Méditation quotidienne du dimanche 23 juin : Pour une foi sans peur (No 280 – série 2023-2024)

Évangile du Dimanche 23 juin 11e semaine du Temps Ordinaire (tiré d’AELF)

« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Mc 4, 35-41

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule. Le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : «Silence, tais-toi!» Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 23 juin et que nous les reprendrons le lundi 9 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Gladys, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Stéfan et Vincent

Méditation

Je me souviens de mon passage à Lisieux. Comme j’arrivais sous une arche, un itinérant surgit devant moi. La phrase qu’il m’adressa fut : « Pourquoi as-tu peur ? » Je me souviens de cette rencontre comme si c’était hier. Cette question m’est revenue le soir même, comme si le ciel me posait cette question, comme si c’était le Christ qui m’avait croisé et qui, voyant mon cœur, le questionnait. Et cette question me poursuit encore aujourd’hui, car elle s’est inscrite profondément en moi. Cette question, elle est là dans cet Évangile…

La bible de Jérusalem traduit : « Pourquoi avez-vous peur ainsi ? » Et comme il y a trente-quatre ans à Lisieux, elle vient m’interroger : « N’as-tu pas encore la foi ? » Car je ne peux que confesser : tant de fois quand « survient une violente tempête » dans ma vie et que « les vagues se jettent sur ma barque », la peur m’étreint avec toutes ses inquiétudes. Je n’ai pas l’attitude de Jésus qui « dort sur le coussin à l’arrière », dans une telle confiance au Père. « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez-vous pas plus qu’eux ? » (Mt 6, 26)

J’aime à ce titre cette expression de l’Évangile : « ils emmenèrent Jésus, comme il était ».  L’être de Jésus ne varie pas selon les tempêtes ou la force des vagues : Il vit toujours dans la foi au Père où Il demeure toujours tel « qu’Il est, qu’Il était qu’Il vient ». Ce « JE SUIS » Fils du Père est en Lui une certitude de foi. Il n’en doute jamais. Si bien que quoiqu’il Lui arrive, Il vit dans la confiance au Père.

Lui par qui tout fut créé commande alors à la mer : « Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme ».  S’il voulait, tout Lui obéirait, mais Il ne veut pas vivre ainsi, car Il se confie en tout au Père. Il fait ici exception afin d’aider ses apôtres, et nous, dans notre pauvre foi.

Il préfère, en fait, obéir au Père que de forcer l’obéissance des autres, même l’obéissance de la création, car c’est du Père qu’il doit être le témoin et Il laisse, ainsi, au Père de témoigner pour Lui quand ce Dernier le juge utile. En ce sens, l’obéissance au Fils et en le Fils au Père est, pour nous, la clef de foi contre la peur. Là, dans la barque de nos vies, au milieu de toutes les tempêtes du monde, nous sommes appelés à reposer par la foi en Dieu. C’est par cet acte de foi que nous « passons sur l’autre rive », du côté de Dieu. Pourquoi nous inquiéter ? Nous sommes les filles et les fils du Père.

« Le Seigneur dit :  » Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier que voilà : « Déracine-toi et va te planter dans la mer », et il vous aurait obéi ! » (Lc 17, 6). Mais le Seigneur n’a pas exercé sa foi comme un pouvoir mais comme un service d’Amour au Père.  À son exemple, notre foi ne peut être de conduire les autres à nous obéir mais, bien, par notre service, à susciter la foi en le Père. Toutes les vicissitudes du monde ne sont rien en regard de ce Dieu qui se donne à nous à chaque instant. Ou, comme le disait saint Paul : « J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous » (Rm 8, 18).

En tout ce qui survient, Dieu est avec nous. Dieu est en nous. Et sa Présence devrait suffire pour nous enlever la crainte et nous laisser en paix. En ce dernier dimanche de nos méditations, il me semble que ce message nous apporte un réconfort formidable, car Dieu nous dit : « Ne craignez pas ! Je suis avec vous tous les jours. »

« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » « Qui est-il donc ce Dieu qui marche avec nous ?! » Soyons en paix !

Et dans la joie de refaire route avec vous le 9 septembre prochain.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

PETIT CADEAU

Note : Comme une membre de l’équipe des méditations a écrit, par enthousiasme, une très belle méditation pour le mardi 25 juin, vous la trouverez ci-après comme petit cadeau. Mais nous arrêtons bien nos méditations aujourd’hui et on sera de retour le 9 septembre. Bel été à toutes et tous (pour les personnes que c’est l’été).

MEDITATION DU MARDI 25 juin 2024 (Mt 7, 6.12-14)

“Entrez par la porte étroite.” Pendant de longues années, j’avais sur la housse de ma bible la photo d’une vieille porte en bois habillée presque entièrement d’une grande croix blanche. Je me souviens l’avoir choisie justement pour cette Parole de Jésus: “Entre par la porte étroite”. Comme s’Il me rappelait à travers l’image, son “Entre …  – dans la prière, dans ce moment d’intimité avec Moi, dans la lecture de ma Parole – par la porte étroite. Pour m’écouter vraiment, pour laisser place dans ton coeur au murmure de l’Esprit, il te faut passer par la porte étroite vers le silence du coeur.  ‘Perds-toi de vue’ (Ste Elisabeth de la Trinité) et écoute, que tout en toi se taise, que tout en toi s’apaise[1].”

Cette porte étroite, elle est en forme de croix. En effet, “l’arbre de la croix indique le passage”[2] comme le dit l’hymne de l’office des lectures de ce jour.

“Pour que l’homme soit un fils à son image, Dieu l’a travaillé au souffle de l’Esprit.

Quand ce fut le jour, et l’heure favorable, Dieu nous a donné Jésus, le Bien-Aimé :

l’arbre de la croix indique le passage vers un monde où toute chose est consacrée.”

