Méditation quotidienne du dimanche 2 juin : Le Saint-Sacrement (No 259 – série 2023-2024)

Évangile du Dimanche 2 juin Saint-Sacrement (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ceci est mon corps, ceci est mon sang » Mc 14, 12-16.22-26

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?” Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

Méditation

Dimanche dernier, nous avons fêté la Sainte Trinité. Aujourd’hui, nous sommes placés devant le Saint-Sacrement. Pour moi, il y a ici, l’accomplissement inimaginable de l’union de Dieu et de l’humain, et ce, dans une humilité, une pauvreté et une petitesse éblouissantes. La création, le premier sacrement du Divin, le premier lieu de l’incarnation de la Parole, va donner corps et sang, par le pain et le vin, au Christ. La création atteint ainsi le sommet de sa participation au mystère de la Révélation de Dieu et du Salut du monde. Le Fils, Parole de Dieu qui a créé l’univers, donne et partage sa Vie à partir de ce qu’il y a de plus humble : le pain et le vin.

Un tel mystère ne peut que nous jeter à genoux… dans l’adoration eucharistique ou, pour le dire plus précisément, dans l’Eucharistie d’Amour des trois Personnes divines qui, en le Fils, nous donnent de communier à leur Vie, à leur échange admirable. Nous pouvons, à travers ce pain et ce vin, devenus corps et sang du Christ, goûter à leur Amour. L’humain n’est plus laissé face à la nature dans un esprit de domination mais, je le répète, d’adoration, car cette nature, par grâce, est devenu Corps et Sang du Christ. Quand Jésus dit, « ceci est mon corps », Il parle d’abord de la création… nous intimant du même coup à en prendre soin… comme son propre corps, car elle porte le Vivant en une plénitude sacramentelle indicible.

Et ce pain et ce vin ou ce corps et ce sang du Christ élèvent la création jusqu’à son cadeau ultime à l’humain.  Si Dieu a créé la création pour l’humain en vue d’une Alliance d’Amour avec Lui, Dieu s’en sert maintenant pour se donner à l’humain, et ce, afin de conduire l’humain-image de Dieu à sa plénitude sacramentelle, celle d’être un être théophore, c’est-à-dire « porteur (et donneur) de Dieu » dans la pauvreté de la chair.

Là, à la dernière cène, le Fils en nous donnant son corps et son sang unit tout dans le Père : la création, l’humain et le Divin. Si bien que la dimension sacramentelle de la création et de l’humain est assumée dans le sacrement ultime du Divin qu’est le Fils, Figure du Père.  Ainsi, en ce monde, tout est terre sacrée, malgré toutes les destructions et violences que nous y menons.  Même si l’humain s’évertue à désacraliser et à désacramentaliser le monde et son être propre, tout est déjà sauvé et le Saint-Sacrement nous le rappelle tous les jours. Si nous contemplons la terre du haut du ciel, nous sommes appelés à voir l’hostie vivante qu’est le Fils et en qui nous sommes tous inclus.

Et cette inclusion est le mystère même de l’Église, humanité « ecclésialisée » (i.e. transformée en son Corps et son Sang), et en laquelle la part institutionnelle est là au service du Corps entier, qui est corps de création, d’humanité et de Divinité. Mystère d’une Alliance infinie entre le Ciel et la terre et scellée sacramentellement.

Mais, dans nos vies, Jésus, comme à ses disciples, nous demande de préparer la Pâque, de préparer cette rencontre et cette union sacramentelles pour que nous soyons Un en la Sainte Trinité.

Cette préparation ne se fait pas hors du monde mais, nous dit le texte, au cœur de nos villes, de notre quotidien, car tout doit être habité du Divin et entrer dans sa plénitude sacramentelle. Dans cette ligne, Jésus nous demande quatre choses essentielles liées à cette préparation. La première est d’accueillir « l’homme portant une cruche d’eau (qui) viendra à notre rencontre ». Et cet homme, ce « porteur d’eau vive » (titre donné à un ouvrage écrit par le Conseil pontifical de la culture et le Conseil pour le dialogue interreligieux) est le Christ même. C’est Lui qui, à chaque instant du jour, vient à notre rencontre pour faire Alliance. Puis il nous appelle chacun.e à « le suivre » et à « entrer » avec Lui dans la maison du Père. Et à ce Dernier, ce propriétaire, il nous invite à lui demander : « Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ».

Nous découvrirons alors que cette salle est en Dieu, est en nous et est en la création, et qu’elle est l’Église que nous formons… Nous vivrons alors ce sacrement que nous sommes et devenons en accueillant, en consentant et en vivant cette Alliance avec Dieu. Nous entrerons alors dans leur Eucharistie Divine où toute Vie est partagée et unie (parce que donnée).

Que cette solennité du Très-Saint-Sacrement nous ouvre à cette adoration de Dieu en tout, et en toutes et tous ! Qu’elle nous rappelle la dimension sacramentelle de notre être, afin que nous laissions l’Invisible irradié notre être et notre existence !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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