L’héritage du cœur – Méditation du lundi 21 octobre 2024

No 43 – série 2024-2025

Évangile du lundi 21 octobre 29e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » Luc (12, 13-21)

En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.” Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?” Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Méditation – L’héritage du cœur

Comme il nous est facile de lire dans l’Evangile ce que les autres devraient faire pour nous ! La tentation est grande d’utiliser les paroles de Jésus à notre profit. Cette personne, qui interpelle Jésus du milieu de la foule, tente de le faire pour résoudre son différent familial.

Nous savons bien que le moment du partage de l’héritage est particulièrement délicat, exacerbant toutes les sensibilités. Au moment de la séparation définitive d’avec celui ou celle qui est mort peuvent se cristalliser toutes les attentes déçues, tous les conflits non résolus, tous les manques d’amour qui alors peuvent générer colère, jalousie, ou besoin de compensation. Cela se présente à nous sans même que l’on en ait conscience, ou alors que l’on pense avoir réglé tous ses comptes avec notre famille et notre passé. Les accrochages peuvent alors se faire pour une broutille en ce moment du deuil où l’on serait en droit de s’attendre à un soutien et au réconfort de la part de la fratrie.  

L’autre, les autres, bien entendu, sont dans leur tort. Il serait tellement simple que Jésus donne la règle du partage à effectuer ! Et il peut arriver pour nous aussi que l’on se tourne vers une décision de justice pour régler cette question d’héritage : c’est bien là une partie du travail de la justice des hommes, selon les règles établies par nos sociétés. Toutefois, Jésus, qui ne se mêle pas de ce règlement de justice, appelle à un travail plus intérieur : à ceux qui cherchent à amasser des biens matériels, en compensation d’un manque qu’ils n’ont peut-être pas bien identifié, il rappelle le caractère éphémère de l’existence, et le dépouillement que nous aurons en commun au terme de celle-ci. Pourquoi s’encombrer de ces biens qui ne viendront rien combler nos cœurs ? gaspiller notre vie à les gérer, plutôt que de les partager en faisant de l’aujourd’hui un avant-goût du Royaume à venir ?

Saint Paul nous assure que nous sommes « héritiers de Dieu et co-héritiers du Christ » (Romains 8, 17). Comment gérons-nous cet héritage ? Celui de notre planète terre dont nous oublions parfois de nous sentir responsables ? celui de la Terre Sainte où les hommes se déchirent à n’en plus finir ? celui de notre foi qui ne nous appartient pas dans son intégralité, mais qui grandit dans la mesure même où nous la partageons, accueillant la part de vérité se trouvant en chacun de ceux que nous rencontrons ?

Jamais Dieu ne nous dira ce que les autres devraient faire ou auraient dû faire. L’Evangile n’est pas un recueil de sentences à opposer aux autres pour les ramener à de justes décisions. Toujours il sera une invitation personnelle ou collective à nous interroger pour nous ajuster et pour ouvrir des chemins de vie, là où l’accusation pourrait fermer toutes les portes. Le conflit pour défendre les droits de petits et des opprimés ne portera du fruit que s’il est porté par des êtres de paix, détachés de leur intérêt propre. Que puissent se lever de tels bâtisseurs de paix dans notre monde éprouvé, et que chacun de nous puisse y contribuer dans le quotidien de sa vie.

Sr Marie-Emmanuel Raffenel, OP – raffenel@gmail.com

DROIT D’AUTEUR

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