Il ne s’agit pas tant de trouver le positif que de le créer – Méditation du mardi 19 novembre 2024

No 72 – série 2024-2025

Évangile du mardi 19 novembre 33e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 1-10)

En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là.
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie.
Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »  Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Méditation – Il ne s’agit pas tant de trouver le positif que de le créer

Accueillons-nous Jésus quand Il se présente à nous ? Zachée est responsable de la collecte des impôts. En tant que collaborateur de l’occupant romain, il est vu comme un traître qui détourne une partie des impôts à son profit. Aujourd’hui, dans notre société de la performance, les agents des impôts ne sont pas voués à la détestation publique. La foule pointe du doigt d’autres personnes : la maladie, le handicap sont plus fréquemment l’objet de relégation. Comme « chef des collecteurs d’impôts », Zachée a une stature sociale qui impressionne. Mais, un détail surprend, « il était de petite taille ». Luc montre la disproportion entre l’envergure sociale de Zachée et sa taille comme pour indiquer que l’être réel se dissimule dans un ailleurs que Jésus seul regarde avec amour. Ne pas fuir ce que l’on est sans déraper dans l’imaginaire, mais accepter son être dans la lumière de Dieu est un secret de joie.

Le 05 octobre 2024, l’italien Sammy Basso est mort à l’âge de 28 ans ; il était atteint de progéria, la maladie du vieillissement prématuré. En 2016, il répondait aux questions d’un journaliste en soulignant son amour de la vie : « J’aime ma vie telle qu’elle est, parce que c’est ma vie. J’ai mes amis, mes parents, ma famille. Ce sont les choses les plus importantes. La progéria est une petite partie de ma vie, parce qu’elle n’affecte que le corps. » Comme Zachée, Sammy Basso a reconnu en Jésus son « Seigneur ». La foi était pour lui la clé de sa joie : « La foi, de tout, est la chose la plus importante que j’ai. C’est la partie la plus intime de qui je suis. Donc je pourrais vous dire tout sur moi-même, mais si je ne disais pas que j’avais la foi, ce serait comme si je n’avais rien dit. Pour moi, Dieu est Dieu ; il est indescriptible. Je crois beaucoup dans le message de Jésus, en tant que message religieux. » La foi est inventive. D’ailleurs, ingénieusement, Zachée invente une remédiation aux injustices. Avec intelligence, Sammy Basso avait entrepris des études de biologie pour mieux connaître la progéria. Grâce à un institut de Bologne, il a mis en place un réseau d’échanges des informations scientifiques sur cette maladie.

En octobre 2024, au moment de ses funérailles, une lettre rédigée par Sammy Basso a été lue. Il ne décrit pas sa vie comme une guerre menée contre la maladie, mais comme une chance à vivre. Sans ennemi à vaincre, Sammy Basso a vécu la beauté d’une vie reçue de Dieu. N’est-ce pas l’intuition de l’évangile de Luc ? À partir de l’expérience bouleversante apportée par Jésus dans notre monde, Luc livre sa vision d’un Dieu qui accueille et qui ne condamne pas, d’un Dieu qui offre le salut et qui ne sanctionne pas. Dans sa lettre Sammy Basso s’adresse à ceux qui assistent à ses funérailles : « Je ne sais pas pourquoi et comment je quitterai ce monde, beaucoup diront sûrement que j’ai perdu ma bataille contre la maladie. N’écoutez pas ! Il n’y a jamais eu de bataille à mener, il n’y a eu qu’une vie à embrasser telle qu’elle est, avec ses difficultés, mais toujours splendide, toujours grande, ni récompense ni condamnation, simplement un don que Dieu m’a fait. »

Curieux de voir ce fameux Jésus dont il a entendu parler, Zachée grimpe sur un sycomore dont les branches s’étagent comme une échelle. Jésus lève les yeux vers lui. Librement, Jésus prend l’initiative de la rencontre : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Le « il faut » du salut se conjugue avec le « aujourd’hui ». Le « il faut » exprime le présent d’un salut qui s’offre. Il y a dans le salut l’urgence d’un amour créateur. Comme l’écrit Sammy Basso, « il ne s’agit pas tant de trouver le positif que de le créer, et c’est là, à mon avis, la faculté la plus importante que Dieu nous a donnée, celle qui fait surtout de nous des êtres humains. »

Le temps d’une vie n’est jamais trop court pour accueillir l’éternel : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison. » Sammy Basso poursuit sa lettre : « L’amour qui se crée dans la vie, en revanche, est éternel, car Dieu seul est éternel, et l’amour nous vient de Dieu. S’il y a une chose que je n’ai jamais regrettée, c’est d’avoir aimé tant de gens dans ma vie, et tellement. Et pourtant trop peu. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas du genre à donner des conseils, mais c’est ma dernière chance… alors s’il vous plaît mes amis, aimez ceux qui vous entourent, n’oubliez pas que nos compagnons de route ne sont jamais le moyen mais la fin. Le monde est bon si nous savons où regarder ! »

Vincent REIFFSTECK – vincent.reiffsteck@wanadoo.fr




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