La porte étroite en forme de croix n’est pas seulement celle de l’entrée dans la prière. C’est toute notre vie de fille et de fils de Dieu, c’est toute notre vie sur les pas du Jésus des Evangiles, du Christ mort et ressuscité, qui reçoit cet appel: “entre par la porte étroite qui conduit à la vie”. Le passage du Souffle qui désire remplir notre existence de Vie, est étroit. Non pas parce que Dieu aurait un coeur exigeant, aimerait nous faire souffrir pour ‘gagner’ comme en récompense la Vie et l’expérience de son Amour. Absolument pas! Rien de plus contradictoire avec son désir immense que nous ayons la Vie (cf. Jn 10,10)!

Alors, ce passage par la porte étroite, que signifie-t-il réellement? Ne serait-ce pas à chaque instant justement “choisir la vie”?

Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.” (Deut. 30,15.19-20). ‘Choisir la vie’ pour ne pas laisser libre emprise au mal, aussi petit soit-il, dans nos pensées, nos paroles, nos actes quotidiens. ‘Choisir la vie’ pour se dépouiller peu à peu de tout ce qui nous retient encore trop dans la victimisation, parfois même dans l’envie de revanche … “Entrer par la porte étroite, le chemin resserré” du pardon des offenses. ‘Choisir la vie’, comme Lui. “L’arbre de la croix indique le passage.”

‘Choisir la vie’ pour aimer. Apprendre chaque matin de nouveau à aimer concrètement, n’est-ce pas accepter de passer par la porte étroite? La porte étroite du renoncement à ces petites tendances égoïstes qui, sans nous prévenir, refont surface avec une rapidité déconcertante! Il y a déjà très longtemps, la poète, assistante sociale et mystique qu’était Madeleine Delbrêl[3] en parlait avec un si bel humour: “Quand on sait ce que nous sommes, il serait ridicule, vraiment, de n’avoir pas dans notre amour, un peu d’humour. Car nous sommes d’assez comiques personnages. Mais mal disposés à rire de notre propre bouffonnerie. «Seigneur, je vous aime plus que tout… en général… mais tellement plus que vous, dans cette petite minute qui passe, une cigarette anglaise… ou même gauloise! Seigneur, je vous donne ma vie, toute ma vie… mais pas ce tout petit morceau de vie, ces trois minutes où je n’ai tellement pas envie d’aller travailler.»”

La Petite Thérèse parlait elle aussi de ce “passage par la porte étroite” dans une de ses lettres à sa soeur Céline: “J’en ai fait l’expérience quand je ne sens rien, que je suis incapable de prier, de pratiquer la vertu, c’est alors le moment de chercher de petites occasions, des riens qui font plaisir, plus de plaisir à Jésus que l’empire du monde ou même que le martyre souffert généreusement, par exemple, un sourire, une parole aimable alors que j’aurais envie de ne rien dire ou d’avoir l’air ennuyé, etc.”[4]

Pour vivre en aimant comme Thérèse et Madeleine, Dieu continue chaque jour, sans se lasser, à nous travailler au Souffle de son Esprit. Il désire nous conduire vers une liberté plus vaste et légère. Toujours.

“Qui prendra la route vers ces grands espaces ?

Servir Dieu rend l’homme libre comme lui.”

“Tout ce qui te rétrécit et t’agite est faux, au nom des lois de la vie, au nom des promesses de Dieu.” Ces mots de P. Teilhard de Chardin[5] écrits à sa cousine pour l’encourager en plein cœur de la nuit, me semblent dire la même chose. Or on pourrait mal interpréter cette parole – tout ce qui te rétrécit – en pensant qu’elle contredit le ‘choix de passer par la porte étroite’. Ce n’est pas le Seigneur ni l’Evangile qui nous rétrécit, nous ‘fait tout petits’, bien au contraire! Ce qui nous rétrécit, c’est tout ce qui nous empêche d’aimer, de déployer nos ailes librement vers ces grands espaces!

Alors, “au nom des lois de la vie et des promesses de Dieu”, osons ce passage étroit! Osons-le dans tout ce qui se présentera à nous au long de cette journée. “Et dans cette aventure de la miséricorde, il nous est demandé de donner jusqu’à la corde ce que nous pouvons, il nous est demandé de rire quand ce don est raté, sordide, impur, mais il nous est demandé aussi de nous émerveiller avec des larmes de reconnaissance et de joie, devant cet inépuisable trésor qui du cœur de Dieu coule en nous. Á ce carrefour du rire et de la joie s’installera notre paix inconfusible !”[6]

En ce jour du 25 juin, date si douloureuse pour la Corée (début de la guerre entre le Nord et le Sud en 1950, en attente encore d’un traité de paix), prions aussi pour la paix. O combien il est étroit son chemin entre les peuples et les humains. Au milieu des innombrables manifestations suite aux élections européennes, où se heurtent tant d’idéologies ; au cœur de tant de conflits armés sur notre terre … le murmure de l’Esprit nous supplie: “Entrez par la porte étroite.”

Laurence Vasseur, vasseurlaurence@hotmail.com


[1] Chant “Ecoute” de la Communauté du Chemin Neuf.

[2] Pour que l’homme soit un fils, D. Rimaud.

[3] Extrait de Humour dans l’amour, Madeleine Delbrêl, Nouvelle Cité, Paris, 2005.

[4] Lettre de Ste Thérèse de Lisieux à sa soeur Céline, LT 143, 18 Juillet 1893.

[5] Recueillis dans ce qui est devenu une prière, Adore et confie-toi.

[6] Suite de Humour dans l’amour, de Madeleine Delbrêl.

DROIT D’AUTEUR

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