Méditation quotidienne du jeudi 23 mai : « Au nom du messie de qui vous êtes » (No 249 – série 2023-2024)

Évangile du Jeudi 23 mai 7ème Semaine du Temps Ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains » Mc 9, 41-50

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. Chacun sera salé au feu. C’est une bonne chose que le sel ; mais s’il cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre de la saveur ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. »

Méditation

Le texte d’aujourd’hui nous renvoie à des méditations précédentes sur le Corps glorieux, sur le Corps de miséricorde et sur l’être-corps de l’humain dans l’Être-Corps du Fils. Il donne aussi un exemple sur la règle énoncée dans l’Évangile d’hier : « celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Les premières paroles de Jésus fournissent l’aspect positif de cette règle : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ». Il est à noter qu’il ne suffit pas de donner un verre d’eau à quelqu’un mais de le faire « au nom de notre appartenance au Christ ». La traduction d’André Chouraqui, ici, nous permet de saisir qu’il s’agit d’une appartenance d’être : « au nom du messie de qui vous êtes ».

Notre être filial n’existe que par, avec et en le Fils. Il ne s’agit donc pas d’une vague appartenance à un groupe mais à notre être enté dans le Fils. Ceci nous ramène et nous donne un exemple vivant de notre être-corps dans l’Être-Corps du Fils, un être-corps qui est sauvé par la Miséricorde de Dieu au point qu’il devient resplendissement et témoignage de sa Gloire. Une telle compréhension nous explique pourquoi « nous ne resterons pas sans récompense ».

Chaque verre d’eau tendu par, avec et en le Christ porte le don même de Dieu. Nous recevons cette immense « récompense », le mot « grâce » est plus approprié, de recevoir Dieu pour le laisser se donner à l’autre par nous. Ce don qu’Il fait de Lui-même par, avec et en nous, ne peut nous laisser inchangé. Plus encore, ce don à l’autre ne peut non plus le laisser inchangé et, comme nous faisons tous corps dans le Corps du Christ, le surplus de Vie en l’autre devient mon propre surplus, car, en ce Corps, tout est partagé.

Si c’est du « messie de qui nous sommes », le scandale est non seulement de ne pas donner ce verre d’eau au nom du Fils, et de lui refuser la Vie, mais de lui communiquer la mort, le mal, et, ainsi, « le faire trébucher » (étymologie du mot scandale). Si nos gestes, nos paroles, nos comportements, nos modes relationnels, etc. incitent l’autre à pécher, c’est là la véritable abomination, car nous provoquons en lui une rupture entre lui et Dieu. Il est séparé du Corps du Christ. Il ne se rattache plus de corps au Corps du Christ. Il est littéralement jeté dehors, dehors de Dieu et dehors de lui-même. Il est livré à cette géhenne de feu où, isolé, il est rongé intérieurement par le mal. Il a perdu le chemin et la communion de l’Ê(ê)tre. C’est là qu’il est « contre » Dieu et tout ce qui existe.

Dans cet état, « chacun (est) salé au feu », nous dit l’Évangile d’aujourd’hui. Cette salaison dans le mal, nous dit à nouveau le texte, conserve en nous « ce ver (du mal) qui ne meurt pas ». Il ne faut toutefois pas se décourager, car Jésus nous avertit qu’il est possible de se convertir en ce monde.  Mais il nous faudra couper notre main qui, en nous, fait le mal ou fait alliance avec le mal de même que le pied qui nous entraîne sur des fausses routes et qui entraîne d’autres avec nous. Ou il nous faudra arracher cet œil enivré par la contemplation du mal, livré à la fascination de son emprise et pris dans le service de cette idole. Du même élan, il nous invite : « Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous ». Ce sel, c’est cette Présence du Fils en nous dans l’Esprit, car c’est de son Être, de son Corps, de sa Vie… que nous participons et sommes engendrés comme filles ou fils de Dieu. C’est là seulement que la paix est possible.

Le remède est, donc, là, comme une Source nous appelant, au plus intime de notre cœur. Notre vie spirituelle quotidienne est donc un apprentissage à tout vivre « au nom de notre appartenance au Christ », « au nom du messie de qui nous sommes ». Au final, la vie spirituelle est très simple mais compliquée pour un humain qui cherche toujours à s’approprier la vie et à se la réserver pour lui seul, inconscient alors que, ce faisant, il n’est déjà plus en communion avec la Vie et que son être-corps n’est plus enté dans l’Être-Corps du Christ. Vivons par, avec et en le Fils  « de qui nous sommes » !

Stéfan Thériault (stheriault@lepeleri.org)

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.