Méditation quotidienne du mercredi 6 mars : Entraîne-moi sur tes pas, courons  (No 171 – série 2023-2024)

Évangile du Mercredi 6 mars 3e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand » Mt 5, 17-19

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »

Méditation

Nous en revenons toujours à cette affirmation aux mille implications de l’évangéliste Jean : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut » (Jn 1, 1.3). Tout a surgi de la Parole, du Verbe, prononcée par le Père dans l’Esprit.

Ce Verbe qui a créé le monde y a inscrit une intelligence qui le régit, soit la loi naturelle. C’est que tout est né de la Parole et trouve son origine, son sens et sa norme en Elle.  C’est, donc, ce Verbe comme Logos qui a ordonné le monde en un tout harmonieux et, disons-le, surprenant, étonnant et admirable. D’imaginer un instant seulement le corps humain qui, malgré sa complexité, fonctionne et donne de voir, d’entendre, de toucher, de goûter, de sentir… d’éprouver la réalité du monde avec en plus une conscience et une intelligence qui permet de la saisir est incroyable. Et ce qui est le plus inimaginable est que cette loi naturelle rend possible une connaissance de Dieu à toute personne. Elle donne ainsi de pressentir la Présence d’un plus Grand et d’un sens qui est beaucoup plus vaste que nous le pensons. Si bien que le Verbe non seulement crée le monde mais Il donne aux humains d’entrer en relation avec Dieu.

Dans cette perspective, la Loi écrite qui apparaît dans l’Ancien Testament avec Moïse et les prophètes constitue l’esprit de la loi naturelle parce qu’elle révèle avec plus de profondeur ce mystère d’alliance qui y est inscrit et voulu par Dieu entre l’humain et Lui.  Par la Loi du Sinaï ou les dix commandements, Dieu a offert à l’humain une loi de Vie qui doit régir les rapports humains, et ce, afin que l’humain agisse en cohérence avec sa nature et puisse ainsi rencontrer Dieu en tout ce qu’il a créé et faire alliance avec Lui. Quant à eux, les prophètes, ces théophores (porteurs de la Parole), n’ont jamais cessé de proclamer cette alliance, comme l’accomplissement le plus fou de cette création en l’humain. Ils ont continuellement éveillé l’humain « à tenir Parole », celle inscrite en leur être, et qui les ouvre à ce Dieu qui se révèle, par sa Parole, en eux et en tout.

« Mais, comme le rappelait Hans Urs von Balthasar, un théologien suisse, l’accomplissement de la loi naturelle et de la loi écrite suppose l’immanence de la loi spirituelle qui est cachée en elles et se révèle dans leur achèvement. Car le sens de chaque chose naturelle et le sens de chaque loi et de chaque commandement est, comme nous l’avons déjà vu, d’être une incarnation du Verbe divin; réaliser pleinement sa propre nature ou sa loi propre, c’est coopérer à la réalisation totale du Verbe dans le monde. »[1]

Quand le Christ dit qu’il n’est pas venu abolir mais accomplir et que, « avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi », c’est que, en venant en ce monde, en s’incarnant, Lui le Verbe unique du Père, il ne pouvait qu’accomplir l’œuvre qu’Il avait entreprise, dès la création, et dans l’Ancienne Alliance. Ne pas agir ainsi serait en parfaite incohérence avec ce Verbe qu’Il est et qui a créé le monde et n’a cessé de le guider à travers la Loi (naturelle ou écrite) et les prophètes. Il venait en ce monde que pour poursuivre et accomplir les premières incarnations de sa Parole en la création et la Loi écrite.  En fait, tout dans le monde est une œuvre de la Parole sous le souffle de l’Esprit et au nom du Père. Tout trouve origine et accomplissement en la Parole.

C’est pourquoi, sachant que nous-mêmes nous sommes nés de la Parole, engendrés en Elle, nous portons une révélation du Père unique par laquelle ce dernier veut se faire connaître à nous au lieu même où Il se donne à nous en sa Parole. Plus nous découvrons le mystère de la Parole en nous et plus nous laissons son sens (logos) se révéler à nous, non seulement est-ce notre propre mystère en Dieu qui est révélé mais le Dieu par, avec et en nous. Nous sommes son Évangile vivant, sa Parole, chaque jour prononcée, dans l’humilité de notre pauvreté humaine.

Et cette route de Carême est l’apprentissage de l’écoute de cette Parole et, plus encore, d’apprendre, comme Marie, qu’il nous soit fait selon sa Parole. Dans cette grande histoire humaine d’alliance avec Dieu depuis les débuts de la création, nous apprenons à « parler Dieu » et Dieu, en nous, à « parler humain » en une seule Parole, le Fils, en qui tout s’unifie. Comme le disait la bien-aimée du Cantique des Cantiques, « entraîne-moi sur tes pas, courons » (1, 4) en toi Unique Parole du Père !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)


[1] Hans Urs von Balthasar, Liturgie cosmique, Éditions Aubier, Paris, 1947, p. 224.

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