Tel que tu es, à qui veux-tu ressembler ? – Méditation du mercredi 18 septembre 2024

No 10 – série 2024-2025

Évangile du Mercredi 18 septembre 24e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré » Lc 7, 31-35

En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent à des gamins assis sur la place, qui s’interpellent en disant : “Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré.” Jean le Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin, et vous dites : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et vous dites : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais, par tous ses enfants, la sagesse de Dieu a été reconnue juste. »

Méditation – « Tel que tu es, à qui veux-tu ressembler ? »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, quelle joie de vous retrouver sur ce chemin méditatif où la Parole de Dieu vient nous interpeller dans son éternel présent et guérir puis convertir, miséricordieusement nos « scléroses », pour peu que nous y consentions un pas à la fois. Ad vitam æternam, pour la vie éternelle, Jésus ne cesse de nous poser cette déterminante question, espérant susciter, voire « res-susciter », notre propre remise en question, guérison et conversion : « À qui vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? » (v. 31) Pour Jésus, selon l’Évangile de Luc, il y a, d’une part, les scribes et pharisiens, dirigeants et leaders religieux évoqués au verset précédent (v. 30), ces « gamins » imbus d’eux-mêmes, bien assis dans leurs certitudes acquises et inébranlables sur Dieu et le monde, installés « en gérants d’estrade » intransigeants, impassibles à la joie comme à la peine, se donnant quasi en spectacle sur la place du marché, mais refusant d’ouvrir leur cœur en reconnaissant, en Jean le Baptiste et superlativement en Jésus-Christ, la Volonté de Dieu. D’autre part, il y a ces « enfants de la Sagesse » que Jésus reconnaît chez le peuple, les petits, les pécheurs et les collecteurs d’impôts (v. 29). Eux se laissent humblement remettre debout et en vie dans leurs pauvretés pour la plus grande gloire de Dieu, en adhérant avec foi et amour à la Parole de Dieu incarnée dans les mille et un gestes de miséricorde qu’il opère, lui, l’Homme qui ressemble en tout point à Dieu et invite à emboîter son pas pour lui ressembler également.

Ainsi, il y a ceux qui croient tout connaître du haut de leur sagesse humaine, puis il y a ceux qui sont reconnus et « re-con-naissants » d’être croyants et ainsi abreuvés à la Source de la divine Sagesse. Les uns, enfermés dans leur sagesse et endurcis dans leur refus, laissent leur péché porter ses fruits de mort qui abîment en eux et autour d’eux l’acte de foi ainsi que le visage du Dieu de toute v(V)ie et de toutes relations. « Ainsi, remarque saint Bernard, ceux qui manquent de foi se mentent à eux-mêmes en se fabriquant une idole au lieu de connaître Dieu tel qu’Il est ». Les autres, dans la confiance filiale et « pérégrinante », se lèvent de la place du marché de tout acabit, font route avec le Christ pour aller s’asseoir à la table des enfants de Dieu, goûtant ainsi la Sagesse d’un même Père déposée dans le cœur profond de tous et de chacun sans discrimination. Les uns cherchent à acquérir la sagesse, les autres se laissent trouver et engendrer à une humanité renouvelée par la Sagesse qu’ils accueillent et partagent sans cesse. Or, es-tu prêt à te laisser relever, à te mettre debout afin de passer pleinement des uns aux autres ? Tous et toutes, à divers degrés, nous croyons.

Toutefois, nous avons souvent bien involontairement mis en place nombre de fausses croyances insidieuses à l’égard de nous-même, des autres, de la Création, de Dieu, croyances que nous avons érigées en absolue et toute-puissante sagesse qui tente, tant bien que mal, de masquer et d’apaiser notre conscience souffrante et de donner sens, mais qui, en vérité, nous plombe et nous « dé-vie » de la Sagesse divine, de la vraie v(V)ie et de l’Amour. À titre d’exemples aux mille nuances possibles : « je dois être conforme et parfait pour être aimé »; « je ne peux compter que sur moi », « je suis une personne fondamentalement mauvaise »; « Dieu n’est qu’une béquille pour les faibles »; « qui aime bien châtie bien », « il faut souffrir pour être beau », « je suis né pour un petit pain », etc. Nous préférons, souvent bien inconsciemment et paradoxalement, la sagesse et le pseudo-confort de notre aveuglement, de nos oreilles bouchées, de notre nuque raide et de notre cœur de pierre, à la vérité de nos dons, mais surtout, de nos fragilités et vulnérabilités mises en lumière dans l’Amour, et appelées à un réalignement progressif selon la ligne de v(V)ie dans et par le Souffle de la Sagesse divine. « Qu’y a-t-il de plus logique que de ne pas voir ses propres plaies, en particulier si on les a recouvertes pour ne pas les voir ? Il en résulte que si, par la suite, quelqu’un les découvre, l’on s’entête à dire que ce ne sont pas des plaies, en laissant son cœur s’abandonner à des paroles trompeuses », rappelle saint Bernard.

Or, la Parole de Dieu d’aujourd’hui nous appelle à prendre librement une décision de foi en faveur de Jésus-Christ. Lui seul peut nous faire sortir de « l’enfer-me-ment » mortifère des ténèbres de notre pseudo-sagesse pour nous faire entrer dans la Lumière de la Sagesse Divine, puisqu’il est la porte. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans l’enclos des brebis, mais en fait l’escalade par une autre voie, celui-là est un voleur et un brigand; celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix […] il les appelle une à une et il les mène dehors […] Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage » (Jn 10, 1-3.9). Dieu a, pour ainsi dire, fait une croix sur la sagesse humaine, qui prétend tout savoir et tout déterminer, afin de gracieusement la restaurer dans la « folie » du salut incarné dans et par l’événement Jésus-Christ. Comme saint Paul le proclame : « ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes (1 Cor 1, 24-25). Or, souvenons-nous qu’à la source de la Sagesse se trouve le don divin qu’est la « crainte de Dieu » qui n’a bibliquement rien à voir avec la frayeur.

La « crainte de Dieu » a plutôt tout à voir avec l’adoration du Père en vérité dans l’humilité d’une confiance filiale à la suite de Jésus-Christ, qui bannit toute peur et déréliction dans un Amour miséricordieux et fraternel donnant v(V)ie (1 Jn 4, 7-21). Alors, de grâce, « aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur » (Ps 94). « Voici, je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). Seule cette Parole, véritablement ajustée et incarnée dans la concrétude de notre quotidien, peut toucher en profondeur notre cœur, nous conformer au Fils par son Souffle et faire ainsi pleinement de nous des « enfants de Sagesse » à l’image et à la ressemblance de notre Père. Alors, tel que tu es, à qui veux-tu ressembler ? En ce qui me concerne, c’est à chaque jour que je me « repose » cette ou dans cette mystérieuse et exigeante question de v(V)ie ou de « mort ».

Bénédiction et union de prière !

Dany Charland – danycharland173@gmail.com

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