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
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