À la manière du Christ – Méditation du jeudi 24 octobre 2024

No 46 – série 2024-2025

Évangile du jeudi 24 octobre 29e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division » Luc (12, 49-53)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

Méditation – À la manière du Christ

Parole particulièrement provocatrice ce matin énoncée par le Prince de la Paix : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis mais bien plutôt la division. » Je médite et songe à ces proches qui rejettent notre foi, nous rappellent avec condescendance les dangers de l’endoctrinement. Je prie et songe à ces proches qui plongent leur regard dans le mien quand il devient lumineux, amoureux de l’Adoré.

Je laisse cette parole défier mes pensées, les lointains se font soudain plus proches. Voilà Siméon, ses mains ridées d’avoir tant attendu, elles sortent frêles du grand manteau pour prendre l’enfant Jésus. C’est la Présentation, ses yeux voit enfin le salut, toujours enfant, toujours fragile, toujours promis. Le salut-enfant sera chute et relèvement de beaucoup. Entre la chute et le relèvement par le salut et par l’enfant, il y aura la contradiction puis il y aura la division. Pour toutes les maternités de Dieu que nous sommes, toi et moi, notre âme sera traversée d’un glaive : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. C’est la Révélation, celle des pensées qui ont engendré des fausses croyances, les faisant reluire comme de brillantes réussites, une sécurité idéale et des appartenances irréprochables. C’est la révélation d’un faux système de salut que nous avons parfois transmis et qui rassure. Justifiant le mal que nous faisons sans le vouloir et expliquant si bien ce que nous ne faisons pas malgré notre vouloir.

La division apportée par le Christ c’est la brèche qui fissure les systèmes, les fausses consciences et les armures. Parce que l’enfant bien-aimé du Père l’est par sa dignité humaine imméritée et sa filiation divine déjà tissée. Les relations se nouent désormais en liberté, non plus en conformité, en complaisance, en contrainte. La fausse paix, cette paix harmonie comme moment temporaire à devoir sauvegarder par notre bon vouloir s’étiole, la fausse unité qui endort les consciences et condamne l’innocence s’effiloche. Division intérieure de l’ego qui s’effrite, division familiale de l’enfant blessé qui s’affranchi, division sociale du dissident qui s’affirme avec courage, division spirituelle d’une foi qui se raffermit en dépit du courant. L’enfant dissident plein de foi se révèle. La paix n’est pas un moment temporaire à chérir, c’est ce qui donne corps à l’Amour qui nous habite. La paix est l’attitude christique qui se déploie à mesure que nos encombrements s’émiettent. Elle est le rythme du geste qui donne, le dessin du sourire qui console, l’inconditionnel du regard qui se pose et les frêles mains qui s’ouvrent. La paix, c’est la trace visible de la présence du Christ qui se donne à travers soi : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne (Jn 14.27) ».

Parce que le Christ ne nous donne pas la paix à la manière du monde, il nous la donne comme un enfant emmailloté de salut dans nos bras tendus. Une paix comme un enfant naissant, comme un salut nouveau promis à changer le monde, à contrarier le parent que nous sommes devenus et à semer le trouble pour faire agoniser la tranquillité de l’esprit et attiser le feu de l’âme. La paix vivifie, qu’il en soit ainsi !

Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org

DROIT D’AUTEUR

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