Évangile du Jeudi 13 juin – 10e Semaine du Temps Ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement » Mt 5, 20-26
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Méditation
« Je vous le dis : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux ». Nous voilà placés devant la justice de Dieu, non pas celle des humains mais celle que le Christ a apportée sur la terre. Et personnellement, je trouve que saint Paul a exprimé ce mystère de justice de manière admirable : « Mais pour moi, je ne suis fier de rien, sinon de la croix de notre Adôn Iéshoua‘, le messie, sur laquelle l’univers a été crucifié pour moi et moi pour l’univers » (Ga 6, 14 – Chouraqui).
Saint Paul nous rappelle l’humilité radicale de la Croix devant laquelle toutes les fiertés de nos justices visant notre prochain ne peuvent tenir, avec leurs colères, leurs insultes et leurs accusations de folie ou autres. Aucune d’elles ne peut être une offrande à présenter à l’autel, car, sur cet autel de la Croix, où le Fils se livre par Amour, « l’univers a été crucifié pour moi et moi pour l’univers ». Nous ne pouvons réellement ici être « fiers de rien ». Tout l’univers avec ses grandeurs mais aussi avec ses péchés et ses souffrances et tous ses semblants de justice a été crucifié, transpercé par l’Amour.
Comment peut-on encore retenir quelque chose contre quelqu’un quand tout a été transfiguré au prix d’une souffrance infinie ? Nos nuits sont bien petites à côté de Celle de Dieu. Elles ne sont qu’une goutte dans Celle de Dieu mais, grâce insigne, devenues une part lumineuse déversée sur le monde.
Chacun.e de nous a été crucifié.e avec le Christ. Tout participe de la fierté de sa Croix, de la fierté de son Amour pour l’humain, d’un Amour qui ne compte pas, ne mesure pas mais demande de pardonner soixante-dix fois sept fois. Cette fierté divine détourne notre regard de nous-mêmes pour le tourner vers chaque humain, car telle est la contemplation de Dieu. Dès la création et dès le moment que l’humain a été façonné de mains divines, Dieu n’a pu détourner son regard de nous. Il est bouleversé par tout ce qui nous atteint, même l’insulte.
Nous sommes le cœur de sa prière, le cœur de son Amour. Si le mal que nous nous faisons le transperce, il nous demande seulement que tous nos regards le contemplent en tout et en toutes et tous. Il nous demande à notre tour de le crucifier d’Amour par cette justice qu’Il nous a laissée.
Si nous n’entrons pas dans la gratuité de la Croix, de cette justice, alors « nous n’en sortirons pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou ». Le jugement que nous vivrons sera celui de notre propre justice. Si nous continuons à mesurer l’autre à l’aulne de notre justice, quand nous mourrons ce sera cette mesure qui servira à nous juger. Et pourquoi ? parce que tant que nous n’aurons pas éprouvé et saisi l’absurde de nos mesures avec lesquelles on se met en colère, on insulte et on juge, nous ne serons pas adaptés au Royaume de Dieu. Nous n’aurons pas accepté de passer à travers la crucifixion de nos justices pour entrer dans la justice de Dieu.
Il nous faudra un jour, en ce monde ou en l’autre, apprendre à vivre dans la pure gratuité de l’Amour, là où « nous ne sommes fiers de rien, sinon de la croix du Christ ». Unis par, avec et en elle à Dieu, crucifiés d’Amour au point que plus rien ne peut nous en séparer.
Cherchons la justice de Dieu et tout le surcroît de leur Amour trinitaire nous sera donné. Nous pourrons alors présenter notre offrande, celle de notre miséricorde à tous et pour tous. Plus rien en nous ne sera alors en jugement, si bien qu’aucun juge ne saurait nous condamner. Fiers de rien, sinon de la Croix !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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